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Actualités - CHRONOLOGIE

PHOTOGRAPHIE Au théâtre al-Madina, jusqu’au 26 mai Les instantanés algériens de Randa Shaath

« Algérie Bizzef » est une exposition de photographies que l’artiste palestinienne Randa Shaath a prises lors d’un séjour en Algérie. Au Masrah el-Madina, jusqu’au 26 mai. De 12h à 18h. « J’ai rangé ma valise, pris mes caméras et démissionné de mon travail. Puis je suis partie en Algérie. » Non, ce n’est pas sur un coup de tête que Randa Shaath a quitté Le Caire. La photographe (née aux États-Unis d’un père palestinien et d’une mère égyptienne) Randa Shaath a suivi son mari, titulaire d’une bourse Fulbright pour l’enseignement et la recherche, à Alger. « J’ai également emporté mes souvenirs d’enfance, ceux d’une mère et d’un père croyant et militant pour la cause algérienne. Les réunions de l’Ugema (Union générale des étudiants musulmans algériens) se tenaient dans leur petit appartement en Philadelphie, aux States, de 1959 à 1962. Je revois encore les photographies des manifestations auxquelles ils participaient, brandissant des écriteaux demandant la libération de l’Algérie. » Ils rêvaient de l’indépendance de ce pays, comme un premier pas vers la libération de la Palestine. Comme la plupart du commun des mortels, Randa Shaath ne connaissait de l’Algérie que les photos publiées dans la presse du monde entier, montrant les horreurs et les massacres de dix ans de guerre civile, une décennie noire témoin de la mort de 200 000 Algériens et qui a été suivie par deux catastrophes naturelles : un séisme et une inondation. Autant dire que la croqueuse d’images s’attendait à rencontrer une ville martyrisée, pansant tant bien que mal ses blessures. Arrivée sur place, elle a passé des jours à sillonner la ville, pour en tracer mentalement la carte géographique. Elle a ensuite consacré des journées entières à fouiner dans les moindres recoins, à l’affût d’éléments lui permettant d’appréhender l’histoire complexe et tumultueuse du pays. Et c’est ainsi qu’elle est passée de surprise en surprise. D’abord elle a vu un pays très vaste et très varié. Puis elle a remarqué les spécificités des relations entre ses habitants, ses hommes et ses femmes. Leur langage corporel, la langue parlée, les panneaux de signalisation en arabe… Il ne s’agit donc pas d’un hasard si la photographe a intitulé son exposition « Algérie Bizzef ». Bizzef étant une expression algérienne typique signifiant « profusion » pour « souligner les richesses culturelle, architecturale et naturelle de ce pays », note-t-elle. Randa Shaath a pour habitude d’étudier ses sujets à fond avant de les immortaliser sur papier glacé. Les angles, les perspectives, les lieux, les personnages, rien n’est laissé au hasard. Elle possède son sujet d’avance, son histoire à raconter, son avis à partager. « En Algérie, c’était différent, indique-t-elle. Il s’agissait de ma première visite. Tout était neuf pour moi. Tous les détails me prenaient par surprise. » Les clichés exposés au Madina ont ainsi été pris « à chaud », à l’aide d’une mini-caméra digitale « qui dépasse à peine la paume de ma main ». Des instantanés comme des notes griffonnées sur un pense-bête. Elles racontent « la vie quotidienne d’un pays qui sort d’une guerre civile terroriste. Et qui cherche sa voie ». Shaath a grandi au Liban jusqu’en 1977, puis elle s’est installée au Caire où elle a obtenu un diplôme de l’Université américaine. Elle est partie ensuite étudier aux États-Unis. En 1994, elle est devenue photographe pour l’Agence France Presse en Égypte et à Gaza, et travaille depuis 1993 pour le journal al-Ahram Weekly. En vivant au Caire, Randa Shaath a accumulé un matériel photographique important sur la population cairote, dont elle a tiré trois séries en noir et blanc : Under the Same Sky, Profiles et In the Heart of the Nile. Under the Same Sky, Cairo est un documentaire photographique sur les habitants qui ont investi les toits de la capitale égyptienne dont la densité démographique est l’une des plus importantes au monde. Elle a publié cette série en 2003 dans un ouvrage coédité par la fondation Tápies de Barcelone et la Witte de With de Rotterdam. Elle a exposé en 2002 à l’IFA Galerie de Stuttgart, en 2004, au Bildmuseet en Suède, au Noorderlicht Photofestival aux Pays-Bas et, en janvier 2006, à l’Institut du monde arabe à Paris dans le cadre d’une exposition collective intitulée « Regards des photographes arabes contemporains ». M.G.H.
« Algérie Bizzef » est une exposition de photographies que l’artiste palestinienne Randa Shaath a prises lors d’un séjour en Algérie. Au Masrah el-Madina, jusqu’au 26 mai. De 12h à 18h.
« J’ai rangé ma valise, pris mes caméras et démissionné de mon travail. Puis je suis partie en Algérie. » Non, ce n’est pas sur un coup de tête que Randa Shaath a quitté Le...