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Actualités - CHRONOLOGIE

Aventure « La Boudeuse » chez les derniers nomades des mers

Les Badjao sont des « Gitans des mers ». Ils posent leurs huttes éphémères sur des îlots confettis et repartent des semaines en pirogue. Le voilier d’exploration français La Boudeuse vient de les rencontrer dans un archipel préservé d’Indonésie. Pêches nocturnes au concombre de mer ou plongées en quête de perles sauvages, l’équipage du trois-mâts goélette a partagé la dure vie de ces familles qui dépendent totalement des produits marins. Les Badjao (« Bajau » en indonésien), à l’origine mystérieuse, conversent en un dialecte particulier et tissent leurs propres vêtements colorés. Ces musulmans forment des communautés éparpillées de Bornéo aux Philippines, en passant par Célèbes et les petites îles de la Sonde. « On disait qu’ils étaient sédentarisés, mais il y a encore des groupes semi-nomades », explique Patrice Franceschi, le capitaine de La Boudeuse, lors d’une escale à Djakarta. L’élégant navire qui effectue une circumnavigation de deux ans à la découverte des « peuples de l’eau » a jeté l’ancre près de Misa, un caillou de 500 mètres sur 200 dans la mer de Florès où s’entassent 1 500 Badjao dans des cabanes sur pilotis. Les gabiers de La Boudeuse se sont initiés à la collecte des holothuries en plongeant « au narguilé », un simple tuyau d’air coincé entre les dents alimenté en surface grâce à un mini-compresseur. Ils ont aussi voyagé à bord des longues pirogues à double balancier sur lesquelles les familles badjao naviguent des semaines, emportant enfants et personnes âgées, accostant parfois simplement pour inhumer un mort. Dès leur plus jeune âge, les Badjao vivent en totale symbiose avec la mer. « On a vu des gamins de 5 ou 6 ans, machette en main, en train de découper du poisson », relate Christine Chevrier, commissaire de bord de La Boudeuse. L’équipage pluridisciplinaire de l’ancien navire-école suédois a en retour fait visiter son voilier, du beaupré à la dunette. L’embarcation de 42 mètres de long est dotée des équipements électroniques les plus en pointe, mais aussi d’un gréement à l’ancienne avec de lourdes poulies de bois et des voiles carrées carguées sur les vergues de la misaine. Les Badjao, qui s’éclairent à la lampe à pétrole, sont restés interloqués devant la machine à laver du bord et l’électricité fournie en permanence par deux générateurs. Ils ont aussi pu s’étonner devant le studio de montage vidéo, la bibliothèque, les chambres froides conservant les surgelés, l’osmoseur produisant de l’eau potable, les trente couchettes, les téléphones satellitaires et surtout le système de positionnement GPS. « Rien que le planisphère est pour eux quelque chose d’abstrait », rappelle Christine Chevrier. Les piroguiers badjao se repèrent grâce aux étoiles et en suivant à vue les chapelets d’îlots qui scandent leur nomadisme. Ils sont souvent victimes de naufrages dans ces eaux dangereuses, assure Patrice Franceschi. « À un moment, nous avons participé aux recherches d’un bateau disparu. C’était comme chercher une tête d’épingle dans la mer », dit le capitaine, par ailleurs écrivain, cinéaste et président de la Société des explorateurs français. La Boudeuse a déjà parcouru plus de 30 000 milles depuis son départ de Corse en juillet 2004. Son tour du monde ethnographique, sous le parrainage de l’Unesco, l’a amenée au contact des Indiens Yuhup d’Amazonie colombienne, des Pascuans de l’île de Pâques, ou encore des Polynésiens des Tuamotu ou des Marquises sur les traces de Bougainville. Après un passage en carène à Singapour, le trois-mâts mettra le cap sur Sumatra et l’île de Nias, avant de poursuivre son odyssée dans l’océan Indien.
Les Badjao sont des « Gitans des mers ». Ils posent leurs huttes éphémères sur des îlots confettis et repartent des semaines en pirogue. Le voilier d’exploration français La Boudeuse vient de les rencontrer dans un archipel préservé d’Indonésie.
Pêches nocturnes au concombre de mer ou plongées en quête de perles sauvages, l’équipage du trois-mâts goélette a...