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En sport aussi, les occasions manquées

Les Libanais ont un sens inné du patriotisme sportif, si on peut dire. C’est que le sport, ils adorent, toutes disciplines confondues. Bref état des lieux. Le football : les tifosis sont incollables sur le chapitre. Ils connaissent toutes les équipes libanaises, avec les résultats de tous les matchs de la Coupe du Liban et de la Coupe de la Ligue libanaise. Et tous les jours, j’ai les nouvelles en direct des derniers exploits du Inter, du Real, de Manchester, de Ronaldihno, de Figo, de Zidane, de Thierry Henry, de je ne sais plus trop qui encore. Bref, rien que des équipes libanaises... et surtout rien que des joueurs libanais de pure souche. Il est aberrant de constater le nombre de supporters libanais qui suivent les péripéties des coupes étrangères. Les résultats de la Ligue des champions sont sur toutes les lèvres, tout comme les exploits du joueur brésilien X ou du joueur de nationalité Y qui évolue dans une équipe inconnue des Libanais. Nous sommes au comble de l’extase et proches de la crise d’hystérie quand la Juventus gagne ou quand le Barca perd. Quand Lyon remporte la Coupe de France, la fierté nationale s’étale au grand jour et si c’est le dernier Mondial de Zidane, on en fait une affaire d’État. À côté de ça, où sont l’Ansar (qui a été quand même classé dans le Guinness comme équipe ayant gagné le plus grand nombre de fois de suite la coupe de son pays), le Nejmeh, el-Ahd et autre Tadamon ? Passés à la trappe. Les exploits du Ansar ou du Nejmeh dans la Coupe d’Asie des clubs champions, on n’en parle jamais. Où sont donc les bons, les vrais patriotes ? Ou bien le patriotisme se limite-t-il à la politique ? Le basket : c’est notre sujet de fierté nationale. C’est le seul sport dont tous les Libanais parlent, depuis les exploits de l’équipe de La Sagesse jusqu’à ceux du Club sportif. Quand il y a un match, tout le monde est à l’affût de la moindre nouvelle. Au moins, de ce côté, nous sommes gâtés. Nos clubs font la une des journaux, nos joueurs intéressent le monde, jusque dans leur vie privée. C’est ça la notoriété. Même leur reconversion éveille les convoitises (Élie Mechantaf et sa plage). Le tennis : quelques joueurs amateurs font parfois la une de nos journaux quand ils arrivent à battre en Coupe Davis tel ou tel pays dont le niveau est encore plus bas que le nôtre. Il y a eu quelques révélations, mais nous comprenons bien que quand le Liban perd, on verra la défaite signalée dans un coin de page sport. Par contre, les exploits de telle joueuse russe ou de Roger Federer sont mis en relief et les progrès spectaculaires de tel joueur français issus des qualifications dans un tournoi majeur font la une. Et tant pis pour nos joueurs qui, eux, sont relégués au placard. Le ski : une étoile est née et elle a pour nom Shirine Njeim. Enfin quelqu’un digne de nous représenter dans des compétitions internationales et, bien que son nom soit tombé dans l’oubli après les JO d’hiver de Turin, elle n’en reste pas moins cause de notre fierté nationale. Après tout, n’a-t-elle pas bravé les grandes du ski alpin pour se classer dans les 40 premières ? Au Liban, c’est toujours nos juniors qui sont à l’honneur. Pour les athlètes légèrement plus âgés, c’est fini. Le ski de compétition s’arrête à l’âge de la majorité. Après cela, il y a des choses plus importantes. Comme il y a des films interdits aux moins de 18 ans, la compétition est interdite aux plus de 18 ans. C’est comme ça, c’est la vie et il faut s’y faire. L’athlétisme : Jean-Claude Rabbath, connaissez-vous ce nom ? Pourtant il nous a représentés aux JO d’été au saut en hauteur, il y a un an. Après quoi il a disparu, comme tant d’autres. Il n’avait pas dépassé les qualifications. On se demande pourquoi d’ailleurs.... Nos athlètes en herbe ne sont bons qu’à battre des records du Liban. On les cite à tous les meetings locaux comme ayant pulvérisé tel ou tel record. Par contre, pour ce qui est de nous représenter à l’étranger, c’est une autre histoire. Idem pour les autres disciplines, il est aussi étonnant que dans les compétitions internationales qui se déroulent au Liban, nos représentants brillent toujours, même moyennement, mais qu’une fois les frontières dépassées, ils s’éteignent subitement. Pourtant cela devrait les encourager à aller plus loin. Les sports de combats : là nous brillons, très fort même. Il n’y a que cela qui marche vraiment au Liban, encore qu’on ne sait pas mettre vraiment en valeur nos athlètes qui se taillent une place de choix dans les compétitions locales ou internationales. Les Libanais ont beaucoup progressé dans ce domaine. En conclusion, je pense que le problème ce ne sont pas les athlètes (pour peu qu’on puisse les appeler ainsi), mais les fédérations qui ne les encouragent pas assez ou qui ne les payent pas assez. Un athlète au Liban a toujours un métier à côté du sport qu’il pratique, ce qui est inconcevable. Ils doivent couvrir pratiquement toutes les charges que cela incombe, les entraînements inclus. De plus, il faudrait une aide de l’État, lequel ne fait rien pour encourager certaines disciplines dans lesquelles nous pourrions obtenir de bons résultats. C’est dommage ! Jean-Paul MOUBARAK
Les Libanais ont un sens inné du patriotisme sportif, si on peut dire. C’est que le sport, ils adorent, toutes disciplines confondues. Bref état des lieux.
Le football : les tifosis sont incollables sur le chapitre. Ils connaissent toutes les équipes libanaises, avec les résultats de tous les matchs de la Coupe du Liban et de la Coupe de la Ligue libanaise. Et tous les jours,...