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Nucléaire - Il n’y a pas de solution militaire à la crise, affirme Moscou Baradei tente d’apaiser l’Iran et les Occidentaux

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohammad el-Baradei, a exhorté hier les dirigeants occidentaux et iraniens à « baisser le ton » dans le bras de fer qui les oppose au sujet du programme nucléaire iranien. « Ce qu’il nous faut, au stade actuel, c’est une approche de sang-froid, c’est baisser le ton. Le Moyen-Orient est une région très volatile », a-t-il dit au terme d’une réunion de trois jours du Conseil des gouverneurs de l’AIEA consacrée au dossier, qui s’est déroulée sur fond d’échange de menaces entre l’Iran et les États-Unis. Le rapport de Baradei, dont a discuté le Conseil des gouverneurs, constate que l’Iran n’a pas répondu à l’appel de la communauté internationale en faveur de l’arrêt de ses activités d’enrichissement d’uranium. Conformément à la résolution adoptée le 4 février par le Conseil des gouverneurs, ce constat doit conduire le Conseil de sécurité de l’ONU, seul organe habilité à prendre des sanctions, à débattre à son tour du dossier iranien - sans doute à partir de lundi ou mardi, a annoncé le sous-secrétaire d’État américain Nicholas Burns. « Le temps est venu pour le Conseil de sécurité de l’ONU d’agir », a pour sa part déclaré l’ambassadeur américain à Vienne Gregory Schulte, en affirmant que l’Iran avait théoriquement assez de gaz d’uranium pour fabriquer à terme après enrichissement dix bombes nucléaires. « Dans un premier temps nous envisageons un appel lancé à l’Iran pour qu’il coopère avec l’Agence », a-t-il dit aux 35 pays du Conseil des gouverneurs. Des sanctions ne viendraient que plus tard, car « nous croyons que la démarche du Conseil de sécurité doit être progressive et menée en pleine consultation et coordination de tous ses membres ». Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est néanmoins déclaré hostile à des sanctions internationales et à une intervention militaire pour contraindre l’Iran à abandonner son programme nucléaire. « Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de solution militaire à cette crise », a-t-il dit à des journalistes à l’issue d’un entretien aux Nations unies avec le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, ajoutant que des responsables britanniques et allemands avaient publiquement exprimé le même point de vue. Prié de dire si le Conseil de sécurité devrait évoquer la possibilité d’imposer des sanctions à l’Iran, Lavrov a répondu que la situation lui rappelait les semaines qui ont précédé l’invasion de l’Irak par les États-Unis, en 2003, lorsque le Conseil de sécurité débattait de la présence en Irak d’armes de destruction massive. « Je ne crois pas que nous devrions nous engager dans quelque chose qui pourrait se transformer en prophétie défaitiste qui se réalise. » À Paris, le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a déploré que l’Iran n’ait pas saisi la main tendue par les Européens et la Russie et a estimé que la « crise de confiance » sur le programme nucléaire restait entière. Il a affirmé que la France « assumera ses responsabilités » au Conseil de sécurité « avec le souci de préserver l’unité de la communauté internationale mais aussi avec la volonté de rester ferme face à tous les risques de prolifération ». Le chef de la diplomatie française s’est néanmoins dit convaincu que des solutions existent si un dialogue « sincère et honnête » s’instaure. Mais l’heure n’était pas à l’apaisement, hier, entre l’Iran et les États-Unis. Un haut responsable iranien a en effet averti que Téhéran infligerait « du mal et des souffrances » en réponse à toute sanction que Washington réussirait à faire adopter à son encontre par le Conseil de sécurité. « Nous avons deux options. Celle du compromis et de la coopération et celle de la confrontation. Nous espérons que la première l’emportera. Mais dans tous les cas, nous continuerons nos activités de recherche » en matière d’enrichissement, a encore dit Javad Vaïdi, numéro deux du Conseil suprême iranien de la sécurité nationale. La Maison-Blanche a immédiatement condamné le caractère « provocateur » de cette déclaration. Baradei a dit regretter l’échec d’un compromis proposé par les diplomaties russes et de l’UE qui aurait permis à l’Iran de se servir de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques tout en écartant le risque d’une utilisation du nucléaire à des fins militaires. Mais il a noté que tous les pays représentés au Conseil des gouverneurs avaient souligné que la saisine du Conseil de sécurité constituait une « nouvelle phase de la diplomatie » et non un basculement rapide vers l’adoption de possibles sanctions qui, de l’avis de responsables de l’AIEA, risque de renforcer le camp des « faucons » iraniens. Il a aussi exhorté les États-Unis à « s’engager dans un dialogue avec l’Iran ». Quelques heures auparavant, Kofi Annan avait invité les États-Unis à modérer leurs propos à la suite d’une mise en garde du vice-président Dick Cheney, qui a brandi la menace de « conséquences significatives » si l’Iran persistait à défier la communauté internationale dans le domaine nucléaire.
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohammad el-Baradei, a exhorté hier les dirigeants occidentaux et iraniens à « baisser le ton » dans le bras de fer qui les oppose au sujet du programme nucléaire iranien.
« Ce qu’il nous faut, au stade actuel, c’est une approche de sang-froid, c’est baisser le ton. Le Moyen-Orient est une région...