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Actualités - REPORTAGE

DÉVELOPPEMENT - Un Centre des métiers d’art sera officiellement inauguré au printemps Nouvelle mission pour la vieille ville de Byblos : pérenniser les métiers artisanaux folkloriques

La ville antique de Byblos fait reparler d’elle. Depuis près d’une décennie, Jbeil s’est taillée une place importante sur la carte touristique du pays, notamment suite aux nombreux changements que la ville a connus depuis 1998, après l’élection d’un nouveau conseil municipal. Avec son Festival international, son vieux souk et son Centre d’accueil et d’informations touristiques, Jbeil est sans conteste une attraction pour les touristes libanais et étrangers. Aujourd’hui, la ville s’est dotée d’une nouvelle mission. Celle d’assurer une pérennité des métiers artisanaux folkloriques, à travers son Centre des métiers d’art. Situé à l’entrée de la vieille ville de Jbeil, dans la rue du khan menant à la citadelle, le Centre des métiers d’art est logé dans un vieux khan de quelque 529m2, datant de la période ottomane. Il comprend six salles en voûte donnant sur un espace intérieur relié à un jardin. Le centre est une initiative de l’Association des amis de Byblos, présidée par l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi. ONG à but non lucratif, l’association a acheté le pas-de-porte du khan, le rénovant partiellement pour préserver autant que possible son aspect authentique. « Actuellement, nous transformons les lieux en une exposition permanente gratuite, en un centre de formation et en un atelier de travail pour les artisans », explique M. Cardahi. Le centre sera officiellement inauguré au printemps. La conception du Centre des métiers d’art est d’autant plus exceptionnelle que celui-ci fait la promotion des produits artisanaux tant au niveau national qu’international. « Aujourd’hui, les métiers d’artisans sont en voie de disparition à cause de la mauvaise commercialisation et de la mauvaise qualité du produit qui est trop souvent inadapté à la demande et au goût de l’acheteur, souligne M. Cardahi. Les artisans ont donc besoin d’une formation pour améliorer leur productivité, la qualité de leurs produits et parfois même leur conception. » Le centre répond donc au besoin de la commercialisation, en offrant un espace gratuit aux artisans engagés dans le programme de gestion du centre et en créant un lien avec l’étranger à travers les foires internationales, les biennales des artisans à titre d’exemple, afin de permettre aux artisans d’exporter leurs produits. Le centre assure par ailleurs une formation aux artisans. « Nous avons recours dans ce cadre à l’expérience de spécialistes qui ont déjà fait leur preuve, note M. Cardahi. Ils auront pour mission de former nos artisans locaux, de développer leur savoir-faire, leur méthode de travail et les produits qu’ils conçoivent de façon à répondre aux exigences et aux besoins du marché. Dans les locaux mêmes du centre, les artisans auront la possibilité de travailler dans des ateliers. Les visiteurs pourront ainsi se familiariser avec les produits et les méthodes de travail, et les artisans pourront, pour leur part, faire revivre des métiers qui se perdent. » Développer un réseau national d’artisans Dans un premier temps, le centre sera doté d’un atelier de verre soufflé, un atelier de poterie, des ateliers de mosaïque, de marqueterie, de couture, de broderie, de kilim, de bijoux artisanaux, d’« abbayas » et de babouches artisanales, ainsi que des objets souvenirs. Le hall principal restera libre et servira de lieu d’exposition itinérant. Le centre sera également doté d’une cafétéria pour assurer l’autofinancement des lieux. « Notre but est d’avoir un réseau d’artisans dans toutes les régions, ce qui est très important parce que cela aura un impact socio-économique direct sur ces personnes, leur permettant d’avoir un cadre de vie meilleur et favorisera leur intégration sociale », indique M. Cardahi. L’Association des amis de Byblos, qui présente à travers le Centre des métiers d’art un modèle de développement durable, compte sur des « mécènes », des « donations » et des plans de coopération et d’aide de sociétés ou d’institutions internationales pour pouvoir avancer dans