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Actualités - CHRONOLOGIE

Il vient de prendre les commandes de la maison Emmanuel Ungaro Mounir Moufarrige : Le Liban reste, malgré la guerre, la vitrine du Moyen-Orient

Paris, d’Élie MASBOUNGI «La maison fondée en 1965 par l’Italo-Français d’Aix-en -Provence se développera et se modernisera dans la tradition et la continuité. » Au lendemain de sa nomination à la présidence de la maison Emmanuel Ungaro, Mounir Moufarrige nous a accordé une interview exclusive afin de nous parler de sa stratégie et de ses projets pour développer la prestigieuse marque sous ses diverses déclinaisons (prêt-à-porter de luxe masculin et féminin, parfums et accessoires). Dans ses quartiers, 2 avenue Montaigne, d’Ungaro, le nouveau maître des lieux, actionnaire depuis 2005 de la maison, nous fait part de ses projets pour « relooker » la marque lancée dans les années soixante par un certain Emmanuel Ungaro, fils d’un tailleur italien installé à Aix-en-Provence. Aujourd’hui, l’empire Ungaro, où « le soleil jamais ne se couche », englobe 9 boutiques et au total une quinzaine d’enseignes qui vont de Paris à Pékin et Palm Beach, en passant par Beyrouth, Djeddah, Koweït et Dubaï. Nouveau défi pour Mounir Moufarrige, fondateur et ancien patron de France Luxury (Scherrer, Harel, Fath, Kahn) et du groupe Richemont où il avait tiré d’une profonde léthargie Montblanc (qui sombrait dans l’oubli dans une vieille usine de Hambourg) pour en faire la petite merveille que l’on connaît, ranimé Chloé et emmené dans ses bagages Dunhill pour créer sous ce label une ligne d’accessoires de luxe. Dans le luxe, tout est défi et innovation, commence par affirmer M. Moufarrige qui, partant du principe que la mode et les tendances sont temporelles, jouera la carte de la pérennité et du changement dans le respect des traditions et du style de la maison. Comme il le fait depuis quelque temps, a-t-il ajouté, avec Worth, haute lingerie, et Goyard, le malletier qui avait fondé sa maison en 1852 et que Mounir veut porter –pourquoi pas ?– au niveau de Vuitton. Dans le firmament de la mode et du luxe, il est des codes qu’il faut connaître et reconnaître, poursuit notre compatriote, qui explique qu’il faut développer, moderniser et renforcer la maison qui a, bien entendu, sa propre empreinte. À la question de savoir si la maison dont il vient de prendre les commandes aurait besoin de s’adapter au temps actuel, Moufarrige affirme que « le monde change et évolue très vite. Les griffes qui ne progressent pas reculent ». Ungaro serait-il son nouveau bébé, son favori, sa danseuse, comme on aime à le dire dans les milieux des grands patrons ? Mounir répond qu’on « ne peut préférer un enfant à un autre ». « Je n’ai jamais aimé les danseuses. Mais j’aime la musique, et c’est la musique qui mène les danseuses...et les fait bouger », ajoute-t-il. Ungaro serait-il inclus dans un vaste groupe à l’instar de ses projets précédents ? Moufarrige répond : « J’avais certes fondé des groupes qui sont maintenant vendus, mais Ungaro s’additionne aujourd’hui à mes deux autres marques, c’est-à-dire Worth et Goyard (qui a déjà 9 magasins de par le monde) ». Mounir Moufarrige rééditera-t-il avec ce dernier label son exploit de Montblanc? On parle d’un prochain lancement qui fera date dans les annales du luxe mondial et du haut de gamme. Pour en revenir à Ungaro, Mounir Moufarrige a adopté une stratégie qui consiste à développer en même temps les volets habillement, accessoires et parfumerie avec un soin particulier au prêt-à-porter de luxe car, explique-t-il, Ungaro aime habiller les hommes et les femmes, ce qui ne va pas sans les parfumer et leur trouver les accessoires adéquats. Développer, améliorer et promouvoir la marque, cela signifie pour le nouveau « maestro » d’Ungaro, selon une stratégie élaborée neuf mois durant, accroître le nombre de boutiques aux quatre coins du globe, booster les ventes du secteur parfumerie, et augmenter les parts de marché et le chiffre d’affaires. Aussi bien sur les marchés traditionnels d’Ungaro, c’est-à-dire en Europe et aux USA, qu’au Moyen-Orient et en Asie, où le géant chinois n’a pas fini de se réveiller avec de nouvelles catégories de clientèle sélective et à pouvoir d’achat élevé. Au Moyen-Orient et au Liban, marchés qui nous intéressent, Ungaro a une belle image et une bonne place, mais Moufarrige estime qu’il y a encore beaucoup à faire avec les réseaux de distribution et les partenaires actuels. « Nous avons dans ces régions une clientèle élitiste dont la moyenne d’âge baisse à vue d’œil », ajoute Mounir, qui croit au principe de mettre les belles choses et le luxe à la portée de la nouvelle génération. « Les jeunes d’aujourd’hui, qui sont sélectifs, ambitieux et sont des gens de goût, n’ont pas nécessairement les moyens dont disposent leurs parents, poursuit-il, et il ne faut pas les empêcher de s’habiller et de se parer des belles choses qu’ils voient autour d’eux, dans les belles vitrines des grandes avenues du monde, car il y a visiblement beaucoup plus de richesses et de gens riches aujourd’hui. » Cette richesse, explique Moufarrige, modifie les habitudes et les modes de vie en même temps qu’elle rajeunit les gens. Ceux qui ont aujourd’hui cinquante ans ou plus paraissent plus jeunes du fait des habits, des accessoires et des produits de qualité qu’ils achètent. Le style de vie lui-même contribue à ce « rajeunissement ». Il suffit d’une voiture, d’un ensemble, d’un sac, d’une montre pour faire jeune et, en tout cas, le paraître. Et le Liban ? Le Liban et les Libanais, répond-il, ont toujours été une véritable vitrine du monde arabe malgré la terrible parenthèse de la guerre, ces trente années qui ne sont rien dans la vie d’un peuple. Pour Mounir Mouffarige, nos voisins du monde arabe, et en particulier ceux du Golfe, continuent de lorgner vers le Liban et les Libanais pour s’en inspirer, et les voir évoluer dans les habits et avec les produits des dernières tendances. Question personnelle pour finir, et la réponse qui fuse : « Pour relaxer et décompresser après de longues journées de réunions et de voyages, je me réfugie auprès de la famille, et choisis une belle musique et un endroit calme… »
Paris, d’Élie MASBOUNGI

«La maison fondée en 1965 par l’Italo-Français d’Aix-en -Provence se développera et se modernisera dans la tradition et la continuité. » Au lendemain de sa nomination à la présidence de la maison Emmanuel Ungaro, Mounir Moufarrige nous a accordé une interview exclusive afin de nous parler de sa stratégie et de ses projets pour développer la...