Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Milos Strugar, conseiller de Pellegrini, dresse un bilan de la mission de l’ONU depuis le retrait israélien La Finul « satisfaite » de la coordination avec les autorités, « mais il reste à faire »

Depuis environ huit mois, la coopération, entamée au lendemain du retrait israélien de la bande frontalière entre les forces mixtes libanaises et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), s’est accélérée. L’armée libanaise a désormais une unité de liaison à l’intérieur du quartier général des Casques bleus à Naqoura. Dans un entretien avec « L’Orient-Le Jour », Milos Strugar, premier conseiller du commandant de la Finul, le général Alain Pellegrini, a indiqué que ce processus de coordination prendra du temps pour évoluer, mais que la Finul est satisfaite des progrès effectués dans ce cadre. Créée en mars 1978, suite à l’adoption des résolutions 425 et 426, la Finul a vu défiler des contingents d’une vingtaine de nationalités. Le nombre des troupes variant selon les besoins du terrain, la force a compté un maximum de 7 000 soldats. À la veille du retrait israélien, elle était constituée de 4 500 Casques bleus. Aujourd’hui, la Finul compte exactement 1 989 soldats, répartis sur sept contingents, et a un budget de 94,3 millions de dollars. « Depuis le départ des troupes israéliennes, la Finul a changé en fonction du changement sur le terrain », indique M. Strugar, soulignant que « la force a progressivement été réduite à environ 2 000 soldats » et que « ce processus s’est achevé il y a trois ans ». En ce qui concerne le changement sur le terrain, avant le 25 mai 2000, date du retrait israélien, les Casques bleus étaient majoritairement déployés hors de l’ex-zone de sécurité. Aujourd’hui, ils ont notamment 21 positions fixes tout le long de la ligne bleue. M. Strugar rappelle les trois éléments du mandat de la Finul consistant à « vérifier et confirmer le retrait israélien du Liban-Sud (clause appliquée), à restaurer la paix et la sécurité dans la zone – en d’autres termes, à maintenir le cessez-le-feu – ainsi qu’à aider le gouvernement libanais à étendre son autorité au Liban-Sud ». Il souligne que la Force des Nations unies « fait son possible » pour parvenir à l’application de ces deux dernières clauses du mandat. Le premier conseiller du commandant de la Finul tient à mettre l’accent sur les efforts déployés par les autorités libanaises pour « intégrer de nouveau le Liban-Sud au reste du pays », notamment par le biais de la mise en place d’un réseau de télécommunications ou encore de la construction de nouvelles routes. Soulignant qu’il « relève de la responsabilité du gouvernement de maintenir l’ordre et la sécurité sur son propre territoire », il rappelle que « l’État a envoyé 1 000 hommes au Sud, que cette force mixte est constituée de soldats et de gendarmes (FSI) qu’elle relève du ministère de l’Intérieur et qu’elle a pour but de maintenir l’ordre dans la région sans pour autant s’approcher de la ligne bleue ». Interrogé sur les projets en cours actuellement, conjointement avec les autorités libanaises, M. Strugar indique que conformément aux recommandations du secrétaire général de l’ONU, citées dans son rapport semestriel sur la Finul, trois points particuliers sont examinés : améliorer la liaison entre les Casques bleus et les forces de sécurité libanaises, renforcer la coordination sur le terrain entre la Finul et la force mixte et créer une cellule de planification commune. « Ces trois éléments font partie d’un long processus, qui ne peut pas être mis en place du jour au lendemain. Il a été entamé immédiatement après le retrait israélien et s’est accéléré au cours des huit derniers mois », affirme le conseiller du général Pellegrini, notant que « ce mécanisme évoluera avec le temps » et que la Finul « est satisfaite du progrès effectué jusqu’à présent, mais il reste à faire ». Une unité de l’armée à Naqoura « En ce qui concerne la liaison entre les deux parties, une unité de l’armée est désormais basée au quartier général de la Finul à Naqoura, et un officier de l’armée libanaise a été nommé auprès des contingents ghanéen et indien, les seuls présents en permanence sur le terrain », ajoute-il, soulignant que « la