Commerce Vaste campagne française contre la contrefaçon

La France lance une campagne d’information contre la contrefaçon, phénomène qui touche la quasi-totalité des biens de consommation et représente désormais près de 10 % du commerce mondial. Les faux produits de luxe, mais aussi les faux médicaments, jouets ou autres pièces automobiles font perdre 200 à 300 milliards d’euros par an à l’économie de la planète, dont 6 milliards pour l’économie française. « Il y a une vraie urgence à sensibiliser les consommateurs. Chaque année, la contrefaçon détruit 200 000 emplois en Europe dont 30 000 en France », a expliqué hier Christophe Beaux, directeur de cabinet du ministre français de l’Industrie, lors d’une conférence de presse. Le ministère des Finances, associé à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) et au CNAC (Comité national anticontrefaçons), a lancé hier une vaste campagne d’information et de mobilisation nationale, pour la première fois à la télévision et sur Internet, d’un budget de 5 millions d’euros. Cinq spots de 15 secondes seront diffusés jusqu’au 7 juin, jusqu’au démarrage du Mondial de football, sur les chaînes de télévision et sur Internet, afin de responsabiliser le citoyen consommateur sur les méfaits des produits copiés. Les Français n’ont pas encore pleinement conscience de ces conséquences lourdes, a expliqué le président du CNAC, Bernard Brochand. « Un sondage IFOP révèle que 35 % d’entre eux déclarent ouvertement acheter des produits de contrefaçon, 31 % disent acheter ou être prêts à acheter des contrefaçons de vêtements de marque, 24 % de parfums, 25 % de maroquinerie et de chaussures et 23 % de CD et DVD », a-t-il commenté. En France, le nombre d’articles contrefaits saisis en France est passé de 3,5 millions en 2004 à 5,6 millions en 2005, soit une hausse de 61,4 %. Il s’agit essentiellement de contrefaçons de marques, d’une valeur estimée à plus de 314 millions d’euros. La plupart des contrefaçons viennent d’Asie, Chine en tête : 41 % des articles saisis en 2005 venaient de la région. Phénomène inquiétant, la France n’est plus comme en 2002 un pays de transit pour la marchandise copiée : elle est devenue un pays de destination, a expliqué François Mongins, directeur général des douanes. « Près de la moitié (48 %) des contrefaçons saisies étaient destinées au marché national contre 19 % en 2002 et moins de 5 % en 2001 », a-t-il souligné. En outre, si la contrefaçon a longtemps concerné quasi exclusivement les produits de luxe, elle touche désormais la quasi-totalité des biens de consommation : produits alimentaires, appareils domestiques (de la poêle aux robots en passant par les fers à repasser), jouets, pièces automobiles, etc. Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), plus de 4,4 millions de contrefaçons de produits alimentaires et de boissons alcoolisées ont été saisies dans l’Union européenne en 2004. Pour l’OMC, un médicament sur dix serait un faux. Le marché de contrefaçon des médicaments représente 20 à 30 milliards de dollars par an.