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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Le peu d’électricité affecte même la vie sexuelle des couples irakiens

« Je ne me suis pas marié seulement pour faire la conversation à ma femme », rage Ahmed. Les coupures d’électricité, de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues, affectent même la vie intime des couples irakiens, comme l’indiquent ceux qui osent parler de ce sujet tabou. C’est l’absence d’eau courante et non l’obscurité qui pose problème : il ne suffit pas que les partenaires soient consentants, encore faut-il qu’ils puissent se laver après l’amour, une condition obligatoire en terre d’islam, pour les pratiquants. Sans eau, de préférence chaude en hiver, les couples ne peuvent se livrer aux ablutions rituelles, avec douche complète purificatrice après le rapport sexuel. Ces ablutions précèdent obligatoirement les cinq prières quotidiennes. « Ma vie sexuelle est bien moins épanouie que je le voudrais, faute de pouvoir prendre une douche chaude après l’amour », se plaint ainsi Ahmed Hadi, qui travaille pourtant dans une station de traitement des eaux. « Il arrive parfois qu’il y ait une coupure d’électricité alors que nous sommes au beau milieu d’une étreinte : il faut alors tout arrêter, je sors du lit et je branche le générateur de secours, et il faut alors attendre que l’eau chauffe », détaille ce jeune marié de 25 ans. Lundi soir, veille de la fête de l’Adha, Ahmed avait prévu de passer une nuit romantique avec sa jeune épouse. « Comble de malchance, il y a eu une coupure d’électricité de 17h à 23h. Nous n’avons pu rien faire d’autre que nous asseoir l’un en face de l’autre et nous regarder en chiens de faïence », bouillonne-t-il de frustration. Bagdad et sa région, au centre du pays, souffrent de la plus grande pénurie d’électricité qu’ait jamais connue l’Irak, affirme un diplomate occidental en charge des questions énergétiques, qui a requis l’anonymat. Les habitants de la capitale ne disposent que de deux à six heures d’électricité par jour, contre 24 heures sous Saddam Hussein. De leur côté, les Irakiens des provinces méridionales et septentrionales, qui abritent la plupart des centrales électriques, sont mieux pourvus qu’avant l’invasion du pays, l’ancien régime ayant l’habitude de détourner l’électricité en direction de Bagdad. Après presque trois ans de présence, les forces américaines ont échoué à assurer l’approvisionnement en électricité du pays, car elles ont sous-estimé l’état désastreux des infrastructures du pays, victimes de surcroît d’attaques régulières des insurgés, selon le diplomate occidental. La vie quotidienne des habitants de Bagdad s’en trouve donc particulièrement affectée. Et si l’hiver, c’est l’eau chaude qui fait défaut, en été, l’absence d’air conditionné contrarie également la libido. « Quand je me suis marié, l’été 2004, j’étais tellement préoccupé par les coupures d’électricité que pour ma nuit de noces, j’étais prêt à payer un responsable de la compagnie d’électricité pour qu’il garantisse du courant toute la nuit », raconte en souriant Yasser Mohammed Saffar, 26 ans. « À la réflexion, je me suis dit que cela me coûterait moins cher de réserver une nuit dans un grand hôtel », ajoute-t-il. « C’est vrai que la certitude de disposer d’un approvisionnement permanent en électricité et en eau chaude constitue un attrait majeur pour les jeunes mariés », témoigne Mohammed Jabbar, un responsable d’un grand hôtel. Toujours bien approvisionné en énergie, cet établissement accueille régulièrement de jeunes mariés en quête de confort pour leur nuit de noces. « Nous avions autant d’électricité, d’air conditionné et d’eau courante que nous voulions. C’était génial », se souvient Yasser Mohammed Saffar. Deborah HAYNES (AFP)
« Je ne me suis pas marié seulement pour faire la conversation à ma femme », rage Ahmed. Les coupures d’électricité, de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues, affectent même la vie intime des couples irakiens, comme l’indiquent ceux qui osent parler de ce sujet tabou.
C’est l’absence d’eau courante et non l’obscurité qui pose problème : il ne suffit...