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Environnement - Édition de mars de la hotline de « Al-Bi’a wal Tanmia » Le grand retour du mazout dans la catégorie des minibus

Alors que les yeux sont rivés sur les développements politiques en cours dans le pays, les problèmes écologiques, eux, ne cessent de s’aggraver. Bien au contraire, certaines pratiques nuisibles, comme l’utilisation par les bus d’un mazout de mauvaise qualité à haute teneur en soufre, reprennent, altérant encore davantage l’air pollué de la capitale et des autres villes. Un rapport de la hotline environnementale de la revue Al-Bi’a wal Tanmia du mois de mars revient sur ce sujet (une hotline qu’on peut contacter au numéro 01-210510). C’est en 2002 que, suite à des décisions successives, le gouvernement de l’époque a interdit l’utilisation du mazout par les taxis-services, puis par les bus de 16 places, et ensuite par les bus allant jusqu’à 24 places. Or ces minibus avaient été, à la base, achetés avec des moteurs diesel, et le gouvernement avait donc imposé à leurs propriétaires de les remplacer par des moteurs à essence. Les frais de remplacement et la différence de prix entre le mazout et l’essence avaient alors suscité une grande polémique, ce qui n’a pas empêché les chauffeurs de minibus d’être amenés à respecter quand même la loi. Mais il semble, selon l’enquête menée par l’équipe de la hotline, qu’une grande partie des bus de toute grandeur se soient remis au mazout dernièrement, sans compter les grands bus qui ont été autorisés à rouler au mazout et qui contribuent de ce fait à la pollution de l’atmosphère par la fumée noire qu’ils dégagent. Des chauffeurs de minibus interrogés par l’équipe ont mis l’accent sur « l’injustice de la décision du gouvernement qui n’a pas pris en compte les facteurs socioéconomiques de cette catégorie de citoyens ». L’un d’eux raconte même avoir été arrêté une dizaine de fois par les forces de l’ordre, forcé à payer une amende de 250 000 LL chaque fois, mais il reste décidé à récidiver et réinstaller son moteur à mazout dès qu’il récupérera son permis. Il affirme que même avec les amendes, il est moins cher de rouler au mazout qu’à l’essence. Toutefois, rouler au mazout n’est pas la seule contravention constatée au niveau du transport en commun. Des chauffeurs interrogés racontent que certains de leurs confrères ont recours à des pratiques illégales, comme celle de faire fonctionner plusieurs bus avec un seul permis, ou d’utiliser même des plaques contrefaites. Les contrevenants peuvent même devenir agressifs au cas où leurs confrères s’aviseraient de dénoncer ces agissements. À ce propos, les personnes interrogées déplorent le laxisme des forces de l’ordre « qui ferment les yeux très souvent ». « Nous respectons la loi, mais qui nous protégera des contrevenants ? » disent-ils. L’équipe de la hotline a interrogé une source des Forces de sécurité intérieure (FSI) qui a assuré que les minibus roulant au mazout étaient régulièrement pénalisés, mais que les incidents sécuritaires de ces derniers mois et le nombre insuffisant d’agents pesait lourdement sur l’efficacité du travail des forces de l’ordre. Cette source a appelé les victimes des contrevenants à se référer aux FSI, sachant que leur identité resterait secrète. Elle précise que l’utilisation de plaques d’immatriculation contrefaites était considérée comme un délit passible de trois ans de prison au moins. Quoi qu’il en soit, le grand perdant de ce désordre reste l’automobiliste et le citoyen en général, qui doit supporter la détérioration de la qualité de l’air, sans compter les effets néfastes sur sa santé... Un puits artésien transformé en fosse septique En outre, et comme d’habitude, les problèmes liés aux déchets et aux eaux usées font également l’objet de nombreuses plaintes reçues par la hotline. À Sarafand (Liban-Sud), un grand dépotoir s’enflamme régulièrement en raison du gaz méthane qui s’en dégage. L’écologiste Mohammad Sariji a été dépêché par la hotline sur place, et a constaté que toutes sortes d’ordures se retrouvaient dans ce dépotoir, notamment des déchets hospitaliers provenant des deux hôpitaux de la région. Il a souligné que « dix tonnes d’ordures ménagères, de déchets industriels et de déchets animaux y sont jetés tous les jours sans aucun tri ». Salim Khalifé, président de l’association écologique « Choua’ al-Bi’a », a soutenu que Sarafand connaît « un taux anormalement élevé de maladies graves par rapport aux villages environnants », et que le dépotoir se trouve à une distance de dix mètres à peine d’un lycée, dont les élèves ont dû être évacués à plus d’une reprise en raison de la fumée. Selon lui, les ordures polluent également les nappes phréatiques qui alimentent la région en eau potable. Le rapport soulève en outre une importante négligence de la part de la municipalité. Par ailleurs, cette édition de la hotline fait état de plaintes concernant