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Actualités - CHRONOLOGIE

Représailles kafkaïennes pour faire taire les dénonciateurs des services de sécurité US

Évaluations psychologiques mensongères, menaces, limogeage, licenciement... les services de sécurité américains déterminés à cacher leurs erreurs se livrent à des représailles kafkaïennes pour faire taire les dénonciateurs, selon des victimes. Un colonel du renseignement bardé de médailles, Anthony Shaffer, a même raconté qu’il avait été accusé d’avoir chipé des crayons appartenant aux États-Unis quand il avait 13 ans, et d’avoir accumulé pour 67 dollars de communications téléphoniques non professionnelles. Selon lui, le département de la Défense était tellement décidé à l’empêcher de témoigner sur une opération sensible que tout était bon pour le discréditer. Le colonel Shaffer témoignait mardi devant une sous-commission de la Chambre des représentants déterminée à mieux protéger des dénonciateurs légitimes. Pour Shaffer, un « dur » d’une quarantaine d’années qui reconnaît lui-même qu’il n’est « pas un boy-scout », la chute fut particulièrement dure : « J’étais une rock star », mais, « en un temps record » de quelques mois, il a été privé de tout accès à la moindre information secrète. Son crime : avoir révélé, dans le cadre très officiel de la commission d’enquête indépendante sur le 11-Septembre, qu’une opération du renseignement militaire lancée en 1999-2000, « Able Danger », avait accumulé de précieuses informations sur le réseau terroriste el-Qaëda qui n’ont pas été transmises à la police fédérale avant les attentats contre New York et Washington. Cette révélation enfreignait une règle de base, énoncée lors de la même audition par un jeune sergent : « On m’a dit que l’honneur de mon unité et de l’armée reposait soit sur la rétention de la vérité, soit sur des mensonges caractérisés. » Pour avoir exprimé des soupçons sur une collaboratrice, qui « présentait tous les signes de quelqu’un qui fait de l’espionnage », un agent de la très secrète NSA (National Security Agency) avec 15 ans d’expérience a lui aussi vécu un douloureux « voyage kafkaïen ». Ignorant que la mère de sa collaboratrice, originaire comme elle d’un « pays communiste », avait eu des fonctions très haut placées au département de la Défense, cet agent, Russell Tice, a essuyé des brimades en cascade : « surveillance par le FBI (police fédérale), purgatoire au service des voitures (...), interdiction d’accès à mes dossiers personnels, (...), accusations de harcèlement psychologique mystérieusement non étayées, menaces chez moi d’un agent de sécurité, bannissement de tout bâtiment de la NSA, (...) mutation dans un entrepôt éloigné pour un labeur brisant les reins », le tout se terminant par un licenciement en bonne et due forme. Entre-temps, « un psychologue de la NSA qui m’avait diagnostiqué comme paranoïaque avait reconnu que je ne présentais aucun signe habituel d’une maladie mentale ». L’audition a semblé révéler que la situation n’était guère plus enviable pour les civils. Un agent du FBI, « coupable » d’avoir dénoncé une erreur de procédure d’enquête, et un zélé fonctionnaire spécialiste de la sécurité des centrales nucléaires ont raconté des mésaventures similaires – discrédit, suspension des laissez-passer de sécurité et parcours judiciaire en forme de « labyrinthe » pour faire valoir ses droits. Le premier attend toujours, le second vient de partir en préretraite.
Évaluations psychologiques mensongères, menaces, limogeage, licenciement... les services de sécurité américains déterminés à cacher leurs erreurs se livrent à des représailles kafkaïennes pour faire taire les dénonciateurs, selon des victimes.
Un colonel du renseignement bardé de médailles, Anthony Shaffer, a même raconté qu’il avait été accusé d’avoir chipé...