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La perte de l’usage de ses bras n’a pas empêché Hsieh Kun-shan de peindre des toiles qui font le tour du monde La bouche pour seul pinceau

À 16 ans, le Taiwanais Hsieh Kun-shan perdait dans un accident de travail l’usage de ses bras, d’une jambe et d’un œil, mais cela ne l’empêche pas de peindre, avec sa bouche, des toiles qui font aujourd’hui le tour du monde. «Je n’ai aucun problème dans la vie. Il n’y a que des défis à relever et des problèmes à résoudre », explique sur le ton de la dérision l’artiste de 47 ans, assis devant son chevalet dans son appartement de la banlieue de Taipei où il vit avec sa femme et ses deux filles. « J’essaie toujours de voir le bon côté de la vie en appréciant ce qu’il me reste plutôt que de remâcher mon malheur », ajoute-t-il en se souvenant des heures noires de sa vie. Né dans une modeste famille d’agriculteurs de Taitung, dans le sud de l’île, Hsieh Kun-shan abandonne prématurément ses études pour soutenir financièrement les siens, à l’instar de nombreux camarades. Attirée par les perspectives d’emplois dans un pays à l’aube du boom économique, la famille gagne la capitale où l’enfant décroche son premier travail dans une usine de textile. C’est là que sa vie bascule. En déplaçant une machine, il heurte un câble et reçoit une violente décharge. Grièvement blessé, il est amputé des deux mains ainsi que de la jambe droite. Il perd également un œil. « Quand je me suis réveillé après l’opération, j’ai vu ma mère qui sanglotait à mon chevet », se souvient-il. Malgré des frais médicaux exorbitants qui achèvent de grever le maigre pécule familial, sa mère refuse de l’abandonner quand d’autres l’auraient envoyé mendier sur les marchés de la ville. « La pauvreté et les dettes contractées nous hantaient la nuit comme des cauchemars », raconte-t-il. Brisé mais aguerri par la rigueur de son enfance rurale (qui forgea son caractère, aime-t-il à rappeler), l’adolescent recouvre un début d’indépendance et invente un système pour se nourrir, se laver et se vêtir seul. C’est également pendant cette période qu’il fait son entrée en peinture. « J’ai trouvé la paix et la satisfaction dans le dessin », dit-il. Alors âgé d’une vingtaine d’années, il décide de sortir de son isolement forcé en prenant des cours de peinture à l’huile avec deux autres autodidactes. Un professeur, Chen Hui-lan, lui dispense gratuitement son enseignement : « J’ai été touché. Il est difficile d’imaginer quelqu’un qui ne nourrisse pas d’amertume, mais au contraire soit plein de vie et d’espoir. » Mais le véritable déclic se produit avec le célèbre peintre taiwanais Wu Ah-sun. Impressionné par la détermination du jeune homme, M. Wu l’accepte gratuitement à ses cours universitaires et le parraine. Le succès et la reconnaissance sont au rendez-vous et son œuvre reçoit une série de distinctions. En 1987, Hsieh Kun-shan adhère à l’Association des artistes peignant de la bouche et du pied (MFPA), basée au Liechtenstein, qui réunit 650 artistes de 60 pays différents. En 2002, il est élu à son conseil d’administration. Aujourd’hui, le peintre gagne 3 000 dollars américains par mois et une de ses toiles de taille moyenne peut lui en rapporter 5 000. Son histoire, érigée en symbole du courage, figure dans plusieurs manuels scolaires et a même fait l’objet d’une série en 30 épisodes diffusée en 2003 à la télévision locale. Extrêmement sollicité, il enchaîne les conférences devant un public auquel il pose inlassablement la même question : « Connaissez-vous quelqu’un d’aussi malheureux que moi ? Mais à la fois, existe-t-il un homme qui ait autant de chance ? »

À 16 ans, le Taiwanais Hsieh Kun-shan perdait dans un accident de travail l’usage de ses bras, d’une jambe et d’un œil, mais cela ne l’empêche pas de peindre, avec sa bouche, des toiles qui font aujourd’hui le tour du monde.

«Je n’ai aucun problème dans la vie. Il n’y a que des défis à relever et des problèmes à résoudre », explique sur le ton de la...