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CINÉMA - « Southland Tales », de l’Américain Richard Kelly, une œuvre impressionnante et inclassable Apocalypse à Cannes

Deux apocalypses d’échelle différente ont secoué le Festival de Cannes hier : la fin du monde, sujet de «Southland Tales », film extrêmement ambitieux de l’Américain Richard Kelly, et celle d’un couple, racontée par le Turc Nuri Bilge Ceylan dans « Iklimler » («Les climats »). Kelly, 31 ans, est un cinéaste à part. Révélé en 2001 par Donnie Darko, il livre avec Southland Tales une œuvre d’anticipation très personnelle, ultraréférencée, souvent drôle et d’une ambition rare. En 2008, après une attaque nucléaire, l’Amérique fait face à une pénurie de carburant. Les autorités pensent avoir trouvé la parade avec un générateur d’énergie qui fonctionne sur les flux de l’océan. Mais ce dispositif altère la rotation de la Terre et bouleverse la réalité, en particulier les vies de Boxer Santaros, star de cinéma, Krysta, ex-actrice porno, et des jumeaux Roland et Ronald Taverner, au destin messianique. Une multitude de thèmes traverse ce long film (2h40) à la construction complexe : la fin du monde, les énergies renouvelables, la politique (avec une charge contre les néoconservateurs américains) ou la place de l’image dans la société. Un film également marqué par de nombreuses références, des romans de Philip K. Dick (pour son côté schizophrène et paranoïaque) en passant par le cinéma de David Lynch ou Terry Gilliam (notamment Brazil). Tout cela fait de Southland Tales, où la musique tient une place importante, une œuvre impressionnante, inclassable, qui peut fasciner ou dérouter et mérite d’être vue plusieurs fois pour en digérer tous les aspects. « Je m’attends à ce que le film suscite beaucoup de discussions, a affirmé Kelly. Nos problèmes aux États-Unis ne sont pas simples et ce film est comme un puzzle où on aborde ces questions. C’est à la fois du pop art et de la politique. » La distribution, étonnante, réunit l’ancien catcheur Dwayne « The Rock » Johnson, Sarah Michelle Gellar, Sean William Scott (un des héros d’American Pie), le chanteur Justin Timberlake ou Christophe Lambert. « Iklimler », le nouvel opus turc Autre film très attendu, le nouvel opus du Turc Nuri Bilge Ceylan, de retour en compétition trois ans après Uzak, chronique fine, humoristique et désenchantée du choc entre la Turquie moderne et rurale, qui avait raflé en 2003 le Grand Prix du festival et le prix d’interprétation masculine. Avec Iklimler (Les climats), le réalisateur turc pousse plus loin ses recherches formelles en relatant le délitement d’un couple, dans un film minimaliste où les dialogues cèdent la place à la force d’expression d’un visage en gros plan, ou d’un paysage d’une beauté à couper le souffle. « Je ne travaille pas spécifiquement le style, je travaille simplement d’instinct, je ne peux rien y faire », a expliqué le réalisateur devant la presse, en se défendant de tout maniérisme. Comme Southland Tales d’ailleurs, Iklimler est projeté en version numérique, ce qui met d’autant mieux en relief la finition de chaque plan du chef opérateur Gokhan Tiryaki. Nuri Bilge Ceylan, qui s’attribue également le rôle principal, reprend ses thèmes favoris, la faiblesse et la médiocrité d’un homme qui a dépassé le milieu de sa vie, et ses difficultés à aimer au-delà de conquêtes d’un soir. Également au programme d’hier, Daft Punk’s Electroma, long métrage réalisé par le duo électro français Daft Punk et présenté à la Quinzaine des réalisateurs, ou 20 minutes du prochain film d’Oliver Stone, World Trade Center. Aujourd’hui, la compétition accueille Les lumières du faubourg, d’Aki Kaurismaki, et Le caïman, la charge de Nanni Moretti contre Silvio Berlusconi.
Deux apocalypses d’échelle différente ont secoué le Festival de Cannes hier : la fin du monde, sujet de «Southland Tales », film extrêmement ambitieux de l’Américain Richard Kelly, et celle d’un couple, racontée par le Turc Nuri Bilge Ceylan dans « Iklimler » («Les climats »).
Kelly, 31 ans, est un cinéaste à part. Révélé en 2001 par Donnie Darko, il livre avec...