JORDANIE Hausse des combustibles pour réduire le déficit

Le gouvernement jordanien a relevé hier le prix des combustibles en réduisant leurs subventions afin de réduire un déficit budgétaire gonflé par la hausse des cours du brut. Le Conseil des ministres a approuvé samedi soir des augmentations de prix allant de 12 à 65 % sur toute une gamme de produits pétroliers. Ces hausses prenaient effet à minuit. Des observateurs jugent la mesure risquée dans un pays à fort taux de chômage où des troubles ont déjà éclaté dans le passé à la suite de fortes hausses du prix de l’essence. Le relèvement des prix est le troisième en moins d’un an et de loin le plus fort en plus de dix ans, et il n’est pas loin d’une libéralisation complète des prix de l’énergie après des années de fortes subventions. « Il s’agit d’une mesure stratégique pour mettre fin à une forte subvention (...) Je sais que la décision est pénible et que les pauvres souffriront, mais nous nous soucions de les aider en amortissant l’impact », a dit à la presse le Premier ministre, Marouf Bakhit. Aide aux faibles revenus Le gouvernement a fait savoir qu’il consacrerait 62 millions de dinars (87 millions de dollars) pour aider les citoyens à faibles revenus à faire face aux augmentations. Le royaume, qui dépend d’importations d’énergie pour la majeure partie de ses besoins, a relevé le prix de l’essence de 16 % en moyenne. Le kérosène et le gasoil, largement utilisés pour se chauffer par les plus défavorisés, ont augmenté de 43 %, et une bonbonne de gaz valant 13 % plus cher. Les autorités ont précisé que l’an dernier, les subventions avaient coûté 530 millions de dollars, soit près de 20 % des dépenses courantes. La hausse du cours du pétrole a gonflé le déficit budgétaire jordanien qui, selon les prévisions, devrait atteindre en 2006, 5,4 % du produit intérieur brut, son plus haut en huit ans. Les finances ont aussi été affectées par la fin d’une allocation de pétrole de l’Arabie saoudite et une réduction de l’aide américaine. Le Front de l’action islamique, principal parti islamiste d’opposition, a déclaré que des dizaines de ses militants avaient été arrêtés samedi par la police pour avoir distribué des affiches réclamant un arrêt partiel de travail hier afin de protester contre les hausses.