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ÉDITION - Une réalisation éditoriale d’une richesse exceptionnelle, signée Saad Kiwan «Quatre siècles de culture de liberté au Liban»: trente regards sur les éléments constitutifs de la personnalité libanaise…

Éditeur, concepteur et graphiste, Saad Kiwan n’est plus à présenter. Les amateurs de beaux livres vous diront qu’il est «Le» spécialiste en la matière au Liban. Lui se définit plutôt comme un «passionné d’art et de lecture». Une affirmation dont témoignent ses nombreuses réalisations, alliant érudition et raffinement d’esthète. La dernière en date, «Quatre siècles de culture de liberté au Liban», en est un exemple éclatant. Somme impressionnante de textes de spécialistes, de documents et d’illustrations rares, apportant un éclairage nouveau sur les éléments constitutifs de la personnalité libanaise, cet ouvrage de bibliophilie, présenté en deux luxueux volumes de 500 pages chacun, «est le fruit d’une vie commune avec les livres et d’un engagement total dans l’art de leur fabrication», écrit Saad Kiwan dans son avant-propos. C’est aussi le fruit d’une généreuse collaboration entre Saad Kiwan et les imprimeurs Chemaly & Chemaly. Lesquels, pour célébrer les cinquante ans de carrière de Mouallem Chaker Chemaly, lui ont confié le soin de produire «un ouvrage qui fasse, en quelque sorte, le point sur l’état de l’impression et de l’édition dans notre pays en ce début du XXIe siècle». «Ils m’ont fait une confiance totale, me laissant l’entière liberté de choix, tant pour le thème que pour les collaborateurs, les budgets ou encore l’apparat technique», indique-t-il. 2500 illustrations et des documents rares Une carte blanche que Saad Kiwan a… remplie de couleurs magnifiques, celles des 2500 photos et illustrations (sélectionnées parmi un crédit de 15000) qui émaillent cet ouvrage et accompagnent les trente études écrites par vingt-huit universitaires et spécialistes en matière d’art, d’histoire, de littérature et de politique (parmi lesquels on retrouve Samir Frangié, Boutros Labaki, Fayçal Sultan, Mahmoud Zibawi, Charif Majdalani…). Ces textes, qui abordent aussi bien les débuts de l’imprimerie au Mont-Liban que le Collège maronite de Rome, l’épigraphie arabo-islamique de Tripoli, le mouvement intellectuel et littéraire de l’époque mamelouk et ottomane, les figures libanaises de la Nahda, ou encore le rayonnement de la presse libanaise, brossent le portrait de ce qu’il est convenu d’appeler «le modèle libanais». «Dans Quatre siècles de culture de liberté, nous avons essayé d’expliciter tous ces éléments, issus du climat de liberté et de l’indéfectible attachement des Libanais à leur démocratie, qui ont fait que le Liban est devenu un pays unique au monde. Un espace socioculturel généreux, susceptible de recevoir, d’assimiler, d’intégrer, d’amalgamer, mais surtout d’accepter la différence d’autrui et le respect de sa liberté.» «Le thème de l’ouvrage a été proposé par Antoine Douaihy, qui en a composé le plan éditorial et qui s’est attaché à établir les contacts avec les auteurs et à coordonner leurs travaux», tient à signaler le maître d’œuvre. Fresque historique impressionnante qui – mis à part une petite partie sur l’Antiquité (un texte sur la situation géohistorique du Liban, un autre sur l’invention et la diffusion de l’alphabet) et une autre sur le Moyen Âge (les inscriptions mamelouks à Tripoli et les chapelles rupestres du Mont Liban) – reconstitue, depuis la fin du XVIe siècle, «quand les Libanais ont commencé à s’ouvrir sur l’Europe et à s’arrimer sur le modèle européen», jusqu’au XXe siècle, ce climat de liberté qui a toujours prévalu au Liban et qui a toujours été le but ultime