des dépotoirs sauvages à Tehouitat el-Ghadir (caza de Baabda) et à Tayr Dabba (caza de Tyr). En ce qui concerne les eaux usées, un des cas cités dans cette édition met l’accent sur l’absence de planification dans le secteur du bâtiment. Les habitants d’un complexe résidentiel à Kornet Chehwane ont constaté que le propriétaire avait creusé un puits artésien et, ne trouvant pas d’eau à cet endroit précis, l’a transformé en fosse septique. Ne se suffisant pas de si peu, au lieu de vider la fosse régulièrement, le propriétaire a entrepris de canaliser les eaux usées vers la vallée, une pratique scandaleuse mais malheureusement commune. Interrogé sur ce point, le président du conseil municipal de Kornet Chehwane s’est dit au courant de ces contraventions, mais a déclaré ne pouvoir prendre de mesures dans ce cas parce que... plusieurs personnes étaient concernées par cette affaire. Autre scandale : celui du détournement d’une bouche d’égout vers la zone sablonneuse du Bois des pins sous prétexte d’éviter les inondations des rues, une plainte qui a été enregistrée par la hotline et qu’elle a transmise au ministère de l’Environnement. Le ministère a déclaré avoir vérifié les faits sur le terrain, et envoyé des lettres au mohafazat de Beyrouth et à la municipalité pour demander de plus amples détails sur les travaux en cours, assurant qu’il allait suivre cette affaire qui pourrait avoir des répercussions néfastes sur les arbres du bois. Des problèmes d’égouts sont également rencontrés à Enfé (Liban-Nord) et à Dohat el-Hoss (Choueifate), selon les échos répercutés par la hotline. Mais force est de constater que ce fléau touche tout le pays du fait qu’aucune stratégie nationale n’est définie à ce niveau. Une route délabrée pour mener à Jeïta L’abattage des arbres, sur un autre plan, se poursuit sans vergogne un peu partout. La hotline fait état d’un fait désolant : l’abattage illégal de genévriers dans les hauteurs du Hermel, ces arbres qui forment la seule espèce, au Liban, capable de vivre à plus haute altitude que les cèdres eux-mêmes. Informé du fait, le Département de développement rural de la Békaa a demandé aux citoyens qui constatent de tels agissements de le signaler en contactant le 08-800651. Pour sa part, le ministre de l’Agriculture a publié une note administrative dans laquelle il demande aux gardes forestiers d’effectuer des patrouilles régulières dans la région et de dresser des procès-verbaux contre les contrevenants. Par ailleurs, un citoyen s’est plaint de l’abattage de plusieurs pins devant sa maison à Sabtié (caza du Metn) par les propriétaires d’un futur complexe résidentiel. Une tournée sur le terrain a permis à l’équipe de la hotline de constater que ces propriétaires avaient obtenu des permis de la municipalité et du ministère de l’Agriculture. L’ingénieur d’un chantier voisin a indiqué qu’on avait imposé à ces propriétaires de déplacer les trois pins arrachés de terre (et non simplement de les abattre), et d’en replanter 26 à la place. Ce qui n’a pas empêché les enquêteurs de s’interroger sur l’efficacité du suivi effectué par les autorités pour s’assurer du reboisement dans des cas pareils. L’édition de mars de la hotline soulève par ailleurs un grave problème : celui de la dégradation de l’état de la route menant à l’un des sites touristiques les plus visités du pays, la grotte de Jeïta (caza du Kesrouan). Il s’est avéré que « cette route est au centre d’une polémique entre la municipalité et l’administration en charge de la grotte », sur fond du pourcentage réservé à la première sur les entrées au site. La municipalité argue du fait que ce pourcentage est minime et que la réhabilitation de la route relève de la responsabilité des ministères des Travaux publics et du Tourisme. Le directeur responsable de la grotte répond que les frais de fonctionnement d’un tel site sont en soi bien plus élevés que pour d’autres endroits. Or, fait remarquer le texte de la hotline, la polémique entre les deux parties ne doit pas faire perdre de vue la sécurité publique des touristes qui se rendent en masse pour admirer ce chef-d’œuvre de la nature. Enfin, un habitant de Dahr el-Sawane (Metn, près de Bickfaya) rapporte que la chasse est toujours abondamment pratiquée dans la région du Naas, surtout entre 5 et 11h, sans que les chasseurs soient le moins du monde effrayés par la perspective de la grippe aviaire. Une source de la gendarmerie de Bickfaya, interrogée sur ce point, a demandé à tous les citoyens voulant dénoncer des anomalies d’appeler le 04-982504. S. B.
Alors que les yeux sont rivés sur les développements politiques en cours dans le pays, les problèmes écologiques, eux, ne cessent de s’aggraver. Bien au contraire, certaines pratiques nuisibles, comme l’utilisation par les bus d’un mazout de mauvaise qualité à haute teneur en soufre, reprennent, altérant encore davantage l’air pollué de la capitale et des autres villes....