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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE Depuis la mort de Arafat, le parti n’a pas trouvé un leader fort La corruption et le processus de paix moribond ont eu raison du Fateh

Le Fateh de Mahmoud Abbas, qui a perdu les élections législatives face aux islamistes du Hamas, paie le prix de dix années de pouvoir qui ont laissé un goût amer à la population palestinienne. Le mouvement Fateh a été fondé il y a plus de 40 ans par le défunt leader historique des Palestiniens Yasser Arafat, et était devenu la force dominante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Lors des législatives de 1996, les premières jamais organisées dans les territoires palestiniens, le Hamas avait boycotté le scrutin pour protester contre les accords d’Oslo (1993) sur l’autonomie palestinienne qui ont mis en place le Conseil législatif (CLP – Parlement). Le Fateh avait alors remporté la majorité absolue des sièges au Parlement. L’euphorie a vite laissé la place à la désillusion, alors que le processus de paix s’enlisait avant que la deuxième intifada n’éclate en septembre 2000. Selon des analystes, la déroute du Fateh aux législatives est due à son impuissance à assurer la paix et la sécurité aux Palestiniens et à la corruption généralisée au moment où la pauvreté et le chômage explosent. « Les électeurs ont choisi de punir l’Autorité palestinienne telle que représentée par le Fateh pour sa mauvaise gestion durant la décennie écoulée », affirme Nachat al-Aqtach de l’Université de Bir Zeit, en Cisjordanie. « Ajoutez à cela qu’aucune solution politique n’est en vue à l’horizon et que l’occupation perdure », ajoute le politologue. M. Abbas a admis récemment que le Fateh faisait face à des problèmes, qu’il devait en trouver les causes et rectifier ses « erreurs ». Le Fateh a également souffert d’un trop plein d’assurance, qui a conduit la vieille et la jeune garde du mouvement à présenter deux listes de candidats à la commission électorale centrale. Même si les deux bords ont fini par présenter une liste unifiée, le mal était déjà fait. « Les luttes au sein du Fateh et les divisions dont nous avons été témoins sont la cause principale de la défaite du Fateh », admet un responsable de ce mouvement Adnane Damiri, qui n’a pas réussi à remporter un siège à Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. Le Hamas, qui participait pour la première fois aux élections législatives, a été capable de présenter un front uni et imposé une discipline rigoureuse à ses candidats du début de la campagne jusqu’au scrutin. Par ailleurs, le désir de Arafat de contrôler le gouvernement et le Fateh était légendaire. Depuis sa mort en novembre 2004, aucun dirigeant réel du Fateh n’a émergé. Le chef du mouvement est officiellement Farouk Kaddoumi, un radical qui vit toujours en exil à Tunis, alors que M. Abbas préside les réunions du Comité central du Fateh dans les territoires. Mais le responsable le plus populaire du mouvement n’est autre que Marwan Barghouthi, emprisonné à vie en Israël, accusé d’implication dans de nombreuses attaques meurtrières. « Nous devons prendre en considération les problèmes auxquels fait face le Fateh depuis la mort de Arafat. Le parti n’a pas trouvé un leader fort », estime l’analyste politique Mamdouh Nawfal. Selon lui, la défaite du Fateh est avant tout liée au statu quo au niveau du processus de paix. « C’est la conséquence de l’échec du processus de paix et de l’escalade israélienne. » Le Premier ministre israélien Ariel Sharon et M. Abbas ont lancé il y a près de trois ans la « feuille de route ». Ce plan de paix international prévoyait l’établissement d’un État palestinien fin 2005, un but qui paraît de plus en plus lointain. Hisham ABDALLAH (AFP)
Le Fateh de Mahmoud Abbas, qui a perdu les élections législatives face aux islamistes du Hamas, paie le prix de dix années de pouvoir qui ont laissé un goût amer à la population palestinienne.
Le mouvement Fateh a été fondé il y a plus de 40 ans par le défunt leader historique des Palestiniens Yasser Arafat, et était devenu la force dominante de l’Organisation de...