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«Les responsables politiques ont perdu toute leur crédibilité»

Son visage ne vous est plus inconnu. Ni même sa voix furieuse, ses larmes, ses prises de position et ses critiques répétées contre les responsables politiques qui «tardent à prendre une position ferme concernant notre dossier». Depuis le 11 avril 2005, Violette Nassif campe dans le jardin Gebran Khalil Gebran, place Riad el-Solh. Qu’il pleuve, qu’il vente ou même sous un soleil de plomb, elle passe des nuits à la belle étoile ou sous la tente, devenue désormais son deuxième chez-soi. Violette Nassif n’a quitté les lieux que lorsqu’un problème de santé l’a clouée au lit l’espace de quelques jours. Sa lutte? Elle la mène au sein du Comité des familles des détenus libanais en Syrie, dont elle est la secrétaire générale, depuis plus de quinze ans pour obtenir la libération de son fils, Johnny, enlevé le 13 octobre 1990 à Dahr el-Wahech, à l’âge de 16 ans. Mais aussi pour dévoiler la vérité sur le sort de centaines d’autres disparus et prisonniers en Syrie. «Depuis un an que dure notre sit-in, aucun des dirigeants politiques n’a été vraiment coopératif, déplore Violette Nassif. Ils ne font que nous abreuver de paroles. Ne ressentent-ils aucune honte à nous faire marcher de la sorte? À nous mentir? Nous sommes des mamans, des épouses, des filles, des sœurs et des nièces qui attendons dans ce jardin, depuis un an déjà, le retour de nos proches et la vérité sur leur sort. C’est un de nos droits légitimes.» Qu’on leur a hélas ôté. «Ces dirigeants ont des enfants, poursuit-elle. J’aimerais qu’ils se mettent à notre place. Pourront-ils supporter, rien que quelques minutes, ce que nous endurons depuis des années? Au bout d’un an de sit-in à cette place, le commandement de l’armée nous a livré les corps de dix militaires, prétendant qu’il a à cœur notre dossier. Il s’est même indigné de la réaction de Georgette Bachour qui critiquait sévèrement l’irrespect dont il a fait preuve vis-à-vis de ses soldats.» Georgette Bachour, qui possédait une usine de couture, a abandonné son travail et milite depuis plus d’un an pour la libération de son frère, Georges, un militaire détenu depuis le 13 octobre 1990 en Syrie, selon un document officiel remis par le commandement de l’armée à la famille. Mais c’est le corps de Georges, trouvé dans le charnier du ministère de la Défense, que les parents ont récupéré le 18 mars dernier. «Si les responsables politiques possédaient vraiment un tant soit peu de fierté, ils auraient dû s’occuper plus des militaires, crie-t-elle, et de nous. Il est vrai que notre sit-in permanent a contribué à faire connaître notre cause, en ce sens que le dossier n’est plus un tabou et est devenu international. Mais nous n’avons pas reçu le soutien et l’attention qu’il mérite, tant de la part des responsables politiques que du peuple libanais, principalement de tous ceux qui prétendent former les forces du 14 Mars. Jusqu’à présent, nous avons eu droit à des paroles. Mais nous réclamons la vérité. Nous réclamons une commission internationale. Nous n’avons confiance en aucun homme politique. Ce qui s’est passé, il y a quelques jours, après l’esclandre en plein Conseil des ministres a fait tomber le rideau sur le dernier acte de l’humiliation. Nos responsables ont perdu toute crédibilité.»
Son visage ne vous est plus inconnu. Ni même sa voix furieuse, ses larmes, ses prises de position et ses critiques répétées contre les responsables politiques qui «tardent à prendre une position ferme concernant notre dossier». Depuis le 11 avril 2005, Violette Nassif campe dans le jardin Gebran Khalil Gebran, place Riad el-Solh. Qu’il pleuve, qu’il vente ou même sous un...