des Libanais. Cet ouvrage est aussi un hommage à la technologie. En véritable homme de défis – «j’aime faire des projets qui peuvent sembler utopiques», affirme-t-il –, Saad Kiwan a non seulement regroupé dans ces deux très beaux volumes une énorme masse documentaire, mais il s’est aussi amusé à accumuler les contraintes et les difficultés techniques pour mieux les surmonter. Ne lésinant ni sur le temps ni sur le nombre d’épreuves, il a reproduit, dans une sélection de couleurs la plus fidèle à l’originale, une immense iconographie. Il a également ponctué le livre de dépliants et a demandé à Fulvio Codsi de dessiner la couverture et les lettrines. Des découvertes passionnantes Un an et demi pour la conception, la préparation, les photos et les recherches iconographiques (menées avec toute une équipe de photographes et de documentalistes). «J’ai été parfois jusqu’à Alep, pour trouver un document rare, prendre une photographie inédite», signale-t-il. Et des découvertes inattendues et passionnantes. À l’instar du plus ancien manuscrit de Kalila wa Doumna, qui remonte à 739 de l’hégire, soit 1329, retrouvé dans un couvent à Sarba, ou des livres imprimés en Europe au XIVe siècle par des imprimeurs libanais renommés, comme ce Jacobus Luna (Yaacoub Ibn el-Hilal), imprimeur des Médicis! Puis un an et deux mois pour la réalisation, à laquelle il s’est exclusivement consacré. Cela donne, sur papier «couché mat» (de grand luxe et en format 29 x 40,5cm), une réalisation éditoriale d’une richesse exceptionnelle. Un ouvrage réunissant, dans une parfaite harmonie, la tradition de la Renaissance italienne, de l’ornementation et de l’enluminure à celle de l’arabesque. «J’appartiens à une génération à qui on a dit que le Liban est un pays unique au monde. Que c’est le lieu où se rencontrent l’Orient et l’Occident. Et où les Libanais doivent travailler pour que l’Orient et l’Occident fassent une synthèse. J’étais convaincu de cette idée à la lecture de Michel Chiha, de Georges Naccache, de René Habachi, etc. En tant que graphiste, je me devais donc de trouver une formule qui relie l’Orient et l’Occident», explique Saad Kiwan. C’est cette formule, fruit du savoir et du savoir-faire, de l’association entre «magnificence islamique et raffinement de la Renaissance», mais aussi de l’alliance de la technologie moderne et des traditions graphiques et de synthèse, qui signe la facture des œuvres de Saad Kiwan. Des monuments éditoriaux à la gloire du Liban. D’hier et d’aujourd’hui. Zéna ZALZAL * Quatre siècles de culture de liberté au Liban sera exclusivement disponible à la librairie al-Bourj (immeuble an-Nahar, centre-ville), à partir de la première semaine du mois de mars. Une souscription est déjà en cours. Les auteurs Divisé en trente grands chapitres, Quatre siècles de culture de liberté au Liban, outre un magnifique avant-propos signé Saad Kiwan, comprend des textes de : Chaker Ghadban, Antoine Kassis, Youssef Hourani, Youhanna Sader, Khaled Ziadé, Nasser Gemayel, Souad Abourrousse Slim, Michel Abrass, Sarkis Tabar, Basile Aggoula, Joseph Abou Nohra, Mohsen Yaamine, Thérèse Douaihy Hatem, Badih el-Hajj, Mahmoud Zibawi, Fayçal Sultan, Élias el-Khattar, Abdallah Mallah, Antoine Seif, Tanios Njaim, Boutros Labaki, Antoine Tohmé, Charif Majdalani, Mounzer Jaber, Joseph Élias, Antoine Messara et Samir Frangié.
Éditeur, concepteur et graphiste, Saad Kiwan n’est plus à présenter. Les amateurs de beaux livres vous diront qu’il est «Le» spécialiste en la matière au Liban.
Lui se définit plutôt comme un «passionné d’art et de lecture». Une affirmation dont témoignent ses nombreuses réalisations, alliant érudition et raffinement d’esthète. La dernière en date, «Quatre...