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CORRESPONDANCE - Kahlil Gibran, cousin et filleul de Gibran Khalil Gibran Un grand nom de la sculpture américaine d’aujourd’hui

WASHINGTON - Irène MOSALLI Il y a Gibran Khalil Gibran et Kahlil Gibran. Un même nom de famille (même si le second a une épellation anglophone) et aussi la gloire en partage. Le premier étant, bien entendu, le grand penseur, poète et peintre libanais de réputation mondiale (1883-1934). Le second est une célébrité incontestable dans l’actuel univers artistique américain, plus précisément dans le domaine de la sculpture. Âgé aujourd’hui de 78 ans, il a à son actif une riche carrière étalée sur plus de cinquante ans. Toujours très vif et actif, vivant et travaillant à Boston, il a relaté, au cours d’une conversation téléphonique, son parcours professionnel et personnel. Lors de sa naissance, en 1922, l’un de ses cousins, le poète Gibran Khalil Gibran, qui, lui, était âgé de 39 ans cette même année, avait demandé à être son parrain. Et c’est un an plus tard que ce dernier avait publié son illustre ouvrage, Le Prophète. Parallèlement, il avait continuellement l’œil sur son filleul. Le sculpteur raconte cette relation: «Enfant, j’aimais aller dans son studio. Quand j’ai eu environ sept ans, il a promis de me donner cinq dollars si j’arrivais à démonter et à remonter le mécanisme d’une montre. Ce que j’ai fait. Cette pièce de monnaie est la chose la plus brillante que j’ai reçue». Par la suite, il ne devait pas être moins brillamment récompensé pour les créations qu’il a signées. Il avait commencé par faire des études à la Boston School of Fine Arts. Il se lance ensuite dans la peinture en prenant soin de se distancier du style de son cousin et parrain, Gibran Khalil Gibran. Puis il se lance dans la sculpture. Et comme à cette époque le prix du marbre dépassait son budget, il s’est mis à tirer des formes de toutes sortes de métaux qu’il assemblait à l’aide d’un chalumeau de soudure, devenu, à ses dires, son «outil préféré». L’une de ses sculptures les plus cotées, Saint-Jean Baptiste, a été faite à partir de ferraille ramassée sur un quai de Boston. Idem pour sa Pieta. À propos de cette dernière œuvre, il dit: «Ma Pieta n’a rien de religieux. C’est juste une mère qui a perdu son enfant.» Et aussi inventeur et faiseur de violons Pas de religiosité chez lui, mais certainement de la spiritualité dans toutes ses œuvres qu’il définit comme «une prédilection presque médiévale pour les grands drames de l’humanité». Et aussi, semble-t-il, pour ses multiples joies et son lot d’optimisme, présents dans ses nombreuses statues d’enfants et d’adolescents, tel ce jeune garçon En marche vers le millenium et précédant un homme adulte. De même qu’il a modelé la jeunesse et la force de David. Ailleurs, c’est Cérès, déesse de la moisson, qui, chaque printemps, attend le retour des enfers de sa fille Perséphone. Le travail de réflexion de Kahlil Gibran va de pair avec une manipulation ardue des métaux. Après avoir utilisé jusqu’à épuisement le chalumeau de soudure pour des créations en fer et en acier, il s’est tourné vers la technique centenaire de cire malléable dans laquelle il coule ses bronzes. En chemin, son goût de l’expérimentation l’a mené à mettre au point plusieurs inventions qui ont été brevetées: un fourneau produisant de l’oxygène, un trépied en acier ultraléger et très fonctionnel que le Musée d’art moderne a acquis pour ses collections. Dans un autre registre, il fabrique des violons de grande qualité. À son actif dans ce domaine, la reconstruction d’un instrument à cordes espagnol du XVIIe siècle, «Vihulla», incrusté de nacre et de lapis-lazuli. «Tout m’intéresse», dit-il simplement. Y compris l’écriture: il est l’auteur d’une biographie du poète Gibran Khalil Gibran. Lauréat de plusieurs prix prestigieux, ses œuvres sont dans plusieurs musées des États-Unis, et la ville de Boston est agrémentée de plusieurs de ses sculptures dont le buste de son cousin Gibran Khalil Gibran et une statue de la Vierge intitulée Notre-Dame des Cèdres, haute de 12 pieds. Il l’a offerte à l’église maronite de cette ville. Il l’a façonnée sans s’être jamais rendu au pays du Cèdre. Il a connu et aimé le Liban à travers ses parents et par Marianne, la sœur du poète Gibran Khalil Gibran. Il parle un arabe à l’ancienne, basé sur un vocabulaire et des idiomes en pratique au tournant du XXe siècle. Il a planté un cèdre dans son jardin de Boston qui pousse bien dans cet environnement urbain.
WASHINGTON - Irène MOSALLI

Il y a Gibran Khalil Gibran et Kahlil Gibran. Un même nom de famille (même si le second a une épellation anglophone) et aussi la gloire en partage. Le premier étant, bien entendu, le grand penseur, poète et peintre libanais de réputation mondiale (1883-1934). Le second est une célébrité incontestable dans l’actuel univers artistique américain,...