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PRIX PHÉNIX Charif Majdalani et Olivier Germain-Thomas : deux lauréats pour une dixième édition

L’on ne pouvait qu’éprouver un serrement de cœur en pénétrant, hier, au siège de la banque Audi, à Bab Idriss, où avait lieu, comme chaque année, la remise du Prix Phénix, sponsorisé par le grand établissement bancaire. Et pour cause, l’an passé, c’était Samir Kassir qui, entouré des siens – parents et amis, mais aussi personnalités culturelles et politiques, dont son rédacteur en chef, Ghassan Tuéni – y recevait ce prix, les yeux brillant de fierté. Une fierté qui se lisait sur la photo souvenir, agrandie et projetée sur le mur, de Samir Kassir posant, son Phénix 2004 à la main, entouré de MM. Raymond Audi, Georges Audi et Alexandre Najjar. L’ombre du journaliste martyr planait donc sur cette édition du Phénix 2005. Lequel a été attribué ex aequo à Charif Majdalani pour son Histoire de la grande maison (éditions du Seuil) et à Olivier Germain-Thomas pour Un matin à Byblos (éditions du Rocher) « Un Prix Phénix qui revêt, cette année, une double importance, a affirmé le PDG de la banque, Raymond Audi, car, d’une part, il s’agit de la dixième édition de ce prix fondé en 1996 (…) pour renforcer les liens entre le Liban et la France ainsi que pour défendre une certaine idée de la francophonie. Et, d’autre part, cette édition est également importante, car elle survient dans un contexte d’espoir pour le Liban, après une série d’événements tragiques au cours desquels des personnalités comme le regretté Rafic Hariri ou les journalistes Gebran Tuéni et Samir Kassir ont perdu la vie. » Évoquant, avec émotion, le souvenir de Samir Kassir, M Audi a affirmé que si ce dernier laisse un très grand vide, il continuera néanmoins à « vivre parmi nous, grâce à ses écrits remarquables et à l’esprit de liberté qu’il nous a insufflé ». Responsable et initiateur de ce prix qui est aujourd’hui le prix littéraire le plus important au Liban, l’avocat-écrivain Alexandre Najjar a présenté chacun des deux lauréats, et a donné un bref aperçu de leurs ouvrages. Saluant « l’entrée en littérature par la grande porte de Charif Majdalani, directeur du département de lettres françaises de l’USJ », Alexandre Najjar a signalé que « l’Histoire de la grande maison a fait sensation, puisque ce premier roman (une fresque historique qui se situe au temps de la grande famine au début du XXe siècle) a été retenu par toutes les listes des prix littéraires de la rentrée et qu’il a obtenu les éloges de la critique. Olivier Germain-Thomas (écrivain, journaliste et éditeur, grand spécialiste de l’Extrême-Orient et fervent gaulliste) a, pour sa part, offert à Byblos l’un de ses plus beaux livres », a-t-il poursuivi. « Un matin à Byblos, paru aux éditions du Rocher, nous propose une réflexion profonde sur l’écriture et le langage, tout en rendant hommage à cette ville considérée comme le berceau de l’alphabet. L’écriture remarquable d’Olivier Germain-Thomas, sa culture encyclopédique, sa capacité à faire dialoguer les cultures ont séduit le jury du Prix Phénix », a assuré l’avocat-écrivain. Qui n’a pas manqué, par ailleurs, de rendre hommage à Samir Kassir et à Mirèse Akar, notre ancienne collaboratrice, décédée il y a quelques mois et dont le premier roman (Je ne suis là pour personne) était également en compétition pour le prix de cette année. Après la remise des prix (des chèques, assortis d’une médaille de la Monnaie de Paris), les lauréats ont, à tour de rôle, pris la parole pour exprimer leur gratitude et leur émotion. Olivier Germain-Thomas a ainsi témoigné de son amour pour le Liban, de sa fierté à succéder, par l’obtention de ce prix, à Samir Kassir – « que j’avais interviewé dans mon émission Fort intérieur, sur France Culture » – et de son bonheur de se retrouver aux côtés de Charif Majdalani, dont il a beaucoup apprécié le livre. Évoquant le mythe du Phénix qui renaît de ses cendres, l’auteur français a assuré qu’il s’agirait pour lui d’« une incitation à se débarrasser des vieilles peaux, des habitudes et des facilités d’écriture ». Charif Majdalani s’est dit, pour sa part, « très ému pour d’innombrables raisons. Celle de se trouver assis devant la photo de Samir Kassir (avec qui il avait collaboré au temps de L’Orient-Express). Mais aussi d’avoir décroché ce prix, première véritable instance de consécration littéraire libanaise ». D’autant, a-t-il souligné, que ce livre est d’abord un roman libanais s’adressant en premier à un public libanais. Revendiquant même sa « libanité » dans l’écriture, émaillée de termes arabes ou français propres au pays, Charif Majdalani a assuré n’avoir pas voulu « faire un roman historique, mais un roman dans lequel les Libanais se réapproprieraient une partie de leur histoire, souvent occultée par l’histoire officielle ». Dix ans déjà Ce prix, créé en 1996 à Villeneuve-sur-Lot par un groupe de journalistes libanais et français, récompense, chaque année, un ouvrage écrit en français par un Libanais ou un ouvrage sur le Liban écrit par un auteur francophone. Il a été attribué, entre autres, à Ghassan Salamé (premier Prix Phénix en 1996, pour son essai Appels d’empire. Éd. Fayard), à Denise Ammoun, pour son Histoire du Liban contemporain (Fayard), à Richard Millet pour sa pièce L’Accent impur (Dar an-Nahar), à Joseph Chami pour son Mémorial du Liban et à Samir Kassir pour son Histoire de Beyrouth (Fayard)… Z. Z.
L’on ne pouvait qu’éprouver un serrement de cœur en pénétrant, hier, au siège de la banque Audi, à Bab Idriss, où avait lieu, comme chaque année, la remise du Prix Phénix, sponsorisé par le grand établissement bancaire. Et pour cause, l’an passé, c’était Samir Kassir qui, entouré des siens – parents et amis, mais aussi personnalités culturelles et politiques,...