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Actualités

TENDANCE Jeune, très jeune, la mode de l’été 2006

Un vent de jeunesse soufflera sur la mode du printemps-été 2006, d’un Emanuel Ungaro plus énergique à un Lagerfeld Gallery moins rigide, révélés à la rentrée des collections prêt-à-porter féminin parisiennes. Vincent Darré chez Emanuel Ungaro semble se libérer un peu du poids de l’héritage de la maison, trop présent lors de son premier défilé en mars 2005. Cette fois-ci, la collection apparaît plus légère et, paradoxalement, plus en phase avec l’esprit de la griffe. Le travail de surpiqûre et d’armature, des peaux souples comme des organzas, souligne la construction de petites vestes nerveuses, portées sur des jupes anatomiques. Une vareuse en gazar de soie blanc ou une veste en taffetas jacquard noir signent une silhouette qui sait être fluide et sexy. La féminité chère à M. Ungaro se retrouve dans les imprimés rappelant des tableaux impressionnistes, et les volants à foison, parfois un peu trop présents pour ne pas dire pesants. Les tons pastel sont candides là où les unis turquoise ou framboise claquent. Après Fendi à Milan et avant Chanel, Karl Lagerfeld a présenté sa ligne personnelle Lagerfeld Gallery (passée sous le contrôle du groupe Tommy Hilfiger), toujours chic mais un peu plus décontractée. Le couturier conjugue toujours le masculin au féminin avec, cette saison, de petits gilets masculins étriqués portés sur des pantalons amples et des chemises d’hommes à plastron. Ces dernières peuvent d’ailleurs s’allonger au point de devenir des robes. Des œillets façon marine marchande éclosent au revers d’un veston, au bas d’une jupe ample ou au décolleté d’une robe, dans un jeu de transparence. Le soir, les jeunes filles pourront porter cette robe dos nu en denim d’où s’échappe au milieu de la mousseline bleue ton sur ton. Avec Isabel Marant, la question de la jeunesse ne se pose même pas. La garde-robe s’adresse aux copines, adolescentes ou jeunes femmes, avides de pièces faciles à porter mais avec du caractère. Au menu des chemises ou robes aux plastrons tapissés, un ensemble en lin métallisé argent ou un autre doré rappelant les brocarts. Le soir, une robe bustier en lin tissé écru donne un côté rustique. Enfin, l’Australien Martin Grant fait figure de gardien du temple de l’élégance chic et minimaliste. Ses inspirations, puisées dans un des standards de Miles Davis « All Blues » et les uniformes marine des écolières, restituent des robes droites sages, impeccables. Les vestes courtes aux manches trois quarts ont un air 50. Les taffetas de soie luxueux donnent une autre allure à un trench ou à des jupes. Les tons ciel, beige, marine et vert d’eau soulignent une élégance discrète. Éclectisme parisien Les collections prêt-à-porter parisiennes pour le printemps-été 2006 ont prouvé une fois encore l’éclectisme des créateurs, toujours en quête de nouvelles voies d’expression, de Paco Rabanne aux Japonais Kenzo Takada et Jun Takahashi pour Undercover. L’Américain Patrick Robinson, qui présentait sa deuxième collection sur podium pour Paco Rabanne, inventait une « nouvelle esthétique » : une fusion de l’héritage maison et de la technologie moderne. Des tissus métalliques rappelant l’histoire de la maison se promènent le soir dans des tons dorés. L’allure générale est sexy, avec des robes aux dos fendus, des longueurs mini ou des pantalons au plus près de la jambe. Le jeune créateur ajoute sa patte en s’inspirant des armures du Moyen Âge et des samouraïs pour transformer des vestes structurées en puzzles. Les tissus vintage japonais apportent de la douceur, tout comme les vestes à brandebourgs en plumes. Les petites robes bleues en forme de « marcel » chic, inspirées par une aquarelle d’Albrecht Dûrer, sont lumineuses. Chez les Japonais, Kenzo Takada, incarnation du métissage culturel, est aux antipodes de l’univers créatif de Jun Takahashi (Undercover), héraut de l’avant-garde japonaise. Kenzo Takada revient donc aux affaires, mais pas n’importe lesquelles et pas dans une aventure qui ressemblerait à sa première vie (la création de la maison Kenzo rachetée par le groupe LVMH). Après six ans d’absence, il présente Goran Kobo (les cinq sens), une ligne art de vivre composée pour l’instant d’objets à laquelle s’ajoute aujourd’hui une ligne de prêt-à-porter exclusivement d’été et intemporelle. On retrouve dans cette collection tout l’ADN de M. Takada : les voyages et les couleurs. Son Japon natal lui inspire des paysages brumeux de montagne en noir et blanc ou des imprimés fleuris à repousser tous les hivers du monde. Les lignes sont simples et confortables, et reprennent la mixité culturelle qu’il affectionne : robes chinoises, smokings occidentaux, caftans orientaux, saris indiens et sarongs indonésiens. Au contraire, Jun Takahashi, l’un des plus brillants représentants de la dernière génération de créateurs japonais, délaisse les matériaux luxueux pour le destroy ou le New Age. Les codes couleurs sont le blanc et ses dérivés ainsi que le noir, plus gothique, surtout quand certaines inscriptions proposent un « live in père Lachaise cemetery » (concert live au cimetière du père Lachaise). Ses femmes sont des sortes d’amazones modernes avec leurs guêtres-cuissardes et leurs tee-shirts nouvelle génération allongés pour faire des robes, à manches longues pour ceinturer un manteau. Ce vêtement, emblème de toutes les générations et catégories sociales né dans les rangs de l’armée américaine, se cherche une nouvelle identité. Charles Anastase est lui aussi un anti-Kenzo Takada avec son vestiaire qui semble sortir des armoires de grand-mère ou d’un magasin de récupération. Le jeune Français propose un voyage dans la grande dépression américaine de 1929. Mais il y a de l’idée dans ses modèles pour petites filles projetées dans un monde sans pitié, comme cette salopette sur un chemisier blanc à manches gigot, des spencers étriqués d’homme comme retravaillés pour une seconde vie. La robe longue blanche à taille Empire imprimée çà et là de têtes de mort discrètes est moins convaincante.
Un vent de jeunesse soufflera sur la mode du printemps-été 2006, d’un Emanuel Ungaro plus énergique à un Lagerfeld Gallery moins rigide, révélés à la rentrée des collections prêt-à-porter féminin parisiennes.
Vincent Darré chez Emanuel Ungaro semble se libérer un peu du poids de l’héritage de la maison, trop présent lors de son premier défilé en mars 2005. Cette...