Alors que le pain est rationné, Israël rouvre très brièvement le terminal de Karni Multiplication des accrochages entre activistes et policiers palestiniens à Gaza

Au lendemain de la présentation, par le Hamas, de son gouvernement, la tension est montée d’un cran dans la bande de Gaza où se sont multipliés les accrochages entre activistes et policiers palestiniens. Quatre personnes – deux civils, un policier et un activiste – ont ainsi été blessées hier lors d’un échange de tirs entre des policiers et des activistes armés qui ont pris d’assaut des ministères dans la bande de Gaza, a constaté un correspondant de l’AFP. Réclamant des emplois, les activistes des Brigades des martyrs d’al-Aqsa issues du mouvement Fateh ont pénétré dans les bureaux du ministère des Affaires étrangères et des Finances, situés dans le même complexe. L’incident a duré quelques minutes, et les hommes armés ont ensuite quitté les lieux. Peu auparavant, deux policiers palestiniens avaient été blessés dans la bande de Gaza lorsque des activistes des Brigades d’al-Aqsa avaient ouvert le feu sur un convoi qui devait transporter le chef de la police palestinienne, a-t-on appris de source policière. Les activistes avaient bloqué la route principale non loin d’Eretz pour faire pression sur les autorités palestiniennes afin d’obtenir des emplois au sein des services de sécurité. Dans la nuit de dimanche à lundi, une fusillade avait déjà opposé les forces de sécurité palestiniennes à des hommes armés ayant pris le contrôle d’un relais électrique à Gaza. Une personne avait été blessée. Des activistes ont également tenté de s’emparer d’un hôpital militaire dans la bande de Gaza pour exiger, là encore, le versement d’arriérés de salaires. Ces incidents reflètent l’anarchie sécuritaire régnant dans la bande de Gaza où des groupes armés indisciplinés sévissent en toute impunité. Parallèlement, les autorités israéliennes ont rouvert brièvement hier le terminal routier de Karni entre Israël et la bande de Gaza, dont la fermeture depuis un mois a provoqué une pénurie de produits alimentaires de base dans le territoire palestinien. Le terminal a été rouvert uniquement dans le sens Israël/bande de Gaza pendant seulement une heure durant laquelle des camions chargés de farine, de blé, de fourrage et de boissons gazeuses ont pris la route de Gaza. Le directeur de la partie palestinienne de Karni, terminal appelé al-Mintar par les Palestiniens, Salim Abou Safieh, a affirmé à l’AFP que les autorités israéliennes s’étaient engagées à ouvrir le terminal huit heures par jour. « Je suis déçu que le terminal n’ait ouvert qu’à peine plus de 30 minutes », a déclaré à l’AFP le directeur à Gaza de l’Unrwa, l’Agence des Nations unies pour le secours aux réfugiés de Palestine, John Ging. Dans les rues de Gaza, des dizaines de personnes font actuellement la queue devant les boulangeries pour obtenir du pain, désormais rationné. « De mémoire d’habitant de Gaza, c’est la première fois que le pain est rationné », a souligné M. Ging, qui a mis en garde dimanche contre une « crise humanitaire » dans la bande de Gaza. Ce terminal, principal point de passage pour l’exportation des marchandises de la bande de Gaza vers Israël et l’étranger, a été fermé par Israël le 21 février à la suite d’informations sur des tentatives d’attentats palestiniens. Il n’a été depuis rouvert que brièvement début mars.