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Actualités - CHRONOLOGIE

PHOTOS - Jusqu’au 15 janvier, à Eddé Yard – Byblos Modulations du bois de Hans Joachim-Kasselmann

Mélange de momentané et d’intemporel, de fugitif et d’éternel, les clichés qui s’affichent jusqu’au 15 janvier à l’espace Eddé Yard – Byblos sont l’expression d’un nouveau langage artistique. Celui de Hans Joachim-Kasselmann. Fuselés, veinés, les troncs des arbres de Kasselmann, reproduits dans plus d’une vingtaine d’œuvres, ressemblent à des muscles humains. Leurs vaisseaux respirent la sève vivante qui a coulé à travers les âges. En signant cette exposition de photos qui présente le bois vivant sous formes abstraites, l’artiste donne vie à la matière. «Depuis que je me suis lancé dans la photo artistique, mon œil a été attiré par des matières aux formes ondulatoires et sensuelles qui traversent le temps. Ce sont parfois, dit-il, des poteries du Rajastan qui m’interpellent, du verre dans tous ses états ou encore le bois des arbres millénaires du Nevada.» De la musique à la photo Violoncelliste depuis plus de trente ans dans l’Orchestre du Rhin, Kasselmann réalise un jour que sa musique n’est plus à la hauteur de ses attentes: «J’ai toujours mis la barre très haut dans tout ce que j’accomplissais. Ne pouvant admettre que mon niveau puisse baisser en vieillissant, j’ai décidé de tourner la page et de passer à autre chose. Ainsi, lors d’un voyage aux États-Unis, je suis tombé sous le charme de ces vieux arbres âgés de plus de trois mille ans et préservés dans des parcs nationaux. J’y retrouvais un langage similaire à celui de la musique et j’ai voulu donc le reproduire en photos.» Ayant suivi une formation de photographe parallèlement aux cours de musique auprès d’Otto Steiner, un grand professeur à qui il doit tout, Kasselmann se met très vite à parcourir des coins du monde à la recherche de formes qui accrocheraient son œil. «Il me fallait retirer de l’intérieur de ces êtres vivants ou matériels leur essence, afin de la refléter et permettre ainsi une réflexion sur la beauté de la création et la grandeur du créateur», souligne-t-il. Un instant d’éternité S’extasiant devant la magie de la lumière, l’artiste est à chaque fois émerveillé, à la manière d’un enfant, devant ce que la nature lui offre comme trésors. Il va tour à tour fureter, traquer, puis capter le moment idéal. Taquinant son objectif, il surprend les autres et arrive parfois à se surprendre par les résultats obtenus. Pas de lumière artificielle dans ses œuvres, mais toute la lumière du monde contenue dans cet instant qui s’apparente à l’éternité. En jouant sur l’effet du contraste, des couleurs et du noir et blanc, et en exécutant par la suite des compositions sur les clichés, l’artiste arrive à instaurer le doute ainsi qu’un flou brumeux. À travers des œuvres comme To be or not to be, Désir ardent ou Anneaux de Saturne, ce sont les méandres de l’esprit humain, mélangés aux légendes anciennes, qui sont comprimés dans le cœur de la matière vivante. L’œil de Klaussmann divague parfois et l’emmène découvrir de nouvelles sensations, enfouies en lui depuis sa carrière de musicien. L’artiste les libère et les laisse s’éclater en lignes souples et sinueuses sur des collages harmonieux. Traduisant les chants intérieurs de la matière et les chuchotements intimes du bois, Klaussmann se fait l’interprète d’une œuvre contemporaine qui puise toute sa force dans l’essence intemporelle de la matière… vivante. Colette KHALAF

Mélange de momentané et d’intemporel, de fugitif et d’éternel, les clichés qui s’affichent jusqu’au 15 janvier à l’espace Eddé Yard – Byblos sont l’expression d’un nouveau langage artistique. Celui de Hans Joachim-Kasselmann.

Fuselés, veinés, les troncs des arbres de Kasselmann, reproduits dans plus d’une vingtaine d’œuvres, ressemblent à des muscles...