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Actualités - REPORTAGE

ENVIRONNEMENT - Un projet qui a vu le jour l’an dernier, grâce à une initiative personnelle La réserve Farid et Daad Karam, un joyau de la nature aux frontières du Koura

Il y a de ces initiatives privées qu’on ne peut que saluer et espérer qu’elles provoqueront, un jour, un effet boule de neige. La réserve Farid et Daad Karam en fait partie. Située à Kaftoun (caza du Koura), un petit village de quelque six cents habitants, à une dizaine de kilomètres de Chekka, cette réserve privée s’étend sur un terrain de près de 60 000 m2, formé essentiellement de chênes, de pistachiers sauvages, de saules pleureurs, d’eucalyptus, de châtaigniers, de caroubiers, de bougainvilliers, de noisetiers ainsi que d’une grande variété d’arbres fruitiers. Dernièrement, la réserve a été aménagée de façon à recevoir les campeurs et les touristes d’un jour, amateurs du grand air. D’origine araméenne (Kftuna), Kaftoun est synonyme de forme sculptée ou bâtie. Le village abrite en fait plusieurs grottes, le couvent Mar Sarkis, vieux de 1 157 années et bâti dans le roc, ainsi que Deir Kaftoun (le couvent de Kaftoun), plus récent, dont la construction remonte à quelque 733 ans. Recouvert par les eaux de Nahr el-Joz, Deir Kaftoun a été découvert récemment et une mission polonaise participe actuellement aux travaux de sa restauration. À 400 mètres d’altitude, Kaftoun est situé au cœur d’une région typiquement libanaise avec un paysage encore à l’état sauvage et des habitants qui redonnent à l’hospitalité son sens d’antan. Le visiteur a l’impression que le temps s’arrête dans ce cadre, imprégné par le calme, où l’on redécouvre le plaisir d’apprécier le silence qui y règne. Pour y accéder, il faut emprunter, à une dizaine de mètres à la sortie du tunnel de Chekka, la ruelle à droite de l’autoroute. À peine engagés sur cette ruelle, il faut prendre la gauche, puis prendre une deuxième bifurcation, également à gauche, et s’engager dans la route qui mène aux villages de Rasnhach, Kfarhetta, Btaaboura. Kaftoun est situé à quelque douze kilomètres de Rasnhach. « L’idée de préserver ce terrain m’a effleuré dès mon enfance, lors des journées de chasse avec mon père, raconte le Dr Farid Karam, propriétaire de la réserve. Nous avions pris l’habitude de venir dans cette forêt que j’ai appris à aimer et à laquelle je me suis attaché. » Un attachement qui s’est renforcé au fil des ans à cause du scoutisme. « À l’âge de 10 ans, j’ai été inscrit au mouvement scout, ce qui a renforcé mon attachement à l’environnement puisque, dans le cadre de ce mouvement, j’ai appris à aimer les animaux et la nature », insiste-t-il. Depuis, le Dr Karam n’a plus abandonné le scoutisme. En effet, il a été élu président de la Fédération libanaise de scoutisme, de 1971 à 1976, date à laquelle il a émigré aux États-Unis, fuyant la guerre. « J’ai également été élu à deux reprises vice-président du Comité international du scoutisme, basé à Genève, comme j’ai participé au projet de la ville de scouts à Smar Jbeil, poursuit-il. Actuellement, je suis membre de la Fondation internationale du scoutisme, présidée par le roi de Suède. » Cet engagement dans le scoutisme n’a pas été sans un impact direct sur les décisions du Dr Karam. En effet, de retour au Liban, en 1999, il a tenu à réaliser son rêve d’enfance. Pour ce faire, il a puisé dans ses épargnes pour transformer la forêt qu’il a héritée en une réserve, confiant l’aménagement des lieux à sa nièce, Joy Kanaan, architecte. Lorsque la nature s’impose… La réserve baptisée du nom du Dr Karam et de sa première épouse, Daad, décédée il y a quelques années, est coupée en son milieu, ce qui lui donne « l’effet de deux montagnes superposées ». À peine le portail franchi, une sculpture de Basbous représentant la fleur de lys, symbole des scouts, accueille les visiteurs. « J’ai conservé les constructions qui existaient déjà, explique Mme Kanaan. Je les ai restaurées et amélioré l’intérieur pour mieux les exploiter. J’ai ainsi doté l’écurie, qui abritait jadis les chèvres, d’une cuisine et de toilettes, et l’ai divisée en deux, la transformant en un dortoir pour accueillir les campeurs. Cet espace peut également faire l’objet d’une salle de conférences. » Plus loin, trois pergolas ont été érigées, pouvant chacune accueillir soixante personnes. Dotées de bancs en pierres, elles sont idéales pour les pique-niques, d’autant qu’elles sont spacieuses. Un coin a de même été réservé aux enfants pour qu’ils puissent jouer et un sentier a été aménagé pour guider les promeneurs à travers la forêt habitée par des lapins sauvages, des hérissons, des tortues… et des serpents. De plus, une maisonnette destinée au gardien a été bâtie et un puits artésien creusé pour assurer l’irrigation des plantations. Le bijou de cette réserve demeure toutefois l’amphithéâtre niché au cœur de la réserve et qui peut accueillir 300 personnes. Officiellement inauguré en 2005, l’amphithéâtre repose sur un flanc de la montagne et surplombe la vallée. « L’amphithéâtre a été construit de façon à respecter la géométrie du terrain, souligne Mme Kanaan. En fait, c’est la nature qui s’est imposée à la construction et non le contraire. Il est également accessible aux handicapés, ce qui m’a posé un problème avec la rampe, parce que les ouvriers ne comprenaient pas qu’il fallait respecter les normes. J’ai de même construit un âtre au centre de l’amphithéâtre pour permettre aux scouts de faire leurs feux de camps. » Et d’ajouter : « Mon souci était de construire le moins possible pour ne pas déranger la nature. » Évoquant d’un ton mi-figue mi-raisin les difficultés rencontrées lors des travaux, Joy Kanaan raconte : « Nous avons commencé les excavations en août 2003. C’est-à-dire durant la saison des serpents. Mon oncle a su que les ouvriers ont tué un serpent lors des travaux. Il est devenu furieux et a interdit que cet incident se répète. Ainsi, à plusieurs reprises par jour, les ouvriers ont dû arrêter leur activité et laisser les serpents poursuivre leur promenade. » La réserve est ouverte au public. Toutefois, il y est interdit de chasser. L’entrée est fixée au prix symbolique d’un dollar ou 1 500 LL. « Les personnes qui désirent visiter la réserve doivent se mettre en contact avec mon frère, Georges, ou avec moi », note le Dr Karam, précisant qu’une aire a été réservée aux fumeurs. Et de conclure : « Je pense transformer la réserve en un “trust” (société) dont le conseil d’administration serait formé de représentants de la banque, des membres de la famille ainsi que d’une personne neutre. Ce comité ne pourrait pas dépenser le capital du trust. Il pourrait uniquement disposer des intérêts. Plus tard, je pense léguer la réserve à une université avec une clause stricte interdisant sa vente. » Pour les informations, appeler M. Georges Karam au 06/922205, ou le Dr Farid Karam aux 01/802962 – 03/417707. Nada MERHI
Il y a de ces initiatives privées qu’on ne peut que saluer et espérer qu’elles provoqueront, un jour, un effet boule de neige. La réserve Farid et Daad Karam en fait partie. Située à Kaftoun (caza du Koura), un petit village de quelque six cents habitants, à une dizaine de kilomètres de Chekka, cette réserve privée s’étend sur un terrain de près de 60 000 m2, formé...