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EXPOSITION À la galerie Aïda Cherfan, jusqu’au 2 juin Stélio Scamanga invite à la rêverie

Accrochées sur les cimaises de la galerie Aïda Cherfan, les œuvres de Stélio Scamanga captent la lumière et accrochent le regard. Un affichage lumineux qui se déroule jusqu’au 2 juin. Il a dû emmagasiner beaucoup de soleil avant d’aller s’installer à Ferney-Voltaire. De la Grèce au Liban, en passant par la Syrie, cet artiste nomade aux émotions sédentaires a emporté avec lui des rayons chaleureux teintés de générosité. De retour au Liban (où il avait longtemps séjourné) il traduit en pépites ensoleillées et en constellations de couleurs ses impressions et sa nostalgie d’un pays qui lui est cher. «Pourtant ! Que la montagne est belle, comment peut-on s’imaginer, en voyant un vol d’hirondelles, que l’automne vient d’arriver ? » chantait Jean Ferrat. « La montagne et le ciel voisins » est le titre choisi par Scamanga pour cette série d’huiles et de pastels. Contrairement à Anouilh qui faisait dire dans son Antigone que le paysage est beau comme une carte postale, l’artiste dénigre le format rectangulaire et opte volontairement pour le carré, « véritable sanctuaire de l’âme » (selon Freud). «Pour moi, c’est le fait de peindre qui est essentiel ; ce n’est ni dans la finalité de l’œuvre, ni dans son exposition, mais bien dans l’acte lui-même que je retrouve la sérénité. » Et de poursuivre : « Si on retrouve dans mes œuvres la nostalgie d’un monde révolu, on peut aussi y deviner une invitation à la reconstruction d’un monde meilleur. » En effet, à travers cette montagne libanaise que l’artiste est parvenu à reproduire entre 2003 et 2004, c’est plutôt l’image d’un espace rêvé qu’il essaye de représenter. Une montagne qui tend à s’élever pour effleurer le ciel, fusionner pour ne plus former qu’un monde de quiétude. Pourtant, le monde de Scamanga n’est pas si serein que ça. Empreint d’angoisse et de mélancolie, il est retransmis par ce travail entièrement au couteau (et donc violent). Des couches de peinture mêlées à de la cire qu’il gratte, lacère, efface totalement pour mieux mettre en relief et édifier. « Pour que les strates parviennent à diffuser sur l’espace pictural un frémissement, des vibrations et des palpitations. » Dualité donc entre réalité et onirisme, dualité également entre la couche et la surface, entre les émotions sous-cutanées et apparentes. Une dualité voulue par cet artiste au regard qui se colore de tristesse à la pensée d’un Liban passé qu’il a jadis connu et qui se retrouve aujourd’hui entouré de déserts (ceux de l’esprit). Stélio Scamanga convie le regard à pénétrer son monde de couleurs et de silence, de tumulte et de recueillement, car l’art ne vise-t-il pas en fait « à enchanter le désespoir ? » Colette KHALAF
Accrochées sur les cimaises de la galerie Aïda Cherfan, les œuvres de Stélio Scamanga captent la lumière et accrochent le regard. Un affichage lumineux qui se déroule jusqu’au 2 juin.
Il a dû emmagasiner beaucoup de soleil avant d’aller s’installer à Ferney-Voltaire. De la Grèce au Liban, en passant par la Syrie, cet artiste nomade aux émotions sédentaires a emporté...