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À Rafah, ni eau ni électricité, mais pas question de rater le Mondial

Pour Ibrahim Moussa, comme pour les habitants de Rafah, soumis comme le reste de la bande de Gaza à l’offensive israélienne, être privé d’eau, de gaz et d’électricité passe encore, mais ne pas pouvoir suivre le Mondial de football à la télévision en revanche est intolérable. Ce menuisier de 32 ans est un inconditionnel du football. Mais un raid aérien mené la semaine dernière par l’armée israélienne sur une centrale électrique de Gaza a sérieusement compromis le plaisir qu’il se faisait d’assister aux matches en toute quiétude. « Il y a trop de coupures de courant », se lamente Ibrahim qui a déjà raté Brésil-Ghana et qui a dû faire des pieds et des mains pour éviter d’en manquer d’autres. « On a appris à vivre avec les tanks et les missiles israéliens, mais là ils dépassent les bornes », estime le jeune homme outré par ce qu’il considère comme une profonde injustice de la part d’Israël. « Empêcher les Palestiniens de regarder la Coupe du monde est une torture psychologique qui devrait être interdite par la convention de Genève », s’emporte-t-il sans rire. Lors du match Argentine-Allemagne, il s’est rendu à Rafah dans l’espoir d’y louer un générateur. Après avoir déambulé dans la ville, il a réussi à en dénicher un et a pu rentrer chez lui pour suivre la deuxième mi-temps. Pour Italie-Ukraine, il a dû courir de maison en maison à la recherche d’un téléviseur qui fonctionnait. Quant au déjà mémorable Brésil-France de samedi soir, il a parcouru cinq kilomètres à pied jusqu’au club de sport de Rafah où des centaines de Palestiniens se rendent chaque soir pour suivre les matches sans interruption. « On ne peut pas gaspiller notre essence pour les matches de football », dit-il. « Les temps sont durs », déclare Farid Khatib, le directeur du club de sport. « Les Palestiniens ont besoin du football pour oublier leurs misères, ne fût-ce qu’une nuit. Il est préférable que nos enfants regardent le football au lieu de sombrer dans la drogue et l’extrémisme », ajoute-t-il Le projecteur numérique, l’écran, les frais de diffusion et la distribution de Coca-Cola sont pris en charge par l’Agence américaine pour le développement international. Et ce alors même que, pour les Palestiniens, les États-Unis, dont les F-16 et les hélicoptères en service dans l’armée israélienne font des ravages dans les villes palestiniennes, sont en bonne partie responsables de la dégradation de la situation dans la bande de Gaza. « La politique américaine n’a rien à voir avec ce que les États-Unis font pour nous aider à voir des matches de football », déclare toutefois Ehab Abu Khadir, un étudiant en informatique de 19 ans. Charles LEVINSON (AFP)
Pour Ibrahim Moussa, comme pour les habitants de Rafah, soumis comme le reste de la bande de Gaza à l’offensive israélienne, être privé d’eau, de gaz et d’électricité passe encore, mais ne pas pouvoir suivre le Mondial de football à la télévision en revanche est intolérable.
Ce menuisier de 32 ans est un inconditionnel du football. Mais un raid aérien mené la semaine...