Snowboardcross : pas de triplé olympique pour Karine Ruby

Karine Ruby, médaillée d’or en 1998 et d’argent en 2002, a dit adieu aux Jeux olympiques avec une triste 16e place en snowboardcross, hier, alors qu’elle était restée « scotchée » dans la neige fraîche le matin en qualifications, à la fureur du clan français. Ironie du sort, à seulement 28 ans, Ruby, « rideuse » peut-être la plus titrée de la jeune histoire de son sport, quitte la compétition pour aller se faire plaisir en freeride, faire du snowboard en liberté dans cette même poudreuse qui l’a déstabilisée à Bardonecchia et a en partie gâché ses adieux. En finale, l’Américaine Lindsey Jacobellis a inexplicablement laissé échapper une médaille d’or – qui aurait été la quatrième en quatre épreuves pour les États-Unis – en chutant au dernier saut après avoir voulu « graber » (attraper sa planche avec la main). Sa gourmandise d’adolescente de 20 ans a offert la victoire à la Suissesse Tanja Frieden, 30 ans. La Canadienne Dominique Maltais a, par ailleurs, pris la médaille de bronze d’une épreuve qui n’a pas souri aux Françaises, pourtant favorites. Un grain de sable – ou plutôt quelques gros flocons de neige – est en effet venu enrayer la belle machine à gagner des Bleues (six podiums dont trois succès à elles quatre cette saison en Coupe du monde). Julie Pomagalski a pris la 23e et dernière place, alors que Déborah Anthonioz et Marie Laissus se sont classées 10e et 8e. Cette dernière a toutefois laissé une belle impression. « En qualification, je me suis élancée alors qu’il y avait plusieurs centimètres de neige collante sur la piste », regrettait Ruby, partie dossard n° 1. Bilan : treize secondes de retard sur le meilleur temps ! Du jamais-vu. Le clan français a tout fait pour qu’elle puisse courir de nouveau. Peine perdue. En pleurs au départ de la 2e manche de qualification, Ruby est allée chercher sa qualification pour les finales, mais l’influx lui a manqué en quart, où elle a chuté. Rebelote en série de classement : d’autres larmes et une autre chute. « J’ai tout tenté, tout donné et j’ai manqué de réussite, a réagi la Chamoniarde, les yeux rougis. Demain ce sera oublié. » Le directeur de l’équipe de France de snowboard ne risque pas, lui, d’oublier de sitôt ces qualifications, qui ont également vu Pomagalski se faire piéger. « C’est une injustice incroyable, s’insurgeait-il après la finale. L’équité n’a pas été respectée, ça me fout “les boules” pour les coureurs et pour mon sport. Les organisateurs sont des amateurs. En ski alpin, ça ne serait jamais arrivé. Personne n’a dit aux volontaires de lisser la neige avant Karine. »