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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - « Hamam Baghdadi » au Marignan (20h30), jusqu’au 6 et du 11 au 13 mai Dans le bain purificateur et cathartique de Jawad al-Asadi

De la Jordanie au Liban, en passant par la Syrie, les deux chauffeurs de bus de «Hammam Baghdadi» débarquent au théâtre Marignan pour donner six représentations. Un parcours initiatique écrit et réalisé par le metteur en scène Jawad al-Asadi, qui relate la dure vie au quotidien du peuple irakien. Il a reçu le prix européen du prince Claus décerné par cette organisation hollandaise aux gens de l’art pour l’ensemble de leurs œuvres. Jawad al-Asadi n’est pas inconnu du public libanais. Depuis son exil forcé de son pays natal en 1976, ce réalisateur de théâtre à la crinière de lion rêve encore d’une société civile où les artistes pourraient s’y fondre harmonieusement et y retrouver leur meilleur rôle. Des rôles qu’il taille à leur mesure depuis ses premières créations théâtrales avec un acharnement démesuré. Tant dans l’adaptation des Bonnes de Jean Genêt que dans la Mastaba, ses comédiens campent des personnages en quête d’eux-mêmes. « C’est ce que j’ai toujours souhaité représenter sur scène. Mon théâtre est un théâtre qui découvre, raconte et met à nu la réalité, et mes comédiens en sont le pivot central », confie al-Asadi. Le droit à la parole Auparavant, ses œuvres plongeaient dans les tourments humains et trifouillaient dans l’âme et ses méandres. Aujourd’hui, dans Hammam Baghdadi, on y trouve une relecture du triste vécu quotidien du peuple irakien. À travers le duo de chauffeurs de bus interprétés par Fayez Kazak et Nidal Sijri, l’artiste donne la parole à une classe laissée-pour-compte. « Je me suis inspiré, avoue-t-il, de la vie de mes frères, qui assurent quotidiennement la navette entre Bagdad et Amman, pour traduire la douleur de cette couche sociale qui a longtemps souffert du régime autocratique et qui a vu un jour ses espoirs balayés par l’établissement d’une autre société aussi carnassière. » L’absence de sécurité, de confort, de dignité humaine avec, au bout du compte, le néant sont les thèmes chers à Jawad al-Asadi qui les traite avec autant de réalisme que de poésie, de douleur que d’humour. Un humour qui grince et qui fait mal, servi par un texte qui bouge, qui évolue, qui va dans tous les sens ainsi que par des acteurs confirmés. « Mon texte n’a rien de rigide et d’inamovible. Au contraire, c’est une matière qu’on peut jeter, déchirer à tout instant. Seuls les acteurs lui donnent vie par leur souffle. Ils peuvent, par leurs improvisations et leur savoir-faire, diriger la pièce dans la direction souhaitée. » Si Hammam Baghdadi relate à la fois le parcours de ces deux chauffeurs ainsi que les trajectoires parallèles suivies par un pays en détresse, la pièce évoque par son titre un acte de nettoyage. D’habitude, les gens vont au hammam pour se laver et être propres. Ce hammam-là est inhabituel. Son «gérant», Jawad al-Asadi, creuse et furète. Il y met à nu les souillures humaines. Colette KHALAF

De la Jordanie au Liban, en passant par la Syrie, les deux chauffeurs de bus de «Hammam Baghdadi» débarquent au théâtre Marignan pour donner six représentations. Un parcours initiatique écrit et réalisé par le metteur en scène Jawad al-Asadi, qui relate la dure vie au quotidien du peuple irakien.

Il a reçu le prix européen du prince Claus décerné par cette...