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Actualités - REPORTAGE

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Spécial LE FIGARO Religion Benoît XVI et la discipline de l’amour Hervé YANNOU L’amour et la charité doivent être au cœur de l’action de l’Église catholique dans un monde où « l’on associe parfois la vengeance au nom de Dieu, ou même le devoir de la haine et de la violence ». Sa première encyclique, Benoît XVI a voulu l’ancrer dans l’actualité, sans en faire un programme de gouvernement. Intégralement dévoilée hier, bien que signée du 25 décembre dernier, Deus caritas est (« Dieu est Amour ») est à la fois une réflexion théologico-philosophique sur l’amour et un enseignement concret sur la charité chrétienne face au sécularisme, au libéralisme et à l’étatisme. Ce texte de 78 pages porte la griffe de Benoît XVI. Dans un style didactique bien différent de celui de Jean-Paul II, citant la Torah, Nietzsche et Descartes, il a voulu répondre aux reproches faits « au christianisme du passé d’avoir été l’adversaire de la corporéité ». Rien de normatif. Le pape veut réconcilier l’éros, la sensualité, l’amour passion et païen avec l’agape, l’amour fondé dans la foi chrétienne. Pour lui, la façon « d’exalter le corps » est « trompeuse ». Le terme amour, « galvaudé », a perdu son sens. « La fausse divinisation de l’éros » le rabaisse au simple « sexe ». « L’archétype de l’amour » est celui entre un homme et une femme dans le cadre du mariage. « L’éros a besoin de discipline, de purification », pour donner « non pas le plaisir d’un instant, mais un certain avant-goût du sommet de l’existence ». Jean-Paul II abordait déjà la sexualité à la lumière de la divinité de l’homme et pas uniquement du point de vue de l’animalité et du péché. Pour son successeur, l’amour « n’est pas seulement un sentiment », c’est la « véritable découverte de l’autre », l’amour de Dieu et l’amour du prochain. De cet amour, le pape tire une leçon pratique pour l’action catholique. « La charité n’est pas pour l’Église une sorte d’assistance sociale qu’on pourrait laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature. » Il revient aux sources du christianisme pour réaffirmer l’identité catholique du XXIe siècle. Benoît XVI ne veut pas de tartuffes. Il ne suffit pas « d’être pieux et d’accomplir ses devoirs religieux », mais il faut être attentif à l’autre, sinon la « relation à Dieu se dessèche ». Il demande ainsi aux États de prendre leurs responsabilités en matière de justice sociale et justifie l’apport spécifique des œuvres caritatives de l’Église dans la société laïcisée. Si la recherche d’une société et d’un État plus justes relève du politique, Benoît XVI pointe l’échec du marxisme, condamne à la fois l’État « vaurien », « qui ne serait pas dirigé selon la justice », et l’État « bureaucratique » qui, voulant « pourvoir à tout », ne peut assurer l’essentiel dont « l’homme souffrant a besoin ». Entre les deux, la doctrine sociale de l’Église « indépendante des partis, des idéologies » et rejetant le « prosélytisme » est une « force ». Elle « s’étend bien au-delà des frontières de la foi chrétienne » et, rappelle le pape, dépasse la simple philanthropie.
Spécial LE FIGARO
Religion
Benoît XVI et la discipline de l’amour

Hervé YANNOU

L’amour et la charité doivent être au cœur de l’action de l’Église catholique dans un monde où « l’on associe parfois la vengeance au nom de Dieu, ou même le devoir de la haine et de la violence ». Sa première encyclique, Benoît XVI a voulu l’ancrer dans l’actualité, sans...