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Actualités - CHRONOLOGIE

Walid Ammar : « La solution passe par la privatisation de certaines fonctions »

Pour avoir suivi de près l’évolution (ou plutôt la dégradation) du secteur de la Santé publique, et témoigné de l’échec des solutions partielles, le directeur général du ministère de la Santé, Walid Ammar, est aujourd’hui convaincu que ce secteur ne saurait plus survivre sans l’application d’une gestion moderne capable de résoudre les multiples dysfonctionnements qui entravent le système. «Le secteur public n’a pas les moyens d’une expertise et des outils de modernisation. Nous sommes face à la difficulté de concilier entre une mission publique et le fait qu’elle doit être gérée selon le modèle privé. » Pour cet expert en économie de la santé, le problème est en premier et dernier lieu « structurel », la seule solution plausible étant, selon lui, « la privatisation de certaines fonctions, sans pour autant ôter au secteur public le pouvoir décisionnel ». Le constat est clair. « Le secteur public n’a pas les moyens, les outils ou les ressources humaines nécessaires et qualifiées pour gérer la couverture des soins et de l’hospitalisation, d’où la nécessité de recourir au privé dans ce domaine précis. » Ce principe devrait s’appliquer tout au long de la chaîne mettant en relation les bénéficiaires, les prestataires de services et les assureurs. Parmi les solutions envisagées notamment par le ministère de la Santé, l’unification et l’harmonisation des systèmes appliqués. En présence de 5 assureurs publics (Coopérative des fonctionnaires-armée-FSI-Sûreté générale-Sûreté de l’État avec 23 % des assurés) en plus de la CNSS (35 % des assurés) et le ministère de la Santé (42 % des bénéficiaires), qui pratiquent, chacun, et de manière arbitraire, une politique différente, un mode de gestion, une tarification et des méthodes de travail propres, le chaos est inévitable, la dilapidation et la fraude concevables à tous les niveaux. D’où la nécessité de procéder, dans un premier temps, à une unification des codes des actes et soins médicaux, qui sera immédiatement suivie d’une unification des tarifs (Flat rate), une mesure qui sera accompagnée d’un renforcement du contrôle qui sera également uniformisé. C’est dans cette optique que le ministère de la Santé a procédé à la mise en place d’une base de données informatisée des différents bénéficiaires, une mission réalisée en coordination avec les différents assureurs qui ont désormais à disposition une mise à jour électronique de leurs assurés et bénéficiaires respectifs. « Cette première démarche, qui est fonctionnelle depuis un an et demi, a notamment facilité le travail du ministère pour ce qui est de l’octroi des autorisations de soins permettant ainsi de détecter toute formalité dupliquée », explique le directeur général. L’ambition du ministère ne s’arrête pas là. Après avoir réussi à faire baisser les prix des médicaments dans une proportion de 20 à 30 %, Mohammad Khalifé poursuit sur sa lancée en vue de mettre en place un système de codification de l’ensemble des actes et soins médicaux (One act/One price), soumis à une réforme du système de contrôle qui sera également centralisé. Ce système permettra de mieux gérer les contrats entre les hôpitaux et de juger de l’opportunité des actes médicaux et des factures à travers un contrôle strict. Il permet en outre l’unification et l’harmonisation des formalités administratives, d’où une baisse certaine des coûts qui se répercuteront inéluctablement sur l’ensemble de la chaîne. Une fois informatisées, les données recueillies « constitueront un trésor d’information qui sera exploité – par des experts indépendants du secteur privé – pour en tirer des informations épidémiologiques, médicales, financières, autant de données que les assureurs publics ne sont pas en mesure de mettre en place », explique M. Ammar. Ces experts pourront ainsi procéder à une étude actuarielle permettant d’étudier les risques des différentes catégories d’assurés en termes financiers et par catégories d’âge en vue d’établir les implications financières et de définir, à long terme, une politique de prévention. Je. J
Pour avoir suivi de près l’évolution (ou plutôt la dégradation) du secteur de la Santé publique, et témoigné de l’échec des solutions partielles, le directeur général du ministère de la Santé, Walid Ammar, est aujourd’hui convaincu que ce secteur ne saurait plus survivre sans l’application d’une gestion moderne capable de résoudre les multiples dysfonctionnements...