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CORRESPONDANCE - « E viva el cinco de mayo » Un cri mexicain made in USA

WASHINGTON- Irène MOSALLI Il y a le 1er mai, fêté partout dans le monde, il y a le 3 mai, la journée mondiale de la presse, et il y a le 6 mai dédié, au Liban, aux martyrs, y compris ceux de la presse… Il y a aussi un autre jour de ce mois de l’année marquant un événement propre à un pays (le Mexique), mais célébré davantage dans un autre (les États-Unis). Il s’agit du «cinco de mayo» (le 5 mai en espagnol), qui est l’une des fêtes nationales du Mexique. Il commémore la victoire des forces mexicaines, menées par le général Ignacio Zaragoza, sur les forces expéditionnaires françaises dans la bataille de Puebla (5 mai 1862). Si cette page de l’histoire passe presque inaperçue au pays où elle a été écrite, elle est donc source de grande liesse et de pavoisement au pays de l’Oncle Sam. Quel lien y-a-t-il entre la bannière étoilée et celle de la patrie de Zapata et de Poncho Villa? Réponse: les chicanos. C’est ainsi que l’on appelle les hispaniques, et plus particulièrement les Mexicains, ayant émigré aux États-Unis et dont la plupart se sont établis en Californie et au Texas. À la fin des années 60, les étudiants de cette souche ont lancé le mouvement chicano pour marquer leur identité. Ils ont notamment voulu avoir «leur» jour de célébration qui refléterait leur ascendance mexicaine. De prime abord, le choix évident aurait dû être «el dieciséis de septiembre», ou le 16 septembre, date de l’indépendance du Mexique en 1810. Cependant, le 16 septembre coïncidait avec le début de l’année universitaire. Alors, le «cinco de mayo» est devenu l’alternative de fait pour ces étudiants, d’autant que leur plus grand héros, le général Zaragoza, était né au Texas. «Latinos», «chicanos», «hispaniques» Au fil des ans, les festivités du 5 mai ont débordé le cadre universitaire et tout activisme pour s’enraciner dans la culture traditionnelle du Sud-Ouest des États-Unis. Pour beaucoup de communautés américano-mexicaines, «cinco de mayo» est une manière importante d’honorer fièrement l’héritage de leur pays d’origine, éclipsant le jour d’indépendance du Mexique. Les Américains non mexicains participent également aux célébrations, de la même manière que les non-Irlandais observent le jour de la Saint-Patrick. Et le «melting pot» aidant, tout le monde trinque à la tequila et à la bière mexicaine. Au Mexique même, «cinco de mayo» est remémoré en particulier dans l’État de Puebla, où la célèbre bataille a eu lieu. À noter que la population hispanique (qualifiée d’abord de latinos puis de chicanos et d’hispaniques) est actuellement la première minorité aux États- Unis. Elle représente déjà 11% de la population américaine. Elle englobe des émigrés originaires des divers pays sud-américains qui ont néanmoins en commun la langue et la religion catholique. Elle se caractérise aussi par une diversité de classes sociales: les plus riches étant les Cubains, viennent ensuite les Mexicains puis les Portoricains. Diversité de statuts également, car il y a 5 millions de clandestins aux États-Unis, dont 3 millions de Mexicains. C’est dire que le pays-hôte n’a pu que se mettre lui aussi à l’heure du «cinco de mayo» et sa kyrielle d’us et coutumes hérités des Aztèques: des fresques murales, auxquelles Diego Rivera et sa compagne Frida Kahlo ont donné leurs lettres de noblesses modernes, au taco et autres spécialités culinaires baptisées Tex-mex. Et il y a quelques jours, des milliers de ces émigrés sont descendus dans les rues aux États-Unis pour protester contre une loi, votée en décembre 2005, qui criminalise l’émigration clandestine. Ils voulaient prouver que légaux ou clandestins, ils constituaient une force indispensable pour la marche du pays, réclamant ainsi des réformes garantissant leurs droits.
WASHINGTON- Irène MOSALLI

Il y a le 1er mai, fêté partout dans le monde, il y a le 3 mai, la journée mondiale de la presse, et il y a le 6 mai dédié, au Liban, aux martyrs, y compris ceux de la presse…
Il y a aussi un autre jour de ce mois de l’année marquant un événement propre à un pays (le Mexique), mais célébré davantage dans un autre (les États-Unis). Il...