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Actualités - CHRONOLOGIE

Des Églises inquiètes, mais déterminées à vivre avec l’islam

Les chrétiens du Proche-Orient, qui vivent au quotidien avec l’islam depuis 1 400 ans, reconnaissent les difficultés de cette cohabitation, mais soulignent avant tout leur détermination à vivre ensemble avec les musulmans dans la région où sont nées les deux religions. « Il faut dire la vérité, il y a une véritable tension entre musulmans et chrétiens », note l’évêque chaldéen de Kirkouk (Irak), Mgr Louis Sako, lors d’une table ronde organisée mardi à Paris par l’Œuvre d’Orient qui a invité des dizaines de responsables catholiques orientaux pour ses 150 ans. Il souligne la montée des peurs réciproques depuis les attentats du 11-Septembre 2001 et la guerre d’Irak voilà trois ans. À Bassora, où ne restent que deux cents familles chrétiennes, l’évêque est parti, comme à Mossoul. « Mais les musulmans aussi sont victimes de la violence », insiste-t-il. Les chrétiens de Kirkouk ont fait une offrande pour reconstruire le mausolée chiite de Samarra. « Nous devons rester, nous ne devons pas encourager l’émigration », dit Mgr Sako, qui plaide pour l’unité des chrétiens et pour un dialogue « au quotidien » avec les musulmans plutôt qu’un difficile dialogue théologique. « Nous sommes acculés à vivre ensemble, renchérit l’archevêque de Mossoul, Mgr Basile Georges Casmoussa, lui-même enlevé en janvier 2005. Le dialogue est vital, au quotidien, pour vivre ensemble. Comme un mari et une femme. » « Le grand ennemi de la convivialité christiano-musulmane dans nos pays, c’est la politique des États-Unis qui divisent le monde, démolissent l’idée même de la religion, font tout pour envenimer la situation afin de rendre leur présence nécessaire », lance Mgr Casmoussa. Une fausse prophétie Grégoire III Laham, patriarche grec-catholique melkite d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, se veut, lui, optimiste pour que chrétiens et musulmans vivent ensemble, « même en Arabie saoudite ». « Le grand défi, c’est de prouver que le choc des religions et des cultures est une fausse prophétie, assure le patriarche, qui réside à Damas. Nous, chrétiens du monde arabe, sommes l’Église des Arabes et l’Église de l’islam, avec 1 400 ans de relations intimes. » Même si, sur 270 millions d’Arabes, à peine 15 millions sont chrétiens, ils peuvent « devenir une conscience chrétienne dans le monde arabe », pense-t-il. « Nous espérons énormément du Liban, souligne Mgr Philippe Brizard, directeur général de l’Œuvre d’Orient. Si chrétiens et musulmans parviennent à trouver une voie neuve pour une vie commune, cela risque d’être exemplaire. » La veille, devant la presse, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, avait reconnu l’existence de problèmes entre chrétiens et musulmans, mais dénoncé « une campagne internationale pour affirmer que les musulmans persécutent les chrétiens ». « L’instabilité politique et économique au Moyen-Orient fait émigrer les chrétiens, mais les musulmans et les juifs aussi, avait ajouté le patriarche palestinien. À nous de trouver l’équilibre. Ceux qui sont intéressés dans l’avenir des chrétiens en Orient devraient aider à trouver cet équilibre. » Commentant les changements intervenus en mars au Vatican pour le dialogue avec l’islam, avec l’intégration du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux dans le Conseil pontifical pour la culture, Mgr Sabbah avait observé : « Ramener le dialogue religieux à la culture, c’est peut-être plus juste. Ce qui rend difficile le dialogue des religions, ce n’est pas la foi, c’est la culture. » Laurence CHABERT-AFP
Les chrétiens du Proche-Orient, qui vivent au quotidien avec l’islam depuis 1 400 ans, reconnaissent les difficultés de cette cohabitation, mais soulignent avant tout leur détermination à vivre ensemble avec les musulmans dans la région où sont nées les deux religions.
« Il faut dire la vérité, il y a une véritable tension entre musulmans et chrétiens », note...