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« L’Autre », de Cuvilas Noel, un vide irritant pour une improbable rencontre

Premier maillon d’un chapelet de spectacles qui dureront jusqu’au 22 janvier courant pour tisser la trame du deuxième festival de danse international à Beyrouth sous le label de Bipod (Beirut International Platform of Dance–voir article du 5 janvier 2006). Pleins feux donc sur le théâtre Monnot (USJ) et sur L’Autre donné par une jeune troupe en provenance du Mali avec la compagnie de danse Cuvilas Noel. Sur une scène au décor presque nu, avec sol recouvert de sable, comme une plage, et un podium au milieu des spectateurs, divisant bien maladroitement la scène, se déroulent les pseudosouffrances et angoisses de personnages anonymes, comme échappés d’une pièce du théâtre de l’absurde (avec le rire, l’humour et la verve jubilatoire en moins !), pris dans la tourmente et la stridence de la trépidante vie contemporaine. Crise identitaire, couple s’ignorant et se fuyant malgré de vaines et difficiles tentatives de se retrouver, hystérie pompeusement orchestrée autour des thèmes de la servitude ou de la peur de l’inconnu et du lendemain, de la différence, de l’« incommunicabilité » ; tout cela, en un magma bien obscur et colérique, est traduit en gestes abrupts, souvent disgracieusement robotiques de pantins disloqués et inutilement répétitifs. Répétition dans le geste et le chant jusqu’à l’irritation extrême du spectateur. Chant délibérément pointu, aigu, en sourdes tonalités criardes, qui va jusqu’à scier les nerfs. Démence d’une gestuelle incontrôlée pour dire, dénoncer ou témoigner d’un mal de vivre et d’être. Réquisitoire qui vole en fumées car difficilement perçu dans un sens émotionnel. Il y a là surabondance, surcharge et désordre dans ces mouvements agités et stérilement tournoyants. Sans parler de cette difficulté de se concentrer sur deux aires où se passe simultanément cette action complexe et bruyante (à défaut d’une musique conventionnelle !) dans sa formulation vaseuse par une danse plus fantasmagorique. On ne philosophe pas impunément avec les mouvements du corps et cette prestation reste d’une ennuyeuse prétention. Un vide, un creux irritant pour une improbable rencontre. Cet « autre » dont on n’est d’ailleurs jamais très sûr. Cet « autre » qui n’est absolument pas au rendez-vous, pas plus d’ailleurs que l’attention fatiguée qu’on prête à un spectacle aux sautillements sans queue ni tête. Pour la faire courte, c’est la dérive totale pour un ennui mortel. Et ce n’est certainement pas la projection de quelques images sur écran géant qui va donner plus de force aux arguments maigrement avancés par la danse. Il est certes notoire que la danse a depuis belle lurette rompu les amarres avec les petits pas classiques, les tutus et les chaussons satinés, mais se vautrer en robe noire moulante, pantalon et chemise, pieds nus ou en baskets sur le sable ou le plastic d’un podium, comme ici, pour faire off ou révolutionnaire ou même faire passer un certain exotisme, n’est absolument pas convaincant pour un art nouveau et générateur d’images à retenir. Empruntant sans nul doute beaucoup d’ingrédients à la danse moderne et ses multiples courants, avec certains moments où affleure un souffle étranger où Asie et Afrique ont des sonorités pertinentes, L’Autre reste un premier spectacle d’accès difficile, faute de conception et d’énoncé clairs. La chorégraphie est signée Kettly Noel et Augusto Cuvilas, tout aussi bien d’ailleurs les deux principaux danseurs avec Ousama Camara qui leur donne la réplique. La partie chant est assurée par Eunice Chicuamba, assistée du musicien Lassine Kone. Edgar DAVIDIAN

Premier maillon d’un chapelet de spectacles qui dureront jusqu’au 22 janvier courant pour tisser la trame du deuxième festival de danse international à Beyrouth sous le label de Bipod (Beirut International Platform of Dance–voir article du 5 janvier 2006). Pleins feux donc sur le théâtre Monnot (USJ) et sur L’Autre donné par une jeune troupe en provenance du Mali avec la...