INDUSTRIE - Le ministre dresse un premier bilan de son programme Gemayel : 80 % du plan d’urgence a déjà été appliqué

Lorsque le ministre de l’Industrie, Pierre Gemayel, avait annoncé son programme en septembre dernier, « L’industrie pour la jeunesse libanaise 2010 », il s’était donné cent jours pour appliquer la première étape de ce plan. Dans un entretien à L’Orient-Le Jour, M. Gemayel a donc dressé un premier bilan des réalisations de son ministère. « Une grande partie du plan d’urgence, environ 80 % de la première étape du programme, a été mise en œuvre », a estimé le ministre. Dans le programme, la priorité avait d’abord été donnée à la baisse du coût de l’énergie pour les industriels qui souffrent des prix les plus élevés de la région. À ce propos, M. Gemayel estime que la baisse du prix du fuel et la subvention du mazout auraient permis des économies de l’ordre de 30 % dans le secteur. La deuxième initiative annoncée dans le plan était la mise en place de mesures de sauvegardes pour certains produits industriels. « Des réunions ont actuellement lieu avec les ministres des Finances et de l’Économie, Jihad Azour et Sami Haddad, ainsi qu’avec le président de l’Association des industriels, Fady Abboud, pour établir la liste de produits importés qui seront momentanément taxés pour protéger la production locale », a expliqué le ministre. Le troisième point du plan d’urgence était le développement des exportations. À ce propos, le ministre s’est félicité de l’initiative prise avec le ministre des Finances, pour réduire les coûts à l’exportation de moitié grâce à une simplification des formalités administratives et à la réduction d’un certain nombre de taxes au port de Beyrouth. Enfin, concernant l’aide au financement industriel promise dans le programme, M. Gemayel a d’abord mentionné l’approbation du Parlement d’une aide de 60 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement. Puis il a assuré que des réunions ont eu lieu avec le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, ainsi qu’avec des responsables de Kafalat, pour encourager les banques privées à financer le secteur. M. Gemayel a par ailleurs signalé que les 3 milliards de livres libanaises que l’Association des industriels réclamait à l’État lui ont été entièrement versés. Une partie du plan d’urgence fait donc encore l’objet de réunions, mais M. Gemayel relève que d’autres points du programme, de la deuxième et troisième étapes, ont déjà été appliqués. Il cite notamment le lancement d’Elcim 2, et dans ce cadre la création d’un centre d’empaquetage, ainsi que le programme Qualeb. Il s’est également félicité de l’application de la préférence pour l’industrie locale, à hauteur de 15 %, dans les appels d’offres publiques. À propos des revendications des industriels, qui réclament le droit de vendre leurs produits dans la zone franche de l’aéroport de Beyrouth, le ministre considère que l’État ne peut pas obliger la société qui gère la zone à appliquer cette mesure. Mais il a souligné que lors du renouvellement du contrat, le gouvernement a fait part à la compagnie de son souhait de voir ce droit accordé aux industriels, et s’est dit confiant dans la volonté de cette dernière à satisfaire les demandes de l’État. M. Gemayel a dit également œuvrer afin d’exonérer les industriels de la TVA sur les biens intermédiaires. « Deux réunions ont déjà eu lieu avec M. Azour à ce propos et nous espérons y parvenir bientôt », a-t-il expliqué. Par ailleurs, le ministre a fait part de sa volonté de créer des « oasis industrielles », des zones qui assureraient des infrastructures adéquates aux industries, notamment aux petites industries qui travaillent en dehors des normes et standards internationaux, pour les encourager à fusionner entre elles. Une zone de ce type est actuellement en projet dans le Sud, a souligné le ministre. La conférence Cedars Network, prévue pour cet été, est aussi en préparation, a-t-il assuré. Concernant les secteurs prioritaires pour 2006, M. Gemayel a insisté sur les secteurs à développer citant notamment l’artisanat. « D’autres sont vraiment en danger, comme le textile, et doivent rapidement bénéficier de mesures de sauvegardes », a conclu le ministre. Sahar AL-ATTAR