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ANTHROPOLOGIE La conquête du Grand Nord dans la préhistoire, source de créativité pour l’espèce humaine

La conquête du Grand Nord par les hommes préhistoriques a été entamée voici un demi-million d’années et a donné une stimulation sans précédent à l’évolution et au potentiel créatif de l’espèce humaine. C’est ce qu’estime le préhistorien canadien Patrick Plumet, dans un article à paraître aujourd’hui dans les Comptes rendus de l’Académie française des sciences. Selon ce spécialiste de la préhistoire américaine et des peuplements du Grand Nord à l’université du Québec à Montréal, l’homme, pourtant d’origine tropicale (africaine), a essaimé vers le Nord en profitant de l’émersion des terres en période glaciaire. Jusqu’à la latitude de la Méditerranée, les premiers humains partis du berceau africain, « Homo erectus » et ses proches cousins, ont connu des changements climatiques et écologiques assez négligeables. Plus au nord, tout devenait différent, le climat était plus rude : depuis 800 000 ans, la durée des périodes froides était supérieure à celle des périodes chaudes, et, lors des glaciations, le développement des calottes glaciaires et des inlandsis (terres intérieures glacées) modelait les terres accessibles. Le niveau général des mers baissait à mesure que les glaciers se développaient, faisant émerger des plateaux continentaux, par exemple autour des îles de l’actuelle Indonésie, entre l’Eurasie et l’Amérique du Nord dans l’isthme de Béring, tout comme entre les îles Britanniques et l’Europe continentale réunies par une plaine. Les frontières naturelles telles que nous les connaissons aujourd’hui n’existaient donc pas. Lors des phases les plus froides, le Grand Nord (terme par lequel le chercheur montréalais désigne la zone géographique dans laquelle les populations humaines ont affronté des conditions plus ou moins comparables à celles de l’Arctique d’aujourd’hui) a connu des températures moyennes de -30 à -45 degrés Celsius en hiver (et jusqu’à -100°C à certains endroits) et entre 10 et 13 degrés au-dessus de zéro en été. Qui plus est, « l’homme s’est aventuré loin vers le nord bien avant qu’il ne dispose de vêtements et peut-être du feu, utilisé sinon domestiqué il y a sans doute un peu plus de 50 000 ans », note Patrick Plumet. Le préhistorien base son argumentation sur le fait que les Fuégiens (habitants de la Terre de Feu, à l’extrême sud de l’Argentine) vivaient presque nus dans la neige et que les Esquimaux du Caribou, dans le Grand Nord canadien, n’utilisaient guère la lampe à huile pour se chauffer en hiver : la chaleur humaine leur assurait une température de 6 à 8°C sous l’igloo, alors qu’elle était de -40°C à l’extérieur. Chasseurs attirés par la richesse de la faune du Grand Nord (mammouths, bisons, chevaux, rennes...), les pionniers préhistoriques furent « le fruit d’une sélection de capacités plus intellectuelles, sociales et culturelles que physiques ». « Faut-il en conclure que les difficultés et les risques sont des facteurs d’humanité ? » se demande l’auteur de l’article publié dans la série Palevol (consacrée à la paléontologie et à l’évolution) des Comptes rendus de l’Académie. Selon lui, les nouveaux environnements extrêmes à conquérir sont les milieux sous-marins et l’espace où, « peut-être, dans une confrontation raisonnée avec les risques de l’inconnu, continuera de se forger l’avenir de l’humanité ».
La conquête du Grand Nord par les hommes préhistoriques a été entamée voici un demi-million d’années et a donné une stimulation sans précédent à l’évolution et au potentiel créatif de l’espèce humaine. C’est ce qu’estime le préhistorien canadien Patrick Plumet, dans un article à paraître aujourd’hui dans les Comptes rendus de l’Académie française des...