SPECTACLE Au Monnot, du 26 janvier au 5 février, 20h30 Guillaume Hincky donne la parole à « Âge tendre et gueule de bois »

Produite par la société «…né à Beyrouth » et présentée au théâtre Monnot à partir du 26 janvier, Âge tendre et gueule de bois est une œuvre théâtrale qui dresse un constat sur une génération en totale perdition, qui n’en finit pas de se poser des questions. Venu au Liban en novembre dernier pour y créer des ateliers de théâtre et rencontrer des gens du métier, Guillaume Hincky, comédien français et réalisateur de la pièce, avait présenté, aux Estivales de Deir el-Qamar, une première pièce-monologue de l’auteur égypto-libanais Adel Hakim, intitulée Exécuteur 14. Un bilan à trente ans Après des cours classiques à l’École supérieure d’art dramatique en France, ce jeune comédien s’était très vite tourné vers des expériences théâtrales diverses qui ont aussitôt enrichi son univers artistique. Aux côtés de Benoît Lambert (jeune agrégé en sciences sociales et économie du spectacle) et d’autres collègues, il avait créé le théâtre de « La Tentative » qui s’est attelé, depuis sa création, à dresser un bilan des utopies révolutionnaires et de l’état d’une « génération revenue de tout sans avoir été nulle part», comme il le dit. Le spectacle présenté au théâtre Monnot est en quelque sorte le résumé de ce bilan. « Qu’est ce que c’est que d’avoir trente ans dans ce monde ?» se demande Guillaume Hincky. Réalisée à partir de collages de textes choisis par le réalisateur lui-même (entre autres ceux d’Hubert Colas, Xavier Durringer, Rodrigo Garcia et Wajdi Mouawad) et d’improvisations effectuées par les comédiens, l’histoire est celle de la «Bof génération» qui n’a pas encore grandi car on ne lui a pas permis de le faire. L’histoire d’une génération prise en sandwich et à qui on a interdit la parole. Entre des parents qui prétendent avoir vécu toutes les guerres et une jeunesse qui pointe arrogamment son nez, les ados de trente ans (car ils en ont encore l’âme) n’ont pas encore eu voix au chapitre. Une voix pourtant responsable de l’avenir et que les cinq comédiens, choisis après un long casting et des ateliers de travail, essayent de faire entendre sur scène. En s’adressant au public, c’est une recherche d’identité, un cri de ralliement que lancent Camille Brunel, Lynn Kodeih, Marwa Khalil, Omar Abi Azar et Rami Nihawi sur fond de musique alternative rock punk des « Béruriers noirs» ou des textes d’Alain Bashung. Bilan autobiographique ou thérapie de groupe ? Tout en pudeur, le spectacle de Guillaume Hincky ne veut ni moraliser ni imposer des idées, mais simplement faire réfléchir…et, peut-être, dépoussiérer les acquis. Colette KHALAF