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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - « Âge tendre et gueule de bois » au Monnot, jusqu’au 5 février, 20h30 Une génération en pleine errance

Cinq jeunes trentenaires, face à eux-mêmes et à leur devenir, prennent la parole et tentent d’exprimer leurs angoisses durant plus d’une heure sur les planches du théâtre Monnot. Produite par la société «…né à Beyrouth», l’œuvre théâtrale et audiovisuelle de Guillaume Hincky, interprétée par la compagnie Range ta chambre (essentiellement composée de comédiens libanais), «Âge tendre et gueule de bois», est présentée jusqu’au 5 février. «Qu’est-ce que c’est d’avoir trente ans dans ce monde? Et pourquoi cette génération s’est-elle éveillée si tard à la politique?» Deux questions-clefs que fait poser le jeune réalisateur aux comédiens qui, aussitôt, entament un dialogue vivant avec le public. Seuls sur scène ou en voix off, Camille Brunel, Lynn Kodeih, Marwa Khalil, Omar Abi Azar et Rami Nihawi sont cinq jeunes gens qui ressemblent à des milliers d’autres de leur âge. Revenus de toutes les idéologies (marxiste, léniniste, capitaliste ou totalitariste) sans avoir pourtant été nulle part; ayant tout vécu sans avoir rien expérimenté, ils en sont là à faire un état des lieux. «On nous Claudia Schiffer, on nous Paul Lou Sullitzer», fredonne Alain Souchon qui s’insurge sur le formatage des esprits dans notre monde moderne. En effet, de l’extermination des baleines à l’Intifida, en passant par la famine en Éthiopie ou les pellicules capillaires, l’excision des femmes ou encore les prothèses mammaires… Autant de maux qui envahissent la planète et dans lesquels se démène une génération en perdition. Noyés par des discours dithyrambiques, phagocytés par les médias, ballottés par le «ferme ta gueule» du fascisme et le «cause toujours» de la démocratie, ces trentenaires «sans colonne vertébrale», en mal de vivre et en quête d’identité, enfermés dans un corps de trente ans mais dans un esprit d’adolescent, se débattent, se révoltent. Un état des lieux Constat d’impuissance dressé par Guillaume Hincky (lui-même trentenaire), le spectacle semble effectuer une sorte d’introspection thérapeutique sur scène. Servie par des textes d’auteurs comme ceux de Wajdi Mouawad, Philippe Minyana, Rodriguo Garcia et d’autres… ainsi que par les improvisations personnelles des comédiens, la pièce balance entre appel de ralliement des Béruriers noirs et la teinte mélancolique de la chanson d’Alain Bashung. «Je suis noir de monde. Qu’on me disperse à tous les vents. À moi s’agrippent des grappes de tyrans.» Ce n’est pas du désespoir que proposent le réalisateur Guillaume Hincky et la troupe Range ta chambre, ni des réponses bien léchées, mais une recherche personnelle reflétant les inquiétudes de toute une génération et d’un monde en dérive. Le spectacle se termine sur ces recommandations: «Soyons passion… ne vous inquiétez pas, les erreurs, nous les referons.» Proférés sans prétention et avec beaucoup de pudeur, ces mots sont un cri de douleur qui vous prend aux tripes. Loin des dialogues aseptisés et plus proches des coups de gueule, ils appartiennent à une génération qui n’a pas perdu son âme d’adolescent. Des mots qui vont droit au cœur. Colette KHALAF

Cinq jeunes trentenaires, face à eux-mêmes et à leur devenir, prennent la parole et tentent d’exprimer leurs angoisses durant plus d’une heure sur les planches du théâtre Monnot. Produite par la société «…né à Beyrouth», l’œuvre théâtrale et audiovisuelle de Guillaume Hincky, interprétée par la compagnie Range ta chambre (essentiellement composée de...