liaison entre la Finul et l’armée a été renforcée ». « Quant à l’amélioration de la coopération sur le terrain, nous gardons à l’esprit que la mission des forces mixtes (chargées de préserver l’ordre interne) est différente de celle de la Finul (surveiller la ligne bleue). Il existe cependant de la place pour la coordination », indique M. Strugar, notant que « les contacts avec les responsables libanais se poursuivent et des points positifs ont déjà été relevés. Dans l’avenir, davantage de projets seront exécutés conjointement ». Revenant sur le troisième point, consistant en la création d’une cellule de travail commune, il explique qu’elle sera composée de membres de la Finul et de responsables libanais, qui ne devraient pas faire partie nécessairement des forces armées. « C’est aux autorités libanaises de décider qui devrait les représenter au sein de cette cellule », indique-t-il. À la question de savoir qui sont les interlocuteurs libanais de la Finul, est-ce la présidence de la République ou le Conseil des ministres, M. Strugar souligne que « le gouvernement libanais a nommé, en octobre dernier, un coordinateur. Ainsi, le général Abdo Chehaitlé, vice-directeur général des services de renseignements de l’armée, centralise la coopération entre les autorités libanaises et la Finul. Mais quand nous le jugeons nécessaire, nous entreprenons, selon les besoins, des contacts avec les ministres de l’Intérieur et de la Défense, ou le commandant en chef de l’armée ». S’inspirant du rapport de M. Annan sur la Finul, le premier conseiller du commandant des Casques bleus tient également à mettre l’accent sur la création d’emplois et le développement économique, « l’une des conditions nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité ». À la question de savoir si la communauté internationale versera de l’argent pour financer de grands projets de développement dans la bande frontalière avant même un accord de paix avec Israël, M. Strugar indique que le Liban-Sud a terriblement souffert et doit bénéficier d’une aide au développement ; le gouvernement libanais, les agences spécialisées et la communauté internationale doivent faire plus dans ce cadre, ajoute-t-il, notant que les Nations unies ont déjà œuvré pour le déminage de la zone. Il rappelle également que depuis leur arrivée au Liban-Sud, les Casques bleus ont soutenu les habitants et que l’aide humanitaire a revêtu encore plus d’importance après un appel dans ce sens, lancé par le Conseil de sécurité, au lendemain de l’invasion israélienne de 1982. Mais l’ONU n’assure pas les fonds destinés aux aides humanitaires. Ce sont les contingents, avec les ressources de leur propre pays, qui aident la population du Sud. « L’année dernière, environ 20 000 patients ont été traités dans des infrastructures mises en place par les Casques bleus », indique M. Strugar, notant également, avec humour, que « le vétérinaire du contingent indien doit être l’homme le plus occupé de la bande frontalière. L’année dernière il a traité 40 000 animaux domestiques ». Il cite aussi les ingénieurs du contingent chinois qui fournissent des aides ponctuelles aux habitants, construisant ici une route agricole ou là un terrain de jeux ; et les soldats du contingent ghanéen qui dispensent gratuitement des cours d’anglais dans des écoles du Liban-Sud. Enfin, la Finul qui pourvoie également des postes à 290 Libanais est – sur le plan économique – l’un des plus importants employeurs du Liban-Sud. « Avec l’achat de matériel, d’équipement et de produits alimentaires sur le plan local, ainsi qu’avec les dépenses quotidiennes de ses soldats, ses civils et celles des observateurs de l’Onust (Organisation des Nations unies pour la surveillance de la trêve), la contribution directe et indirecte de la Finul à l’économie du Liban-Sud tourne aux alentours de 35 millions de dollars par an », conclut M. Strugar. Patricia KHODER

Depuis environ huit mois, la coopération, entamée au lendemain du retrait israélien de la bande frontalière entre les forces mixtes libanaises et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), s’est accélérée. L’armée libanaise a désormais une unité de liaison à l’intérieur du quartier général des Casques bleus à Naqoura. Dans un entretien avec «...