Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE Cheney au Kazakhstan pour le « Grand Jeu » de l’énergie en Asie centrale

La visite du vice-président américain Dick Cheney hier au Kazakhstan était l’occasion pour Washington de placer ses pions en Asie centrale, au cœur d’un vaste jeu géopolitique avec à la clé le contrôle de l’accès aux ressources d’hydrocarbures de la région. « C’est le Grand Jeu du XXIe siècle en Asie centrale, il va essayer de convaincre les Kazakhs d’exporter les ressources de la Caspienne vers l’Ouest, pour faire barrage à la Chine » et à la fois court-circuiter le quasi-monopole de la Russie sur les routes des hydrocarbures, observe Chris Weafer, stratégiste de la banque Alfa à Moscou. Washington a intérêt à encourager le développement de l’industrie des hydrocarbures au Kazakhstan, l’un des rares pays au monde à disposer de capacités d’extraction en réserve, et au Turkménistan, aux grandes réserves de gaz, pour alimenter le marché mondial et contenir ainsi les prix des hydrocarbures. M. Cheney a mis en garde jeudi la Russie contre toute pression politique qu’elle pourrait exercer grâce à son contrôle sur les gazoducs et oléoducs dans l’espace postsoviétique. « Il n’y a pas de cause légitime qui puisse justifier l’utilisation du gaz et du pétrole comme instruments de manipulation et de chantage », a affirmé le vice-président américain. M. Cheney, qui a parlé énergie avec le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, a dû insister sur une diversification des voies d’exportation hors de l’emprise russe, notamment le renforcement de l’oléoduc existant CTC entre le gisement kazakh de Tengiz et le port russe de Novorossiïsk, qui est contrôlé par un consortium comprenant plusieurs sociétés américaines. Les États-Unis veulent aussi convaincre le Kazakhstan de se raccorder à l’oléoduc BTC et au gazoduc attenant qui relient déjà les gisements de Bakou, sur la côte azerbaïdjanaise de la Caspienne, à la Turquie en passant par la Géorgie et en évitant la Russie. Le Kazakhstan avait déjà donné son accord pour transporter ses livraisons pétrolières par tanker vers Bakou, sur la côte occidentale de la Caspienne, mais Astana évoque désormais la construction d’un gazoduc sous cette mer, qui formerait un nouveau couloir d’exportation vers l’Europe. Ce gazoduc, au coût estimé de 5 milliards de dollars, a justement été évoqué par le commissaire européen à l’Énergie, Andris Piebalgs, avec le ministre kazakh de l’Énergie, Bakhtykoja Izmoukhambetov, jeudi dans la capitale kazakhe. « Nous soutenons la création d’un quatrième corridor pour le transport de gaz vers les pays européens », a dit M. Piebalgs, cité par l’agence Interfax. La participation indispensable à ce projet de l’Azerbaïdjan a sans doute été évoquée la semaine dernière lors d’une visite du président azerbaïdjanais Ilham Aliev à Washington. Cependant, estiment les analystes de la Deutsche Bank UFG à Moscou, le gazoduc transcaspien ne devrait pas être construit pendant cette décennie. Moscou a déjà fait entendre sa mauvaise humeur face aux tentatives de court-circuiter le quasi-monopole sur les ressources gazières d’Asie centrale qu’a mis en place le géant gazier russe Gazprom et dans une moindre mesure le contrôle russe sur les routes du pétrole. « On essaie de nous freiner sous le moindre prétexte ou bien au Nord, ou bien au Sud, ou bien à l’Ouest », a déclaré le président russe, Vladimir Poutine, fin avril. Pendant ce temps, la Chine, dont les besoins en énergie vont toujours croissant, a déjà remporté une partie puisque le premier oléoduc transfrontalier vers son territoire a été mis en service la semaine dernière depuis l’est du Kazakhstan. Lucie GODEAU (AFP)
La visite du vice-président américain Dick Cheney hier au Kazakhstan était l’occasion pour Washington de placer ses pions en Asie centrale, au cœur d’un vaste jeu géopolitique avec à la clé le contrôle de l’accès aux ressources d’hydrocarbures de la région.
« C’est le Grand Jeu du XXIe siècle en Asie centrale, il va essayer de convaincre les Kazakhs d’exporter...