Les 25 surmontent l’opposition de Chypre L’UE lance des négociations d’adhésion concrètes avec Ankara et Zagreb

En envoyant hier un message d’avertissement à Ankara, les 25 ont réussi à surmonter l’opposition de Chypre au lancement de la phase concrète des négociations d’adhésion avec la Turquie, qui peuvent désormais commencer, de même que celles avec la Croatie. Après plusieurs jours d’incertitude liée au veto de Nicosie, les ministres européens des Affaires étrangères se sont finalement mis d’accord pour ouvrir le premier des 35 chapitres thématiques qui jalonnent les négociations d’adhésion, celui sur la science et la recherche. Ils ont également décidé d’ouvrir ce même chapitre avec la Croatie, pays qui avait commencé le 3 octobre, en même temps que la Turquie, ses négociations d’adhésion à l’Union européenne (UE). Malgré ce « signe d’encouragement » adressé à la Turquie – selon les termes du ministre néerlandais Ben Bot –, les 25 ont lancé hier à Ankara un sérieux rappel à l’ordre, qui était réclamé par les autorités de la partie grecque de Chypre, entrée dans l’UE en 2004. « Un échec de la Turquie à appliquer pleinement toutes ses obligations affecterait le progrès général des négociations », ont averti les ministres dans une déclaration de principe, qui devrait se retrouver en préambule des 34 autres chapitres. Cet avertissement, intimement lié à la division persistante de Chypre, renvoie principalement à l’application du protocole dit d’Ankara, qui étend l’union douanière entre l’UE et la Turquie aux dix États membres entrés dans l’UE en 2004, dont la partie grecque de Chypre. Malgré la signature du protocole d’Ankara en juillet dernier, les Turcs ne l’ont pas ratifié et refusent toujours l’accès des navires et avions chypriotes grecs à leurs ports et aéroports. De son côté, le chef de la diplomatie turque Abdullah Gül a souligné hier la détermination de la Turquie à surmonter les obstacles sur sa route vers l’adhésion à l’Union européenne, avant de s’envoler pour Luxembourg, où l’UE avait auparavant approuvé le lancement de négociations concrètes avec Ankara. M. Gül n’a accepté de se rendre à Luxembourg qu’après qu’Ankara eut obtenu une modification du texte de compromis élaboré par ses homologues européens pour permettre le lancement de cette nouvelle phase dans le processus d’adhésion de la Turquie, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Namik Tan. Interrogé sur la teneur de ces changements, M. Tan a affirmé : « Une référence sur la nécessité pour la Turquie de reconnaître Chypre a été ôtée du texte. » S’exprimant depuis l’aéroport d’Ankara, M. Gül a qualifié l’ouverture des négociations de « tournant dans l’histoire de l’UE ».