L’armée US affirme que ses soldats ont ouvert le feu en légitime défense lundi à Kaboul Les talibans ont pris le contrôle de bâtiments officiels dans le Sud afghan

Les talibans ont repris le contrôle de plusieurs bâtiments officiels dans le sud du pays, alors que l’armée américaine a reconnu hier que ses soldats avaient ouvert le feu mais « en légitime défense » lundi à Kaboul. Des centaines de rebelles talibans ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments officiels dans le sud de l’Afghanistan pendant la nuit de mardi à mercredi, après en avoir chassé les forces de sécurité afghanes, a-t-on appris de source policière. Les rebelles ont pris le contrôle du quartier général de la police et du bâtiment abritant le gouvernement du district de Chora, dans la province d’Oruzgan, tard mardi. Ils ont obligé les forces de sécurité à fuir après plusieurs heures de bataille, a indiqué le chef de la police de la province, Haji Rozi Khan. « Le centre du district est un “no man’s land” actuellement, mais nous nous préparons à y retourner dès que nous aurons des renforts », a-t-il souligné. « Nos forces ont mis le feu au bâtiment du gouvernement du district où elles sont toujours présentes », a, pour sa part, déclaré Mohammad Yousuf Ahmadi, un porte-parole des talibans, à l’AFP. Les rebelles « ont tué 8 policiers », a affirmé le porte-parole dont les affirmations se sont souvent avérées exagérées ou fantaisistes. Les attaques de bandes de talibans armées se sont multipliées ces derniers mois dans le sud de l’Afghanistan. La province d’Oruzgan, au relief très accidenté, est une des provinces les plus violentes d’Afghanistan et un bastion de la rébellion. Parallèlement, l’armée américaine a reconnu hier que ses soldats avaient ouvert le feu « en légitime défense » lundi à Kaboul après l’accident qui a provoqué de violentes manifestations, sans reconnaître que les militaires aient pu tirer dans la foule. Les soldats américains, qui venaient de provoquer un accident de la circulation mortel dans un lieu très fréquenté de la banlieue nord de Kaboul, ont été pris à partie très vite par la foule alors qu’ils prodiguaient des soins aux blessés. Le premier convoi a été rejoint par la police afghane et un second groupe de soldats américains pour les tirer de là. À ce moment, 300 à 500 personnes, « qui devenaient de plus en plus hostiles », ont commencé à lapider les soldats, a raconté hier le colonel américain Tom Collins, un porte-parole de la coalition lors d’une conférence de presse à Kaboul. « Des soldats de la coalition ont de fait utilisé leurs armes en état de légitime défense », a-t-il affirmé en soulignant que les militaires avaient tiré au-dessus de la foule. « Aucun soldat américain n’a été blessé dans l’accident ou dans l’émeute qui a suivi », a précisé le colonel. « Cela ne veut pas dire qu’ils n’étaient pas en danger immédiat », a-t-il souligné. Aucun bilan officiel n’a été communiqué sur les troubles ayant immédiatement suivi l’accident, mais, selon des témoins, les coups de feu auraient fait au moins quatre morts. Il a toutefois souligné qu’il ne s’agissait là que des « premiers éléments » d’une enquête en cours et il a promis qu’elle ferait « toute la lumière sur l’incident ». Il a également affirmé qu’il y avait des « agitateurs » dans la foule. « Je ne sais pas qui ils sont », a-t-il déclaré mais quand on lui a demandé comment il pouvait savoir qu’ils s’agissait « d’agitateurs », il a répondu : « Parce que nous pouvions voir des gens dans la foule qui clairement dirigeaient les choses. » Ce terme d’”agitateur” a également été utilisé dès lundi soir par le président Hamid Karzaï, quand il a dénoncé les émeutes antiaméricaines et antiétrangers dans le centre de la capitale. Elles ont fait une douzaine de morts et une centaine de blessés, selon un bilan donné mardi par les autorités. Elles ont également fait d’importants dégâts matériels.