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Actualités - CHRONOLOGIE

Ahyaf Sinno prône un surcroît d’ouverture à la dimension interdisciplinaire et au bilinguisme Inauguration de l’École doctorale en sciences de l’homme et de la société à l’Université Saint-Joseph

L’Université Saint-Joseph innove en créant une École doctorale en sciences de l’homme et de la société. Le lancement de cette nouvelle structure académique s’est fait hier soir avec une conférence du Pr Jean-René Ladmiral, de l’université de Paris X, Nanterre (la fameuse Nanterre la Rouge de Cohn Bendit) sur l’état de la recherche en sciences de l’homme et de la société. Le titre réel de la conférence était : « Les sciences humaines sont-elles des sciences ? », une question pertinente à l’heure où le scientisme, les idéologies et les positivismes sont en train d’être remis en question. Renforcement du caractère interdisciplinaire et du bilinguisme au niveau des études doctorales sont les deux idées maîtresses de l’École doctorale. Directeur de l’École doctorale, le Pr Ahyaf Sinno s’en explique pour L’Orient-Le Jour en affirmant qu’elle s’inscrit dans le cadre d’une stratégie d’ensemble prenant en compte la restructuration des études supérieures selon le nouveau système européen de transfert des crédits (ECTS). En fait, l’École doctorale suit le mouvement de plus en plus accusé de décloisonnement des disciplines qui se manifeste dans le monde universitaire. Certes, les doctorats en sciences de l’homme et de la société existent depuis longtemps à l’USJ. Ce que l’École doctorale apporte de nouveau, c’est un surcroît de cours répondant à la nécessité d’une formation interdisciplinaire, ainsi qu’un encadrement professoral. L’École doctorale contribuera aussi au renforcement du bilinguisme au niveau des études doctorales. Ce sera un passage obligé pour les doctorants du campus des sciences humaines et du Centre d’études pour le monde arabe moderne (Cemam). « Le rôle de l’École doctorale, explique le Pr Sinno, est plus académique qu’administratif. Les doctorats et les soutenances de thèses se feront toujours dans le cadre des divers facultés et instituts fédérés au sein de l’École doctorale. Celle-ci ne se superposera pas aux facultés présentes ni ne les supplantera. » En un sens donc, l’École doctorale est une structure de renforcement académique rendue indispensable par l’élargissement du champ de la connaissance et l’enchevêtrement des disciplines engagées dans l’analyse des phénomènes sociaux. Elle aura un directeur assisté de deux conseils administratif et scientifique. L’École doctorale comporte aussi, bien entendu, des équipes d’enseignants aussi bien que de chercheurs qualifiés chargés de l’encadrement des doctorants. Expliquer et comprendre Jean-René Ladmiral, qui n’en est pas à son premier séjour au Liban, affirme que c’est sa première mission chez nous « en tant que prophète de la Raison ». S’expliquant sur le thème de sa conférence, le Pr Ladmiral, qui est professeur de philosophie à l’Institut catholique de Paris, précise que les sciences humaines sont du domaine du comprendre, ou de « la compréhension par interprétation des données », par opposition aux sciences exactes, qui sont du domaine des « explications causalistes », ou tout simplement « de l’expliquer ». Il insiste en fait sur l’existence, au sein de chaque discipline, d’une tension entre deux pôles de connaissances qui relèvent de ces deux dimensions du savoir. C’est sur ce point qu’il s’étendra, dans sa leçon inaugurale, qui sera suivie d’un séminaire à deux voix donné par lui-même et le Pr Sinno sur le thème de la recherche doctorale comme projet audacieux de savoir. « Oser une thèse » est le thème de l’une des causeries données. Ladmiral compare le progrès des connaissances à de l’alpinisme. « Le phénomène humain, dit-il, est un volume immense, comme une montagne. Cette complexité humaine peut se comprendre sous divers aspects, tout comme un alpiniste peut escalader une montagne par plusieurs faces. » Professeur de traduction et de traductologie à Nanterre, Ladmiral a aussi des mots alarmants pour parler de la francophonie. « Nous allons vers un incendie linguistique », dit-il, estimant que l’usage du français est « un contre-feu au tout anglais ». « Le français, dit-il, est en un sens un latin moderne. » Fady NOUN
L’Université Saint-Joseph innove en créant une École doctorale en sciences de l’homme et de la société. Le lancement de cette nouvelle structure académique s’est fait hier soir avec une conférence du Pr Jean-René Ladmiral, de l’université de Paris X, Nanterre (la fameuse Nanterre la Rouge de Cohn Bendit) sur l’état de la recherche en sciences de l’homme et de la société....