Le village de Jean-Paul II, la Vierge noire : des lieux qui attirent des millions de pèlerins

La Pologne est sans nul doute un pays extrêmement marqué par la religion chrétienne, avec de magnifiques églises dans toutes les villes. La majeure partie du peuple est croyante et pratiquante, et le fait que le défunt pape Jean-Paul II soit d’origine polonaise n’a fait que renforcer cette piété. La visite de son successeur, Benoît XVI, en Pologne la semaine dernière a revêtu une signification hautement symbolique, notamment quand celui-ci s’est arrêté au village du grand homme, Wadowice, promettant une canonisation rapide. Ce village est devenu une destination privilégiée pour des millions de touristes, qui viennent notamment visiter la maison où est né Jean-Paul II, transformée en musée. Ce musée contient surtout des photos retraçant le parcours du Pape, depuis ses débuts en Pologne et jusqu’à son long mandat à Rome, en passant par la tentative d’assassinat dont il a fait l’objet et ses multiples voyages. Pour passer dans l’étroit couloir menant aux salles du musée, il faut attendre son tour, parfois de longues minutes. Mais paix et joie semblent imprégner l’atmosphère de ce paisible endroit où l’on va quasiment en pèlerinage, sans oublier d’allumer un cierge dans l’église toute proche du musée. En Pologne, un autre sanctuaire existe depuis des siècles, au cœur de la ville de Czestochowa, la capitale spirituelle du pays : il s’agit de Jasna Gora, où se trouve l’icône miraculeuse dite de la « Vierge noire », dans le monastère des pères paulins. Quelque trois millions de visiteurs, la plupart des Polonais, viennent rendre hommage à la Vierge Marie, dans ce complexe architectural unique qu’est le monastère, fruit de cinq siècles de constructions. L’icône elle-même a été déposée dans le monastère au cours du quinzième siècle, acquérant rapidement la réputation de miraculeuse et attirant de nombreux pèlerins. D’origine byzantine, ce qui expliquerait sa couleur foncée, portant toujours les traces d’une tentative de vol qui l’a laissé endommagée (les trois cicatrices qui font penser à des larmes), elle se trouve toujours dans l’ancienne chapelle baroque, au centre d’un autel d’ébène. Le monastère ayant une histoire militaire de résistance aux envahisseurs, c’est à l’issue d’une victoire inattendue contre l’armée suédoise que la Sainte Vierge est proclamée reine de Pologne, au dix-septième siècle. Jusqu’à ce jour, une cérémonie se déroule quotidiennement dans la chapelle : des trompettistes accompagnent la fermeture puis la réouverture de l’icône, un événement unique en son genre dont le pèlerin est le témoin fasciné. C’est un privilège que de visiter l’ancienne bibliothèque du monastère des pères paulins, qui contient des ouvrages allant du Moyen Âge au dix-huitième siècle. Dans des reliures de cuir, ces livres rarissimes sont préservés dans un décor impressionnant. Sur le registre de cette bibliothèque, des personnages illustres ont apposé leur signature.