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EXPOSITION - À la galerie Agial, jusqu’au 18 février Les continents colorés de Mohammad Omar Khalil

Du noir le plus secret et le plus profond aux couleurs vives les plus volatiles, les œuvres de Mohammad Omar Khalil, accrochées à la galerie Agial jusqu’au 18 février, oscillent entre yin et yang, le visible et l’invisible. Passé maître dans l’art de la gravure et enseignant dans plusieurs universités et instituts américains, Mohammad Omar Khalil est considéré comme une comète qui gravite librement depuis des décennies dans l’univers de l’art. De Khartoum, où l’artiste soudanais poursuit des études de beaux-arts, en passant par Florence, où il développe les différentes techniques de gravure et de lithographie, jusqu’aux États-Unis, où il s’est enfin installé il y a trente ans, c’est toujours la recherche de la couleur et de la matière justes qui domine son travail. Une mosaïque de couleurs Forte ou délavée, sa palette possède une puissance de langage issu de trois continents à la fois. Chaud et argileux, comme les plaines du Soudan africain, rigoureux, comme l’Amérique au modernisme glacé, et vivant, comme cet autre continent mystérieux et métaphysique, celui de la foi et du soufisme, Mohammad Omar Khalil, c’est tout ça à la fois. «Je suis né au Soudan, dit-il, dans un pays où la couleur est ternie par la poussière. Tout le monde là-bas est vêtu de blanc. Mais lorsque la nuit tombe, le noir est absolu. C’est ce contraste que j’ai toujours voulu refléter dans mes travaux. Un contraste qui révèle ce qu’est la nature humaine, en touches blanches et noires comme la musique d’un piano. » À la fois tactiles et sensuels, ses mixed-médias s’ouvrent vers un univers illimité. Pour l’artiste, une erreur n’en est jamais une. Elle est probablement un accident de parcours qui survient, tel un heureux hasard, comme un procédé d’apprentissage qui entraîne le peintre dans des lieux inexplorés « On apprend plus en commettant des erreurs qu’en étant toujours parfait. Et, finalement, c’est la manière dont on se sert de la technique qui fait toute la différence. » Une expression libre Tout support, toute forme, tout matériau est bon pour enrichir l’expression de l’œuvre picturale de Mohammad Omar Khalil, qui balance entre le profane et le religieux, le dit et le non-dit. En strates, telles des couches de mémoire, l’iconographie sur laquelle s’articule l’œuvre est particulière. Avec des timbres-poste (datant du règne du roi Farouk), des fleurettes, des bouts d’étoffes ou des cannettes comprimées, débris d’une civilisation occidentale mais à la fois « tessons misérables d’une civilisation périmée » (comme le dit Hugo Ball, peintre dadaïste), l’artiste plonge dans un monde fait d’allusions et d’imaginaire ; une mixture de nostalgie du passé et de bond vers le futur. À la fois intrigant mais tellement authentique, subversif mais tellement poétique, son travail, fait d’intériorisation, brise toutes les limites du cadre dans lequel il est confiné. D’ailleurs, la forme et le genre du support l’intéressent peu. L’artiste les manipule, les tord et les façonne à sa guise afin qu’ils servent fidèlement ses intentions. Celles d’emmener tous les sens conjugués ailleurs… Et dans tous les sens. Une exposition qui vaut le détour. Colette KHALAF
Du noir le plus secret et le plus profond aux couleurs vives les plus volatiles, les œuvres de Mohammad Omar Khalil, accrochées à la galerie Agial jusqu’au 18 février, oscillent entre yin et yang, le visible et l’invisible.
Passé maître dans l’art de la gravure et enseignant dans plusieurs universités et instituts américains, Mohammad Omar Khalil est considéré comme...