SEMAINE DE LA MODE Londres se démarque

La Semaine de la mode de Londres, qui se tient traditionnellement à la mi-février, a été marquée d’emblée par la note aiguë des couleurs criardes et osées du couturier indien Manish Arora, qui contrastait avec les créations sombres des valeurs plus établies que sont Paul Smith et John Rocha. C’est donc un coup de punch et de blush que Manish Arora a offert au public en présentant une collection automne-hiver 2006/2007 associant les couleurs vives et brillantes du Rajasthan, dans le nord-est de son pays natal, à des coupes rappelant plutôt les pays voisins, notamment la Chine. Les robes ou jupes à volants, allant jusqu’aux genoux et portées avec des chaussettes de couleur, dominaient le défilé. Le rose, le vert, l’orange étaient partout. Manish Arora est l’un des rares jeunes talents présents à avoir appris la mode chez lui, en Inde, et non au Royaume-Uni. En Inde, il dessine notamment des costumes de cinéma pour Bollywood. Il a toutefois rendu hommage à Londres, qui l’a lancé sur la scène internationale l’année dernière, avec une robe imprimée aux motifs de gardes de la reine et du symbole du métro londonien. L’un des défilés les plus attendus de cette Semaine de la mode, qui s’est déroulée dans le cadre du Musée londonien d’histoire naturelle, était celui du so british Paul Smith Cet Anglais de 59 ans, qui rêvait de devenir cycliste mais a dû y renoncer à la suite d’un accident, a présenté une collection prudente, masculinisant les femmes et les habillant sombrement, en noir ou en marron. Rien à voir avec sa précédente collection automne-hiver, qui associait des coupes classiques à des couleurs vives (rouge, orange, violet) et des motifs dépareillés. Le créateur John Rocha, né à Hong Kong mais d’origine sino-portugaise, est également resté sage, avec une collection dominée de noir et parsemée de rouge. Le Britannique Julien MacDonald a fait sensation en dévoilant une collection de robes de soirée très « glamour », notamment portées par les mannequins stars Paris Hilton et Elizabeth Jagger. Avec 48 défilés prévus et quelque 5 000 personnes attendues, Londres a décidé de ne plus être la cousine pauvre de la mode face à Paris, New York ou Milan. En s’offrant la collection du chanteur Boy George en guise de bouquet final, la capitale britannique se démarque résolument du suivisme ambiant et annonce ses couleurs sous le signe de l’audace et de la créativité débridée.