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Actualités - OPINION

ANALYSE Ségolène Royal, entre « blairisme » et pragmatisme

Attaquée par l’aile gauche du Parti socialiste pour ses positions « blairistes », Ségolène Royal s’est de nouveau placée dans le sillage du Premier ministre britannique en prônant la manière forte contre la délinquance. Nicolas Sarkozy, que les rivaux socialistes de la présidente de Poitou-Charente accusent de copier, ne s’y est pas trompé. « M. Blair est enfoncé ! » a-t-il ironisé, interrogé sur le discours musclé de sa rivale potentielle en 2007. Mêlant valeurs morales, droits et devoirs des individus, le chef du gouvernement travailliste britannique a fait de la lutte contre les « nuisances sociales » son principal cheval de bataille. But affiché : l’avènement d’une « respectful society », une « société du respect », à laquelle fait écho la « République du respect » que Ségolène Royal appelle de ses vœux. Dans la même veine, elle a prôné mercredi à Bondy une « reprise en main lourde » des familles et de l’école afin de « mettre un coup d’arrêt à la production massive de délinquance ». En imposant un discours de fermeté, comme le fit Jean-Pierre Chevènement lors de son passage au ministère de l’Intérieur, et en important certaines solutions britanniques, la « présidentiable » préférée des sondages fait-elle un pari risqué dans un PS où le « blairisme » fait figure d’épouvantail ? « C’est une petite révolution qu’elle tente, pas moins », estime le politologue Dominique Reynié. La sécurité, « c’est quasiment l’élément culturel qui fait exploser le socialisme à la française ». En se rapprochant des positions des grands partis sociaux-démocrates européens sur la répression, Ségolène Royal pourrait contraindre le PS à « revoir tout son logiciel idéologique » basé sur l’éducation et la prévention. Ni « blairisme », qu’il estime « caricaturé à l’extrême » en France, ni « sarkozysme », ni « ségolisme », la candidate à l’investiture socialiste fait à ses yeux « du pragmatisme ». Du Blair « version light » La stratégie peut s’avérer payante dans un PS qui se rajeunit, à la faveur d’une grande vague d’adhésions pré-2007, et dans l’opinion publique qui considère que la sécurité reste le point faible du PS malgré le coup de semonce de 2002. « Blairiste » ou « pas blairiste », ces bisbilles sémantiques font sourire Jon Henley, ancien correspondant du quotidien britannique The Guardian en France. « La plupart des dirigeants socialistes français sont plus ou moins blairistes, mais n’osent pas le dire. Aujourd’hui, cela reviendrait à un suicide électoral », s’amuse ce fin connaisseur des arcanes politiques hexagonaux. « Avec beaucoup de précautions », Ségolène Royal peut réussir en adoptant une « version light » des politiques de Tony Blair, ajoute le journaliste. Au zénith des sondages depuis plus de six mois, Ségolène Royal refuse de se laisser enfermer dans un carcan 100 % blairiste, se déclarant au-delà des « scléroses idéologiques ». En revanche, elle se démarque le plus ouvertement possible des positions du leader travailliste sur la guerre en Irak ou la lutte contre le terrorisme.
Attaquée par l’aile gauche du Parti socialiste pour ses positions « blairistes », Ségolène Royal s’est de nouveau placée dans le sillage du Premier ministre britannique en prônant la manière forte contre la délinquance.
Nicolas Sarkozy, que les rivaux socialistes de la présidente de Poitou-Charente accusent de copier, ne s’y est pas trompé. « M. Blair est enfoncé !...