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RÉFLEXION «Waynoun»?

Une pièce de théâtre (Propos de femmes, de Lina Khoury), qui soulève les foudres des uns, l’heureuse surprise et l’encouragement des autres, la retenue chez une troisième catégorie de personnes, invite à la réflexion sans doute. On se souvient du scandale soulevé par les danseurs de la troupe de Maurice Béjart qu’«Ils» voulaient interdire de se produire torses nus au Forum de Beyrouth en novembre 1999 et qui, au moment même, a exigé l’intervention de la présidence de la République, pas moins, pour laisser les choses en l’état. Parce que ce soir-là, présent dans la salle, le conseiller de presse de cette présidence a aussitôt réagi appelant Baabda directement pour circonscrire l’affaire. Ce qui fut fait sur-le-champ. La liste d’inepties comme celles-là est longue. Le groupe de musique baptisé 666, interdit d’entrée à Beyrouth («ce sont les chiffres du diable»), ou les vagues faites autour du Da Vinci Code n’en sont que de petits exemples. Sauf que certaines ont nui au pays… Mais au-delà de ce folklore spontané et épidermique, d’autres questionnements plus vrais, plus sérieux, plus choquants s’imposent d’eux-mêmes, exigeant des réponses et une action authentiques de la part de ceux qui revendiquent ces morales religieuses ou traditionnelles dépassées, ou qui pratiquent la surenchère bon marché. Car ceux qui se rendent à un spectacle, quel qu’il soit, font l’effort de se déplacer et de débourser une somme d’argent, sans pour autant être sûrs d’en tirer un plaisir quelconque, n’était-ce la curiosité d’une certaine connaissance et la découverte d’une nouvelle œuvre. Il s’agit donc d’une catégorie de personnes mûres, éduquées, dotées d’un minimum de culture et, par conséquent, capables de porter un jugement. D’évaluer, de critiquer. «Waynoun», chante Feyrouz. «Waynoun»? En effet, où sont-ils donc ces objecteurs de conscience, ces ronds-de-cuir ignorants et ces religieux de tous bords gardiens de la moralité publique lorsque les satellites et tout ce qu’ils charrient violent l’intimité des familles à 10 dollars d’abonnement par mois. Dix dollars que trouvent même les plus démunis, quitte à se priver par ailleurs. Dix dollars pour 30 jours, 24 heures/24, où les 1 à 100 ans, cultivés ou ignorants, délinquants, valides ou malades mentaux avalent des yeux tout et n’importe quoi. Vautrés sur leur canapé ou dans leur lit, emmagasinant une charge effrayante d’obscénités, de violences, de laideurs, de mensonges, de scénarios et de cultures étrangères aux nôtres. Les résultats ne se font pas attendre, évidemment. Au grand jour, ils passent aux travaux pratiques! Un livre, une pièce de théâtre, une danse choquent. Quel est donc le rôle de ces responsables du public comme du privé, laïcs ou religieux sinon celui d’expliquer, d’éduquer, d’éclairer. De sortir de leur ignorance, en somme, ceux qu’ils croient protéger et qu’ils manipulent si bien au besoin! Et le pays ne s’en portera que mieux. Sa réputation aussi. Maria CHAKHTOURA
Une pièce de théâtre (Propos de femmes, de Lina Khoury), qui soulève les foudres des uns, l’heureuse surprise et l’encouragement des autres, la retenue chez une troisième catégorie de personnes, invite à la réflexion sans doute. On se souvient du scandale soulevé par les danseurs de la troupe de Maurice Béjart qu’«Ils» voulaient interdire de se produire torses nus au...