son travail. « Cette initiative a, en soi, un grand rayonnement social non seulement pour la région de Byblos, mais aussi pour toutes les régions environnantes, notamment la région allant de Kesrouan à Koura, en passant par Batroun », insiste M. Cardahi, précisant que l’initiative n’est pas régionale et accueille les artisans des différentes régions. Pourquoi un Centre des métiers d’art ? « Parce que si l’artisanat libanais n’a pas une valeur ajoutée au niveau de la conception du produit et de son développement, il ne pourra pas être viable, répond M. Cardahi. C’est ce mariage entre le travail du designer et celui de l’artisan qui donne sa valeur ajoutée à ce métier et qui permet à l’artisan de vendre un produit d’une qualité supérieure à un meilleur prix, lui permettant ainsi de continuer à pratiquer ce métier. Donc, nous ajoutons à ce coût de main-d’œuvre le côté conceptuel artistique qui lui donne sa valeur ajoutée. » Sensibiliser les jeunes au patrimoine artisanal L’initiative de l’Association des amis de Byblos est une entreprise de longue haleine. « Le Festival international de Byblos est le moteur de toutes les activités à Jbeil, remarque Mme Guzin Cardahi, secrétaire générale du Festival international de Byblos. Pour pouvoir couvrir toutes les régions, nous avons créé en 2004 le Centre d’accueil et d’informations touristiques qui opère comme un Office du tourisme à l’européenne. Le touriste y trouvera donc toutes les informations concernant la région allant de Dbayeh à Chekka. Dans ce centre, il découvrira également toutes les brochures touristiques concernant le Liban, publiées par le ministère du Tourisme, ainsi que des films sur le pays. Ceux-ci peuvent être visionnés dans la salle polyvalente du centre où des séminaires et des conférences sont également organisés à l’intention des habitants de la région et pour mieux attirer l’attention vers le centre. » L’objectif principal est d’offrir un produit différent, susceptible d’attirer les touristes vers Jbeil. C’est un travail à long terme, dont le but ultime demeure la promotion des aspects culturel, social et économique de la ville. L’année 2005 a ainsi été clôturée par une exposition de vente de produits artisanaux de Noël, qui s’est déroulée dans les locaux du Centre des métiers d’art. L’événement, qui a connu un succès malgré la période difficile par laquelle passait le pays, a été organisé par le Festival international de Byblos, en collaboration avec le Centre d’accueil et d’informations touristiques et l’Association des amis de Byblos. « Ce Centre des métiers d’art ne vise pas uniquement à créer un artisanat permanent, mais à former les jeunes et les personnes qui le désirent à ces métiers qui se perdent, à travers des sessions de formation qui seront données au centre, constate Mme Cardahi. Si elles le désirent, ces personnes pourront par la suite faire partie du réseau d’artisans que nous créons dans le pays. Mais pour ce faire, elles devront travailler conformément aux normes que nous définissons. Le centre se chargera de commercialiser les produits. Nous allons en fait essayer de créer de nouveaux modèles qui porteront la griffe du Centre des métiers d’art de Byblos. Nous allons donc devoir collaborer avec des designers et nous avons la possibilité de le faire grâce au soutien de la communauté européenne. » « Notre objectif principal consiste à faire revivre ces artisanats, à sensibiliser les jeunes à ce patrimoine et à trouver un marché pour ces produits, relève pour sa part Mme Latifé Lakkis, présidente du Festival international de Byblos. Mais il est aussi important de redonner le cachet libanais aux produits artisanaux. Et pour sensibiliser les gens à notre activité, nous allons dans un premier temps collaborer avec le Rotary Club de Jbeil pour organiser des sessions de formation dans les écoles et les sensibiliser à notre action. » Nada MERHI
La ville antique de Byblos fait reparler d’elle. Depuis près d’une décennie, Jbeil s’est taillée une place importante sur la carte touristique du pays, notamment suite aux nombreux changements que la ville a connus depuis 1998, après l’élection d’un nouveau conseil municipal. Avec son Festival international, son vieux souk et son Centre d’accueil et d’informations...