Rechercher
Rechercher

Actualités

ART DE VIVRE Andrée Putman au paradis du design

Assise le dos droit dans une veste rayée noir et blanc accompagnée d’une jupe noire, une broche en forme de fleur sur le revers, Andrée Putman, «la grande dame du design», semble se fondre dans le décor de sa nouvelle création architecturale à Omotesando, un des endroits les plus chics et luxueux de Tokyo. Lumineux, l’intérieur de la boutique de la chemisière Anne Fontaine suit des courbes, des étalages à l’escalier et aux lampes. Mais à l’extérieur, des projections perpendiculaires en bois décorent la façade, symbole de l’esprit à la fois contrasté et harmonieux du «design Andrée Putman». La boutique d’Omotesando, inaugurée la semaine dernière, est la quatrième création de Putman au Japon. Son premier projet fut un restaurant à Tokyo en 1989. Andrée Putman, 86 ans, connaît bien l’archipel, attirée par ce pays dès la plus tendre enfance, à une époque où il n’intéressait pas grand monde en Europe. Elle était persuadée que le Japon deviendrait un «grand». Son père, collectionneur et expert d’art nippon, lui fera découvrir le monde artistique japonais. Puis c’est en voyageant, sept ou huit fois, en particulier à Kyoto, capitale du Japon traditionnel, qu’elle apprendra à apprécier l’esthétique nippone dans toute sa richesse. Elle affirme en outre que le Japon est le pays qui la comprend le mieux, «mieux même que Paris», insiste-t-elle. Il est vrai que les affaires y sont plus faciles à conduire: «Avec les Japonais, le contrat d’affaires est un contrat moral. Si un travail est mal fait, c’est très ennuyeux», explique-t-elle. C’est cette attention aux détails, ce respect mutuel, même s’il est souvent très formel, qu’apprécie Mme Putman au Japon. Elle est payée de retour, car les Japonais sont grands amateurs de design, du simple autocuiseur à riz, vrai monument national, aux aspirateurs, en passant par les portables et les voitures électriques. «On peut faire tellement de choses magnifiques avec le plastique», affirme Andrée Putman avec emphase. «Les Français, eux, n’aiment pas le design», ajoute-t-elle en s’excusant, avec un léger rire, d’être «trop méchante» avec eux. «Pour les Français, habiter moderne, c’est habiter pauvre. La modernité est presque tabou», regrette-t-elle. Jeune, elle s’est révoltée contre l’idée que l’art serait quelque chose d’exclusif, d’élitiste, accessible seulement à une classe fortunée. «Les Français ont une ambiguïté dans leur amour pour l’art. Je suis une rescapée de cette façon de penser. Sinon, j’aurais été écrasée», assure Andrée Putman. À l’autre bout du monde, la décoratrice vante «l’ébullition créative constante, la volonté de renouvellement» du Japon. Soulignant que la femme nippone a beaucoup évolué ces dernières années, qu’elle est plus indépendante, plus libérée qu’avant, elle y voit une preuve que la société japonaise est en train de changer profondément de style de vie. Qu’elle s’ouvre aux expérimentations artistiques dans l’univers fonctionnel des objets quotidiens. Andrée Putman a d’ailleurs l’intention d’ouvrir bientôt une boutique de distribution à Tokyo, baptisée «Rue du Bac», en référence à son adresse à Paris.
Assise le dos droit dans une veste rayée noir et blanc accompagnée d’une jupe noire, une broche en forme de fleur sur le revers, Andrée Putman, «la grande dame du design», semble se fondre dans le décor de sa nouvelle création architecturale à Omotesando, un des endroits les plus chics et luxueux de Tokyo.
Lumineux, l’intérieur de la boutique de la chemisière Anne...