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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Les joueurs de foot et autres sportifs à la galerie Janine Rubeiz Audic-Rizk vs Mansour el-Habre: un match au sommet

Sur les cimaises de la galerie Janine Rubeiz, des corps trapus de footballeurs font face à des silhouettes fugitives de sportifs. Étrangement et contrairement à ce que l’on pourrait supposer, les images les plus abstraites sont les photographies du duo Audic-Rizk et non les peintures de Mansour el-Habre. La peinture vs la photographie, dans un match à armes égales. Julie Audic et Christophe Rizk ont développé leur propre technique dite de photographie intensive, «qui cherche surtout à capter les intensités qui traversent nos espaces quotidiens plutôt que les formes visuelles stables de notre environnement». Après avoir photographié des villes, Tokyo, New York et Beyrouth, ils s’attaquent aujourd’hui au sport et à ses multiples disciplines, « sur une idée de Nadine Begdache », indiquent les artistes. La galeriste trouvait en effet que de telles œuvres pourraient entamer un beau et fructueux dialogue avec les footballeurs de Mansour el-Habre. Confronter la photographie à l’acrylique était donc l’idée première de cette exposition. El-Habre, fou de foot (comment interpréter autrement le fait qu’il traite ce sujet dans ses peintures depuis plus de 6 ans ?), donne à voir une douzaine d’acryliques sur toile, une acrylique sérigraphiée et trois lithographies. Ce jeu, qui représente la joie de gagner et pourquoi pas la démocratie collective, est représenté ici sous toutes ses coutures. Clin d’œil majeur au Mondial du foot qui a débuté en grande pompe hier vendredi. Il y a là les joueurs concentrés sur la balle et d’autres un peu distraits, il y a les attaquants qui veulent gagner à tout prix et les « fatigués », un peu en retrait, l’air un peu distrait. Partout, l’artiste a bien étudié le mouvement du corps des joueurs et a réussi à rendre l’expression particulière du visage d’un sportif dans l’effort. La photo en duo Il convient de souligner d’emblée que malgré les apparences, les photographies d’Audic-Rizk ne sont nullement manipulées sur ordinateur. Elles sont naturelles, sans retouches, ni trucage. Qu’est-ce qui expliquerait donc ces couleurs irréelles, ces dégradés de rose, de mauve ou de vert, des couleurs que l’on trouve rarement dans la nature ? Comment expliquer ces silhouettes sombres, comme des fantômes, qui n’ont rien avec des formes réelles ? «Ce que vous voyez est le négatif de la photographie», précisent Audic-Rizk. Explications : techniquement parlant, les photographies sont prises de nuit avec une large ouverture d’exposition ou, dans le cas des photos exposées aujourd’hui, dans une sorte de chambre noire, sans aucune lumière extérieure. « Nous nous sommes installés, caméra au poing, devant l’écran télévisé, durant toute la période des Jeux olympiques. » Le reste est histoire d’obturation et de maturation. « La photographie intensive nous permet de peindre à partir de la réalité, avec elle et à travers elle, soulignent les artistes. Ce n’est pas de la peinture à proprement parler, cependant un grand nombre des éléments subjectifs qui font l’intégrité de la peinture se retrouvent pris au piège de ces photos. Le coup de pinceau se transforme en rai de lumière, les couleurs ne sont plus issues du tube mais de l’atmosphère, le mélange des couleurs ne se fait plus sur la palette mais dans les deux secondes d’obturation, le dessin de la main devient les événements pris sur le vif, l’obturateur délimite la toile dans le temps, le photographe ne conçoit pas son tableau de sa propre imagination, il le saisit dans le champ des événements présents sous ses yeux. C’est une peinture aléatoire, unique à chaque prise, incontrôlable et cependant riche d’espace pour la libre imagination du spectateur, la part de rêve propre à chacun. » «Finalement, nous ne sommes pas maîtres de ces photographies, leur seul maître est l’événement aléatoire qui s’offre devant l’œil du photographe. La photographie intensive se crée d’elle-même, par elle-même, nous ne sommes que des voyeurs passifs, ses récepteurs aiguisés. » Les formes massives des sportifs d’el-Habre contrastent avec les silhouettes évanescentes des photographies du duo Audic-Rizk. Par contre, les couleurs éclatantes des tableaux rappellent les couleurs complémentaires du négatif des clichés. Le duel est engagé. Et comme l’indiquent les artistes eux-mêmes, c’est au spectateur de se sentir attiré vers l’une ou l’autre vision des choses, sans jamais négliger la part de rêve propre à chaque art. Jusqu’au 29 juin. Maya GHANDOUR HERT

Sur les cimaises de la galerie Janine Rubeiz, des corps trapus de footballeurs font face à des silhouettes fugitives de sportifs. Étrangement et contrairement à ce que l’on pourrait supposer, les images les plus abstraites sont les photographies du duo Audic-Rizk et non les peintures de Mansour el-Habre. La peinture vs la photographie, dans un match à armes égales.

Julie...