Tchad - Pékin aurait armé et financé les rebelles Les insurgés affirment avoir été recrutés par le Soudan

Les forces de sécurité soudanaises ont armé et recruté, jusque dans les camps de réfugiés du Darfour, les insurgés tchadiens qui ont attaqué N’Djamena le 13 avril, ont affirmé des rebelles faits prisonniers. Des combattants rebelles capturés lors de l’assaut sur N’Djamena sont interrogés par une délégation de l’Union africaine, qui mène une enquête sur les accusations portées par le président tchadien, Idriss Deby Itno, contre le Soudan. Parmi les 200 rebelles détenus au commissariat central de N’Djamena, certains ont affirmé aux enquêteurs de l’UA avoir rencontré des agents des services de renseignements soudanais à Khartoum. Le colonel Adoum Maratis, un commandant des rebelles qui dit venir de Centrafrique, affirme avoir été recruté, il y a 4 mois, à Khartoum. M. Maratis déclare s’être rendu dans des camps d’entraînement dans la région du Darfour, où, selon lui, quelque 7 000 rebelles étaient entraînés pour mener une rébellion contre le gouvernement tchadien. D’autres prisonniers ont affirmé avoir été enrôlés de force dans des camps de réfugiés du Darfour. Par ailleurs, un hebdomadaire français, le Journal du dimanche (JDD), a indiqué que Pékin a financé et armé les rebelles tchadiens. Citant une source soudanaise, l’hebdomadaire avance que les rebelles du Front uni pour le changement (FUC) ont reçu au Soudan un important stock d’armes et de véhicules, dont une quarantaine de 4x4 Toyota achetés dans le Golfe par des Chinois. « L’implication des Chinois dans cette opération a une simple explication : le pétrole », ajoute le JDD, soulignant que Pékin importera 60 % de son énergie en 2020 et « cherche à s’approvisionner par tous les moyens ». Le JDD souligne que la compagnie chinoise CNPC exploite depuis 1997 nombre de gisements au Soudan, désormais l’un des premiers acteurs pétroliers du continent derrière la Libye, le Nigeria et l’Angola. En outre, un émissaire américain est arrivé hier à N’Djamena à la recherche d’un compromis dans la crise qui oppose le Tchad à la Banque mondiale sur la gestion des revenus du pétrole, dont les autorités tchadiennes menacent de suspendre la production. Le vice-secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines, Donald Yamamoto, n’a pas fait de déclaration à son arrivée dans la capitale tchadienne.