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AUTOMOBILE Carlos Ghosn au secours de GM : gare au péché d’orgueil, disent les analystes

Qui trop embrasse, mal étreint : les spécialistes de l’automobile craignent qu’en acceptant de voler au secours de l’américain en crise General Motors, le patron de Renault Carlos Ghosn ne relâche les efforts nécessaires à la relance du constructeur français. « Héroïsme ou orgueil ? » s’interrogent Adam Jonas, Noria Hirakata et Jonathan Steinmetz, les analystes en charge du secteur au sein de la banque d’affaires Morgan Stanley, selon lesquels la relance de GM et Renault dans le cadre d’une alliance nécessiterait les mêmes ingrédients, « le temps et l’attention de Ghosn ». Avec, du coup, un risque non négligeable que le patron d’origine libanaise, qui assume déjà la double présidence de Nissan et de Renault, ne s’éloigne des affaires du groupe français, alors que « Renault a vraiment besoin de sa présence pour se redresser et appliquer son plan » de relance, estime Bruno Lapierre, de Crédit Agricole Cheuvreux. À la Bourse de Paris, les investisseurs n’ont en tout cas guère apprécié l’annonce par Renault que son conseil d’administration était prêt à discuter d’une extension à GM de l’alliance nouée en 1999 avec Nissan. Hier à la mi-séance, l’action du groupe français reculait de 2,43 % à 82,15 euros, dans un marché en baisse plus modeste de 0,51 %. Carlos Ghosn a présenté début février en grande pompe un plan ambitieux baptisé « Renault contrat 2009 » destiné à relancer une marque au losange aux ventes bien en peine sur un marché automobile morose et à la rentabilité sapée par la flambée du coût des matières premières. Alors que le résultat opérationnel du groupe a chuté de 37,4 % en 2005, M. Ghosn a promis de faire du français d’ici à 2009 « le constructeur généraliste européen le plus rentable », avec une marge opérationnelle portée à 6 % contre 3,2 % en 2005. Le « plan Ghosn » prévoit le lancement de 26 modèles d’ici à 2009, dont 13 véritablement nouveaux. Mais comment piloter en même temps ce plan de relance et prendre à bras-le-corps les déboires de General Motors, numéro un mondial confronté à une grave crise financière et à une hémorragie de ses ventes en Amérique du Nord ? Même pour Carlos Ghosn, le redresseur de Nissan adulé au Japon et l’un des patrons les plus respectés au monde, la tâche pourrait s’avérer trop lourde, prévient Thierry Huon, du cabinet Exane BNP Paribas. « Il serait risqué de disperser la direction de l’alliance à un moment où Renault et Nissan ont promis beaucoup au marché malgré des temps difficiles. Si un accord intervenait, il pourrait jeter une ombre sur les perspectives à court terme de l’alliance », selon lui. De son côté, la Société Générale veut croire que le patron de Renault et Nissan n’aura pas les yeux plus gros que le ventre et limitera son implication au sein de GM afin de ne pas remettre en cause « les acquis de l’alliance actuelle dont tous les objectifs ne sont pas atteints ».


Qui trop embrasse, mal étreint : les spécialistes de l’automobile craignent qu’en acceptant de voler au secours de l’américain en crise General Motors, le patron de Renault Carlos Ghosn ne relâche les efforts nécessaires à la relance du constructeur français.
« Héroïsme ou orgueil ? » s’interrogent Adam Jonas, Noria Hirakata et Jonathan Steinmetz, les analystes...