CIMAISES Pour une photographie engagée: 19 photojournalistes à la BNF

De Raymond Depardon au collectif Argos, dix-neuf photojournalistes exposent à la Bibliothèque nationale de France, témoignant que « la photographie engagée est bien vivante ». « Tous ces photographes reconnus ou en passe de le devenir incarnent chaque jour, par la force de leurs images, la volonté d’être les plus nobles témoins de notre époque, de l’histoire en train de se faire », explique Alain Mingam, commissaire de l’exposition. Cent trente-sept pièces sont ainsi présentées dans ce panorama qui fait figure de manifeste. Plusieurs thèmes y sont abordés : dénonciation de la guerre, défense des droits de la femme et des plus démunis ou menacés, protection de la planète. Raymond Depardon montre en 1971 le Chili de Salvador Allende. Il explique sa méfiance a priori de l’engagement. « Le photographe est obstiné, l’engagement est entier (...) écrit-il. Ils se rejoignent dans l’absolu. Photographie et engagement, un pari nécessaire pour parler du monde et l’aimer. » Philip Blenkinsop a révélé par son reportage les Hmongs oubliés du Laos, les derniers survivants d’une armée oubliée. Un travail récompensé par un Visa d’or au festival de photojournalisme de Perpignan. Il y a également cette image terrible de Christophe Calis sur le Rwanda, en 1996 : à gauche, deux gants de caoutchouc sur le sol. À droite, deux jambes décharnées d’un cadavre. Laurent Van der Stockt (Gamma) montre l’horreur de la guerre avec des soldats américains agenouillés devant l’un d’eux, ensanglanté. Retour à Bagdad Karma, Irak, décembre 2005. Olivier Jobard (Sipa Press) montre l’itinéraire d’un migrant clandestin africain, et Guillaume Herbaut (L’Œil public) revient à Tchernobyl, 20 ans après. Moins loin, les banlieues sont vues par Jean-Gabriel Barthelemy, avec le hall de l’immeuble des 4 000 à la Courneuve en 2002, ou par Lizzie Sadin, avec cette femme prostrée, la tête dans les bras, sous une table. La photo est titrée Est-ce ainsi que les femmes vivent ? Jusqu’au 12 juin.